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Fiche de Skaldr Vordt

Skaldr VordtHéraut de la Nuit
Skaldr Vordt

En bref

Messages : 12
Date d'inscription : 21/10/2020
Age : 29

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Dim 25 Oct - 20:00
Skaldr VordtQuelle fange putride que la doucereuse ignorance dans laquelle ils se complaisent tous.
Fiche identitaire
  • Race : Spectre
  • Faction : Coalition
  • Age Réel : Environ 3 500 ans.
  • Classe sociale : Inquisiteur par le passé.
  • Métier ou occupation : Héraut de la Nuit
  • Résidence principale : Un village en ruine, perdu dans les Collines Altroises
  • Titre : Complainte d'Acier
  • Inventaire

    Une épée longue, dont la lame à double-tranchant mesure environ un mètre. L'acier, d’un bel argent terni, exhibe des tâches sombres qu'aucune eau ne semble être en mesure de nettoyer. Ma culpabilité passée entache encore mon âme et mon arme.

    Un arc brisé, proprement inutilisable par tout autre être que moi.
    PhysiquePartie très courte, avec une possibilité de développer sur les singularités s’il y en a

  • Age apparent : Cadavérique et fantomatique.
  • Couleur de peau : Mon enveloppe corporelle luit d'un éclat bleuâtre.
  • Couleur d'yeux : Inexistants. Remplacés par des fumerolles blanches.
  • Couleur de cheveux : Disparus.
  • Taille : Un bon mètre quatre-vingt-dix.
  • Musculature : Inexistante.
  • Accent : L'accent de l'acier que l'on frotte contre le fer, du cuivre qui gémit, de l'étain qui se froisse.
  • Singularités : Hormis le fait d'être un spectre désincarné ?

  • Suspendu par les pieds, couvert de poix et brulé vif. Jusqu'à ce que la chair de mon pauvre cou se consume et que ma tête heurte le sol. Aujourd'hui encore j'arbore les marques de mon supplice - pâle fantôme sans visage, prisonnier d'une armure noircie par les flammes. Mon triste crâne vagabonde trop haut au-dessus de mes épaules, comme pour s'échapper de ce carcan d'acier calciné. De mes orbites vides, spectrales, s'échappent lentement les vapeurs délétères de la haine qui brûle désormais en mon sein et mes dents grincent avec hargne à la face du monde.

    Ma vieille armure, vestige honteux d'une allégeance regrettée, est drapée dans une ample cape, jadis aux couleurs de mon royaume - aujourd'hui un haillon déchiqueté, aux teintes du charbon et de la cendre, exhalant sans relâche une brume noirâtre. Derrière ma nuque éthérée se dressent les arrêtes brisés de ce qui avait du être un casque où une capuche renforcée ; devant mon cœur cliquètent les chaînes qui m'avaient un jour servi d'emblème et de funeste tocsin. Leur chant n'a rien perdu de son aura sinistre.
    Un arc, irrémédiablement brisé aux yeux de tous, git entre mes omoplates, tandis qu'une longue épée tachée de suie, de sang, bat contre mon flanc droit. Mon pas est aussi lourd que mon âme, et mes bottes, de la ferraille cabossée, marquent aussi bien la poussière, que les pavés, que la chair.
    Psychologie
    Ecriture complète


    Je les hais, je les hais tous. Ces misérables vers, qui grouillent en retournant la terre. Ils rampent encore et encore dans la même fange qui les a vu naître, s'en nourrissent, y grandissent et s'y éteignent. Incapables de voir ce que j'ai vu, incapable de comprendre ce qu'ils devraient... Ils titubent sans cesse dans les ténèbres épaisses de leurs craintes, se vautrant dans une ignorance crasse et avilissante. Cette terre, dans toute sa splendeur, appartient à ceux qui marchent dans la lumière de la vérité... Et pourtant je vois les asticots pulluler, comme sur la carcasse d'une chèvre. Ces êtres pathétiques qui, dans leur stupidité infinie, m'ont donné naissance.

    Cette peur de l'inconnu, cette jalousie putride envers les élus, cette rage de n'être qu'une mouche au sein d'un gigantesque essaim, je l'ai connu. Je l'ai vaincu, j'en ai fait mon chant. J'ai dédié ma vie à l'obscurantisme, je me suis enfoncé dans cette vase collante qui suintait des craintes de mes pairs et pères. J'ai manié l'épée contre la vérité, j'ai incendié les dépositaires du savoir. J'ai traqué ce que je ne pouvais appréhender, j'ai honni ceux que j'aurais dû vénérer. Mais j'ai ouvert les yeux, et ce bien avant que l'on ne les brule. Seul. Je me suis élevé de ma condition de rampant boursouflé et j'ai embrassé la vérité. Ce qu'ils sont bien incapables de faire... Alors ils m'ont puni.
    Je les hais tous. Même quand on leur montre la voie, ils préfèrent se détourner du vrai chemin et continuer à reculer dans leur obscurité réconfortante. Ce monde n'a aucunement besoin de ces insectes allergiques au progrès, de ces blattes effrayées par la Magie.

    Si, répugnante larve que tu es, tu venais à croise ma route, sache que ni la fuite ni le courage ne sera ton salut. Repens-toi de tes péchés, reprends mes vers et entonne ma chanson ! Alors, seulement si elle est sincère, je te permettrais de fredonner en paix.

    Mon acier lui-même a connu la rédemption, et jamais plus ne versera le sang d'un élu innocent. Car, parmi les mages, se trouvent des êtres coupables du pire des crimes... Des monstres qui rêvent d'un trône unique, et qui sont prêt à toutes les bassesses pour éliminer leurs pairs et régner sans partage sur une masse grouillante d'âmes stupides. D'autres monstres, peut-être pire encore, entretiennent la fange de l'ignorance et craignent la chanson du progrès, ma complainte d'acier. Nul être ne peut prétendre à se dresser devant moi, car je suis la rédemption de ce monde.

    J'ai vu la disparité des habitants de ce monde. J'ai vu la sauvagerie brute des peaux-vertes-et-grises, si pressées de mourir pour une terre qui n'était pas la leur - de dangereux idiots. J'ai brulé de jalousie devant les dieux aux ailes noires, et leur chant si parfait. J'ai adoré leurs lointains frères, pour finalement ouvrir les yeux sur la putrescence de leurs cœurs. J'ai vu les dragons fendre les cieux et déchirer la terre et me suis heurté à leurs sagesses incompréhensibles et vaniteuses - de bien mauvais guides pour les boueux vermisseaux qui pullulent dans mon sillage. Enfin, j'ai vu les Alfes, créations ratées et pitoyables créateurs, étincelant de beauté et d'inutilité.
    J'ai vu la disparité du monde et je sais que j'appartiens à ses strates les plus viles. Je suis de ceux qui se vautrèrent un jour dans la fange immonde, et jamais je ne pourrais m'en détacher véritablement... à moins de la purger dans son entièreté. Elle et les vermines qui y croupissent.

    Les plaisirs des mortels ne sont plus que des murmures. Les arts une éphémère distraction, le rire une fausse chanson. Et pourtant, derrière mes chaînes et mes plaques, je rêve encore secrètement d'éprouver à nouveau ce lien unique qui me couta la vie. L'abandon d'un être au profit d'un autre. Je vagabonde, de colline en colline, de châtiment en châtiment, jusqu'à trouver l'ultime élu qui saura porter ma chanson jusqu'aux plus hautes sphères de ce monde.
    Ce vide est aussi béant qu'un abîme, tant et si bien que je m'y noie lorsque le ciel nocturne se décide à pleurer sur les cimes.
    Histoire

  • La Crasse Immonde I


  • La place centrale du village était baignée des rayons grisâtres de l’aube naissante. Refusant de laisser la fatigue s’emparer de moi, je fixais le gibet, les dents serrées. La traque avait duré toute la nuit, nous menant à travers champs et forêts. Il avait bien tenté de cacher ses traces par je ne sais quel artifice répugnant… mais rien qui ne puisse tromper notre vigilance. D’un geste presque distrait je vins flatter l’encolure de mon fidèle limier, tout aussi infatigable que je ne l’étais. Néron me lécha joyeusement la main et laissa échappement un aboiement de contentement. Devant moi, les villages étaient en train de passer la corde au cou d’un homme maigrichon, couvert de boue. Il avait cru que s’enterrer dans la glaise lui permettrait de disparaître. Je réprimai un sourire satisfait et laissai mon regard glisser jusqu’à la jambe droite de ma proie. Ma flèche dépassait encore de sa cuisse et laissait échapper un mince filet de sang impur. Alors seulement je levai les yeux et m’autorisai, une dernière fois, à juger. Dans ses prunelles bleutées je lus l’épuisement, le désespoir ainsi qu’une intense résignation… Le regard d’un homme brisé – non, d’un monstre à l’agonie. Cette fois-ci, je fus bien incapable de cacher la joie que m’inspirait cette vision… Ma première traque, un véritable succès ! Je fis un signe de la main et trois paysans entreprirent de hisser ma victime par le cou. Je me détournai alors que celle-ci suffoquait en gesticulant grotesquement. J’entendis quelques éclats de voix m’acclamer mais les ignorai et quittai le village presque aussitôt, mon chien sur les talons. Je n’avais que faire de la reconnaissance de ces misérables gueux. Je ne faisais qu’accomplir mon devoir envers le Royaume.
    Le nettoyer de sa crasse.


  • La Crasse Immonde II


  • Les yeux cerclés de lourdes cernes, la mâchoire ankylosée, je contemplais la carcasse calcinée de Néron. Ses poils s’étaient embrasés en une fraction de seconde, mais la mort avait été terriblement lente. L’agonie insupportable… Il m’avait fallu d’interminables minutes avant que je ne parvienne enfin à me résoudre à faire taire ses supplications stridentes. Lentement je retirai ma lame de sa gorge noircie, encore fumante. Sa complainte résonnait toujours à l’intérieur de mon crâne. Hagard, je regardai autour de moi pour réaliser que la sorcière avait profité de ma surprise – et de ma douleur – pour prendre la fuite… Je passai une main sur mon visage, comme pour essuyer la peine qui s’en était emparé, et me redressai. Le poing serré à m’en détruire les jointures, je me remis en chasse. Je ne connaitrais pas de repos avant d’avoir vengé la mort injuste de mon pauvre ami.

    […]

    Je jetai violemment mon épée au sol et éclatai d’un rire sonore qui résonna curieusement dans l’obscur sous-bois. Les bras écartés, pantelant, je m’abandonnai à une hilarité franche et à demi-démente. Après avoir traqué ma proie pendant plus d’une trentaine d’heures, je l’avais finalement retrouvé. L’épuisement s’était emparé d’elle. Elle était étendue contre un tronc, respirait avec peine. Son visage trahissait le désespoir quand elle avait rivé son regard incandescent dans le mien. Elle avait alors levé la main, pour faire danser une flamme au creux de ses doigts. Et elle avait hésité... Hésité ! Ah ! Capable de bruler un chien, mais trop faible pour s’en prendre à une véritable menace ! Pathétique !
    Mon épée l’avait alors frappé tant de fois que mon bras en était encore tout engourdi. La sorcière ? Elle gisait à présent sur la terre, les racines et le tronc, sur ma lame, mon armure, mes mains, mon visage. Une bouillie infâme.
    Une crasse immonde.
    Alors que la fatigue s’emparait de mon esprit, mon rire s’intensifia dans la nuit.


  • La Crasse Immonde III


  • J’avais perdu le fil. Peu importait le nombre de mages que j’avais débusqué et éliminé. Peu importait ceux que j’avais torturé et qui avaient avoué… La tache semblait impossible. La saleté bien trop incrustée sur cette terre. Avec le temps, mes victimes s’étaient montrées de moins en moins combatives… Un bon nombre d’entre elles ne prenaient même plus la peine de recourir à la magie. Mon illustre réputation me précédaient – elles savaient qu’elles ne pourraient en réchapper. Le cliquetis de mes chaînes sonnait le glas de leurs répugnantes existences.
    Je n’avais jamais pris plaisir à mon travail – tout du moins je le crois. Il s’agissait de mon devoir, ni plus ni moins. Alors pourquoi fallait-il que je doute aujourd’hui ? Le visage crispé, je regardais un trio de jeunes femmes bruler en hurlant. Leurs hurlements firent remonter de douloureux souvenirs, mais je me forçai à regarder la vie les quitter – avec une lenteur atroce.

    Une question me hantait. Elles étaient trois puissantes sorcières. Elles avaient terrorisé le village des mois durant, avaient maudit le sol et le bétail. Elles avaient engendré fausse couches et accidents de travail. Alors pourquoi n’avaient-elles rien fait pour se défendre ?
    Je n’eus pour réponse qu’une perturbante litanie de souffrance.


  • La Crasse Immonde IV


  • La mission nous avait mené jusqu’aux confins du royaume, par-delà les collines orientales, pour en venir en aide à une communauté isolée en proie aux déprédations d’un ermite démoniaque. Trouver sa demeure s’était avéré ridiculement aisé. Le vieillard nous regarda approcher d’un air las, appuyé sur sa canne noueuse. Il avait presque l’air inoffensif… Mais dans son regard brulait la flamme commune à tous les sorciers, et sa silhouette même empestait le maléfice. Lentement il tendit un bras en direction de sa bicoque… qui s’anima brusquement pour prendre la forme d’un monstrueux golem de bois. J’eus un mouvement de recul et hésitai, subitement envahi par une peur viscérale. J’entendis mes hommes s’activer derrière moi – sans doute devaient-ils eux aussi lutter contre la terreur. Alors le vieil homme solitaire avait beuglé un unique mot d’une voix qui trahissait la faiblesse de sa carcasse.

    « - Pourquoi ? »

    Les deux syllabes résonnèrent quelques instants sous mon crâne avant que je ne parvienne enfin à ouvrir la bouche. Au fur et à mesure que je lui indiquai la liste de ses crimes, tous plus odieux les uns que les autres, je vis son visage s’affaisser. Dans son dos, le golem se recroquevilla sur lui-même. Comme à l’accoutumée, un incommensurable désespoir habilla le regard du pauvre ermite. La fatalité, la justice, s’était brusquement abattu sur lui et il n’avait d’autre choix que la résignation.
    « - Je ne savais pas que j’avais tant péché, depuis ma triste retraite… » avait-il alors soufflé en désignation la monstrueuse création derrière lui.
    Sa voix vibrait d’une bien curieuse sincérité. Le mensonge était si parfait, si pur, que je fus presque tenté de croire à son innocence. Il me laissa lui trancher la gorge sans offrir de résistance. Sans doute savait-il qu’il ne pourrait plus jamais connaître la paix quoiqu’il advienne.

    « Pourquoi ? »

    Comme une bulle remontée à la surface, un vieux souvenir s’imposa à moi. Celui d’une femme aux yeux brulants, qui était morte à cause d’une pauvre hésitation.


  • La Crasse Immonde V


  • Je progressais seul dans les Collines Altroises. J’avais assigné mes hommes à des missions éloignées. Avec le temps, il m’était devenu tout simplement insupportable de rester en leur présence. Leur zèle me semblait presque aussi nauséabond que les pratiques des êtres que nous traquions… Pire encore, il me renvoyait à certains meurtres – non, certaines traques – que je tentais désespérément d’oublier. Notre devoir était de nettoyer le Royaume de la crasse immonde qui le gangrénait depuis des siècles. Alors pourquoi est-ce que je me sentais aussi sale ?
    « Pourquoi ? »
    Je secouai la tête pour chasser cette insidieuse et terrible question et réalisai que ma destination était en vue. Un pittoresque hameau bâti au sommet d’une colline boisée. D’après les informations qui étaient parvenues à l’Ordre, une femme conjurait des forces maléfiques pour concocter puissants poisons et autres breuvages interdits. Classique.
    Je soupirai.

    […]

    Il pleuvait lorsque je frappai à la porte de la demeure de la sorcière. Une femme ouvrit, et aussitôt ses traits se muèrent en un masque de terreur sourde. Je la repoussai brusquement pour entrer et claquai la porte derrière moi.

    […]

    Il pleuvait encore quand je quittai la maison. J’inspirai profondément l’air nocturne et m’assis sur les dalles de pierre du perron. Je contemplai longuement mes mains, tellement tachées de sang que la pluie glissait dessus sans les nettoyer. Quel était donc mon devoir déjà ?
    Je restai là à attendre que le soleil se lève, démuni face aux centaines de questions qui se bousculaient dans mon esprit. Les rayons grisâtres du levant me giflèrent avec une force telle que je m’étalai de tout mon long en arrière. Etendu sur le dos, je laissai la pluie me transpercer de ses milles lames, de longues minutes durant. Dans le lointain, un coq chanta sa complainte discordante et m’arracha à douce torpeur. Je me relevai et me hâtai en direction de l’unique auberge du village. Je lâchai une pièce sur le comptoir, grimpai les marches quatre à quatre et je me jetai sur un matelas infesté de puces pour m’enfoncer dans un sommeil lourd de cauchemars.

    […]

    Lorsque je descendis dans la salle commune, en début de soirée, je fus accueilli par un silence glacial et des regards troubles. Je les maudis en silence et sortis dans la nuit. Sur mes épaules pesaient leurs accusations, telle une étouffante chappe de plomb.
    Mes pas me menèrent jusqu’à la demeure de la sorcière, une fois de plus. Non sans hésitation, je frappai doucement contre le battant. Cette fois-ci j’attendis l’invitation avant d’entrer. Il me fallait absolument comprendre pourquoi une guérisseuse attisait autant de haine sur elle. Et surtout… Pourquoi son cœur me semblait-il plus pur que ceux des autres habitants de ce village ? Où donc était la souillure dans sa discrète magie bienfaitrice ? Honnie de tous, elle continuait pourtant d’éviter au hameau gangrènes, épidémies et autres maux.
    Elle était meilleure. A elle seule, sa vie valait bien plus que toutes les autres réunies. Toute ma vie durant j’avais laissé la peur et le mensonge m’embourber dans un marécage infâme. J’avais bu les paroles aigries de mes aînés jaloux et j’avais fermé les yeux, trop heureux d’avoir un rôle à jouer dans leur fable répugnante. J’avais couru dans les ténèbres, rassuré par la certitude d’avoir un but, aussi horrible fusse-t-il. Alors que la guérisseuse me chantait son histoire, je revécus les souvenirs qui m’avaient mené jusque-là… L’hésitation d’une femme qui n’avait pas le cœur de tuer un homme, la détresse d’un vieillard fatigué de combattre une injuste sentence. Frappé par une épiphanie, je compris que ma foi avait été mal placée, que l’on m’avait sciemment laissé m’égarer.

    […]

    Lorsque je revins à moi le lendemain, le monde n’avait plus de sens. Le ciel et la terre avaient échangé leurs places, et je marchais à l’envers. Tous me regardaient comme si j’étais devenu fou. Peut-être était-ce le cas. Une migraine horrible explosa en moi et je pris conscience que j’étais suspendu par les pieds. Une puanteur immonde émanait de mon corps… J’étais enduit d’une poix noirâtre aussi collante qu’odorante. Du coin de l’œil j’aperçus une silhouette se balancer à ma gauche. Je ne pris pas la peine de poser de questions. Tout était si clair. Je me contentai de toiser en silence les habitants du hameau. Ces misérables vers à l’esprit terriblement étriqué. En chacun d’eux je me reconnus et je ressentis brutalement l’envie de vomir. Je vous hais, je vous hais tous, beuglai-je en silence.
    Tout cela était terriblement injuste. Alors que je venais d’ouvrir les yeux, l’on me privait de ma rédemption. Une rage sourde éclata en mon sein alors qu’un homme s’approchait, une torche à la main. Je ne leur ferais pas le plaisir de montrer ma souffrance… Jamais ! La flamme s’écrasa contre mon torse et je m’embrasai en un clin d’œil. Je pensai aussitôt à Néron. Et je me mis à hurler, tel le damné que j’étais, jusqu’à ma mort.


  • La Crasse Immonde VI


  • Une pluie, douce-amère, tombait sur le hameau. Je me tenais bien droit face à un grotesque charnier. Tous entassé sous l’arbre sous lequel ils m’avaient pendu et immolé. L’odeur de la mort se mêlait à mon essence… Enivrante, entêtante. Ils avaient, tous jusqu’au dernier, subi le juste courroux de ma complainte. J’inspirais profondément le délicieux nectar.
    Qu’il était bon de tuer pour une cause juste.
    Ma silhouette désincarnée se tourna en direction d’un cadavre isolé, calciné au point de n’être guère plus qu’un squelette noirci. J’avais exercé ma vengeance, mais je n’étais en rien apaisé. Il me fallait encore nettoyer ce monde de la crasse immonde qui pullulait à sa surface.


    ____________________________________________



    Champs de Putrescence, Chants de Purgation I          

    Une curieuse musique était venue balayer mon sinistre royaume. De discordants murmures de mort et de purge... Suffisamment désagréable à mon essence désincarnée pour que je traine ma vieille armure jusqu'aux confins de mes terres, aux portes d'un monde ayant décidé d'embrasser la vérité, ou tout du moins qui s'essayait à l'enlacer. Au pied de ma colline, se massait une horde grouillante de vermisseaux bardés de pièces métalliques. Épieux, épées et étendards s'entremêlaient grossièrement en une forêt de dards grotesques. Une terreur infâme émanait de la masse. Elle empoissait l'air jusqu'à mon promontoire. J'étirai mon pauvre cou, antique réflexe d'un corps disparu, et distinguai dans le lointain une autre armée d'asticots... Les deux essaims semblèrent se toiser un court instant dans la plaine. Puis, sauvage, l'envahisseur déferla en une putride vague. Je compris aussitôt que le monde venait de brutalement changer, qu'il avait engendré un mal incompréhensible, une peste d'une virulence terrifiante.
    Les vers en armures, pauvres humains démunis, furent balayés. Les morts annihilèrent les vivants en une poignée d'instant. De la bataille ne subsistait plus qu'un immense champ de putrescence. Le spectacle était une beauté saisissante... J'accueillis en moi les dernières volutes de peur qu'exhalaient les cadavres tous frais - un met d'une bien rare volupté... Très vite entaché par le goût rance de la corruption. Car au cœur du charnier déambulaient des élus. Ils embrassèrent les dépouilles des larves et tels d'immondes poux se gorgèrent de leur substance. Je les vis les relever. Je vis la peste grandir.

    La peste allait purger ce monde de sa souillure.
    Alors pourquoi cette chanson était-elle si discordante ? Quel était donc cet amer battement que je sentais vrombir tout autour de moi ? L'on aurait dit qu'un coeur pulsait à l'envers.


    Champs de Putrescence, Chants de Purgation II

    La peste les emportait tous, sans distinction aucune. Larves et élus, tous se noyaient sous la vague immonde qui déferlait sur leur monde... Les flots noirs les régurgitait inlassablement, désarticulés. Irrémédiablement brisés, des pantins de chair et d'os, destinés à s'abreuver sur les vivants dans de répugnantes orgies de stupidité crasse. Cette épidémie était la mélodie de l'avilissement de l'âme et de l'esprit, une ode à l'ignorance la plus pure et la plus primale. Un hymne à la non-existence, chanté par des mages corrompus jusqu'à la moelle, égarés dans leurs propres ténèbres puantes.
    Une intolérable chanson.

    [...]

    Les morbides escouades se déversaient dans les rues comme une coulée de boue. Les vermisseaux luttaient avec hargne, brandissant leur pathétique désespoir comme des épées qu'ils agitaient au hasard. Une poignée d'humains s'étaient retrouvés acculés dans une impasse, impuissants face à la horde décharnée qui rampait à leur rencontre. J'accélérai le pas, au travers même des morts, jusqu'à atteindre le petit groupe de rats. Je fus accueilli par un coup d'estoc dans la poitrine.
    Je me penchai vers la courageuse vermine, jusqu'à river mes spectrales orbites dans ses yeux inondés de larmes. J'éclatai brutalement de rire en lui plantant mon épée dans la poitrine jusqu'à la garde. Mon rire se mua peu à peu en chant de haine tandis que je me détournai des victimes que je venais sauver. Et, pour la première fois, je tailladai de la chair morte.

    [...]

    Je nageai dans un océan de douleur. Une lance de feu me déchirait la poitrine, irradiant mon âme d'un poison incandescent... A mes pieds s'entassaient les membres désarticulés et gesticulants des créatures que je démembrais. Je me sentis vaciller en abattant mon épée rageusement dans le crâne de ce qui avait du être un jour un énorme chien.
    L'élu s'était retourné contre moi. Ce misérable ver incapable de réaliser que j'entonnai le chant de son salut. Sa tête avait rapidement roulé au sol et s'était perdue dans le charnier.

    [...]

    Je continuai de bruler jusqu'à la fin de la bataille. Les mages survivants s'étaient finalement laissé subjugué par la beauté brute de ma complainte enragée. Ma souffrance était incommensurable, un parangon d'injustice. Mon ire était sacrée, un verset de vérité.
    Martyr, j'étais devenu le bouclier de la pureté.


    Champs de Putrescence, Chants de Purgation III

    Du haut d'une falaise, j'embrassai un nouveau champ putride du regard. Les gesticulations humaines avaient su inspirer la pitié d'autres races. Depuis les confins mystérieux de l'Occident, de sauvages colosses au cuir épais avaient débarqué pour abreuver la terre de leur sang répugnant. D’hideux barbares qui avaient traversé les océans dans l'unique but, incompréhensible, de trouver la gloire dans une mort futile. Telle une meute de bêtes, ils s'étaient mêlés aux vers grouillants et, dans un vacarme de fer martelé, de beuglements écorchés et chairs déchirées, s'étaient donné en pâture à la peste qui sans cesse avançait.
    Mais les peaux-vertes-et-grises n'avait ni peur ni doute dans leur coeur... Auréolé de leur inhumaine témérité, guidé par leur sauvagerie innée, ils avaient su insuffler un peu d'espoir dans une race agonisante. Je sentis - j'entendis - mes dents grincer d'elles-mêmes. Quel bien piètre exemple ils faisaient pour mes vermisseaux. L'espace d'un court instant, je me figurai la vision d'une race humaine ayant embrassé les chants tribaux de ces étrangers, et fut pris d'une migraine intense. Une rage à peine contenue éclatait dans mon crâne. Je brulai de fondre sur ces masses barbares pour les faucher les uns après les autres. Mon âme bourdonna. Ma complainte était sur le point d'éclater dans l'air humide lorsque les dieux des peaux-vertes-et-grises descendirent des cieux.
    Leurs ailes semblaient avoir été tissées dans la nuit elle-même. Les démons Vails. Les barbares avaient apportés ces avatars de la dépravation sur ces terres consacrées par l'Ordre et la Justice. Une nouvelle souillure, plus immonde que les précédentes. La flamme de ma colère devint brusquement un incendie et je plongeai, âme perdue, en direction de la mêlée.

    [...]

    L'éclair s'abattit non loin de moi, projetant en l'air un épais nuage de poussière où se mêlaient gravas et morceaux de corps calcinés. Non loin je vis un couple de mages humains tomber à genoux, soudainement béni par une accalmie au cœur du conflit. Tous les morts-vivants alentours avaient été vaporisées par l'incroyable magie qui venait d'être conjurée depuis les firmaments. Les élus levèrent le regard en direction de la chose qui était intervenue pour sauver leurs vies.
    Une femme aux ailes de ténèbres, baignées d'arcs bleutés lévitait là. Le temps se figea, et j'aperçus les rescapés signer un rapide mouvement de prière. Un antique souvenir s'imposa brusquement à moi, douchant le feu de forêt qui hurlait en moi. L'image d'une bête infâme souriant fadement devant un bucher, insensible aux supplications des martyrs suppliciés. La symphonie d'agonie se mua peu à peu en un appel clair, pur et déchirant. La litanie d'un culte que de tous temps j'ai abhorré...
    Je crus sentir les yeux de la déesse protectrice me transpercer l'esprit mais n'eut pas le courage de me redresser pour y faire face. Je disparus du champ de bataille aussi rapidement que je l'avais rejoint, le cœur soudainement baigné d'une pluie glaciale.


    Champs de Putrescence, Chants de Purgation IV

    Nous avions vaincu la peste et purgé les terres de cette corruption affreuse qui avait bien failli l'entacher pour l'éternité. Les vers avaient su rallier nombre d'incroyable alliés à leur cause, mais les dieux de mon passé avaient brillé par leur absence. Les étrangers s'étaient retirés de nos terres verdoyantes - et désormais gorgées de cadavres en tout genre - abandonnant une fois de plus l'humanité à son triste sort.
    Ils sont toujours aussi aveugles, je le vois bien.
    Ils refusent encore de s'ouvrir à mon chant... Pire encore, ils se détournent du chemin que, des siècles durant, j'avais œuvré à éclairer. Ces pitoyables vermisseaux, à se complaire dans la boue gluante de leurs peurs absurdes. Ils me répugnaient tout autant que par le passé. Ma haine était désormais teintée d'une once de pitié. Ils ne valaient absolument rien - les dieux mêmes qu'ils avaient adoré pendant des âges s'étaient détourné d'eux, comme répugné, honteux. Mais piégé au milieu de la masse, sous les innombrables corps boursouflés des ignorants, se tortillaient quelques élus. Porteurs d'espoir pour une race à l'agonie, ils gigotaient mollement dans les ténèbres, étouffés par les êtres inférieurs qui leur avaient donné vie.
    Ceux-là méritaient bien que ma chanson continue de résonner sur les collines, les sylves et les monts. Ma complainte pouvait purger le monde de sa cécité crasse, et aider les mages à s'élever au-dessus des vers.


    Capacités
  • Force : Professionnel
  • Agilité : Novice
  • Dextérité : Professionnel
  • Constitution : Professionnel
  • Symbiose : Initié
  • Sens : Novice
  • Volonté : Professionnel
  • Intelligence / Education : Initié
  • Compétences
  • Magie :
    Juste avant ma mort j'ai découvert la voie que je devais suivre. Après celle-ci, je me suis découvert une nouvelle voix ; une complainte grinçante, glaçante. Lorsque je chante le métal s'anime, danse sous mon impulsion. Il se tord, se plie, gémit et ploie, esclave de mes mélopées. Mon armure s'effiloche en tout autant de flèches noires, qui, aidée de mon arc démantibulé, déchirent la nuit, la peau et les chairs. Le vent lui-même se soumet à leur vol impérieux, mu par la rage et la haine.

  • Compétences développées :

    Compétences militaires :
    - Maniement de l'épée longue (expert)
    - Maniement de l'arc (professionnel)
    - Commandement (initié)

    Compétences de survie :
    - Chasse/pistage (professionnel)
    - Discrétion (novice)
    - Connaissance des créatures magiques (initié)

    Compétences sociales :
    - Intimidation (expert)
    - Histoire et culture de Valstad (amateur)
    - Expertise religieuse : Culte Nordey (professionnel)
    - Etiquette altroise (initié)

    Compétences scientifiques :
    - Lettres (amateur)
    - Expertise des poisons (initié)
    - Alchimie (novice)
    - Géographie (professionnel pour le Royaume de Valstad uniquement)

    Compétences magiques :
    - Voie élémentaire - branche terre - métal uniquement (novice)

    Crédit :
    - Royaumes Altrois (professionnel).
  • Relations
    Aucune relation récente ne s'est bien terminée... La dernière c'était une petite paysanne méprisante qui a fini décapitée pour avoir jeté des pierres sur un enfant qui s'éveillait tout juste à la magie.
    Le joueur
  • Pseudo : Unho
  • Âge : 25 ans
  • Comment avez vous connu le forum ? Via forumactif.com, en cherchant un forum de rp... actif.
  • Avez vous signé le règlement ? Oui.
  • Un commentaire ? Je tiens à dire que contrairement à ce qui est écrit il faut remplir tous les champs et pas que ceux avec les astérisques, sinon ça marche pas D:
  • Main du DestinCompte fondateur
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    Date d'inscription : 27/06/2020

    Fiche de Skaldr Vordt Empty Re: Fiche de Skaldr Vordt

    Lun 26 Oct - 12:10
    Coucou Skaldr !
    Tu viens de recevoir un MP avec nos commentaires pour ta fiche Wink
    Main du DestinCompte fondateur
    Main du Destin

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    Messages : 222
    Date d'inscription : 27/06/2020

    Fiche de Skaldr Vordt Empty Re: Fiche de Skaldr Vordt

    Ven 30 Oct - 8:15
    Coucou Smile Est-ce que tu t'en sors par ici ?
    As tu d'autres questions ?
    Skaldr VordtHéraut de la Nuit
    Skaldr Vordt

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    Date d'inscription : 21/10/2020
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    Fiche de Skaldr Vordt Empty Re: Fiche de Skaldr Vordt

    Ven 30 Oct - 21:30
    Bonsoir !

    J'ai apporté les corrections demandées. Elles se trouvent pour partie dans la description psychologique : j'ai ajouté un paragraphe (l'avant-dernier) afin que la vision que Skaldr a du monde soit quelque peu plus claire. Notamment vis à vis des autres races.
    J'ai également ajouté quatre chapitres à son histoire afin de donner quelques indications sur son implication dans la guerre contre les nécromanciens. A nouveau j'ai volontairement opté pour un récit parcellaire, voire même cryptique. N'hésitez pas à me dire si je verse dans l'abus, je serais ravi d'apporter les précisions nécessaires.

    Je tiens également à préciser que comme sous-entendu à la fin du dernier chapitre, Skaldr n'a pas encore véritablement cherché à approcher de mage en particulier... Mais c'est quelque chose qu'il envisage véritablement désormais - la purge pure et simple ne lui suffisant plus.
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    Fiche de Skaldr Vordt Empty Re: Fiche de Skaldr Vordt

    Sam 31 Oct - 14:28
    Bonsoiiiiiir Smile J'ai le plaisir de te valider ! Bon jeu ! Very Happy
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