-50%
Le deal à ne pas rater :
WiMiUS S27 – Mini projecteur portable rotatif à 270° Full HD 9000 ...
69.99 € 139.99 €
Voir le deal

L'hymne à la lumière | Syllxeraen / Arkyn

Arkyn Sar'EdhaChampion de la Création
Arkyn Sar'Edha

En bref

Messages : 70
Date d'inscription : 13/07/2020
Juin de l'an 5 du second âge - Tyr, Marches de l'élévation


Aucun son, silence pénétrant dans la galerie de grâce. Là, imposant sur son piédestal en tellurite, le trône du toit du monde, et sur un dais de soie tellurique, la couronne de lumière, ses diamants scintillant doucement dans la lueur hivernale. Pour la première fois depuis des siècles incomptés, la coiffe céleste avait quitté le front de son élu. Amran Sar’Edha, Grand Ordonnateur du peuple Exalté, avait rejoint ses pairs en la constellation bienheureuse, loin au-dessus de la flèche de l’ataraxie, cette tour élancée, la plus haute de tout Tyr, qui recelait la siège du pouvoir de leur foi ancestrale. En ces heures, le silence régnait, le grand hall de lumière était vide, le vent même, à l’extérieur, s’était tu, attendant.

Quelque part, dans les salles inférieures de la flèche, le culte de Mnema recueillait le symbiote de son père afin d’en ajouter la connaissance à la matrice de la déesse de la mémoire. Bientôt, s’il le désirait, il pourrait contempler le monde par les yeux de son expérience. Quelques part dans les salles supérieures, les hauts prêtres Nordeys récitaient les cantiques informulés dans le secret de leurs esprits, accompagnant l’âme du saint des saints jusqu’au séjour béni, l’élysée, la terre de paix. Lui restait , observant le trône et l’éclat de la couronne de lumière. Plus d’une année s’écoulerait avant qu’un nouveau dirigeant ne ceigne la coiffe et ne prenne place sur le trône. Une nouvelle ère s’ouvrirait pour son peuple, alors.

Syllxeraen

Sa voix résonnait d’un écho fuligineux, si proche du coeur des Exaltés. Mais le deuil ne prendrait effet qu’à la fin des cantiques, quand la dernière goutte de la mémoire de son père aurait rejoint le collectif de leurs prédécesseurs. Nul hérésie jusqu’alors et la pièce paraissait si vaste qu’il aurait pu penser s’y perdre. Son regard quitta, enfin, la silhouette délicate du trône, tout de glace et de cristal. Si fragile qu’une pression trop ferme le détruirait, symbole même de la délicatesse de la pureté et du vrai chemin offert par les Nordeyns vers la terre promise. D’un lustre guède, ses prunelles soupesèrent la forme immaculée du dragon, semblable à la sienne. Il avait bien retenu leurs préférences et leur si délicate balance sociale et physique.

Vous êtes venus lui rendre hommage, vous aussi ?

Il y en avait eut, bien sûr. Des dragons, mais d’autres esprits et d’autres personnalités également. D’aucun cherchant des indices sur les futurs prétendants. La succession de la couronne de lumièr était un événement remarqué et grandiose qui marquait de nombreuses générations. Il ne savait pas pourquoi les étrangers s’y intéressaient. Il savait uniquement que c’était un fait. Il y avait eut bien des individus, et pourtant, aucun Nordeyns. Leurs protecteurs étaient absents, encore. Toujours. Cela insinuait en son coeur une douce mélancolie, faisant palpiter la blessure qu’il portait en héritage brisé, comme tous les siens. Il avait mal de cette absence, de ce silence. Mal de s’échiner sans savoir si cela portait. Et pourtant il avait la foi …

Personne ne peut toucher la couronne de lumière jusqu’à la nomination du nouvel Ordonnateur. Mais vous pouvez approcher, si vous le désirez…
SyllxeraenAspect Stellaire
Syllxeraen

En bref

Messages : 24
Date d'inscription : 11/10/2020
La nouvelle n'avait pas tardé à l'atteindre et, sans hésiter une seule seconde, il avait abandonné ce qu'il faisait pour s'engager dans les préparatifs de son départ. Ils furent hâtifs certes, mais précis dans les objets et surtout les vêtements qui furent choisi pour sa prochaine visite. Le reste ? Ce ne seraient que des mots, des gestes, l'étiquette précise, rigide même qu'il emploierait pour satisfaire les besoins de ce peuple étrange, glacé et pur comme les glaces des monts Kheldarels qu'ils chevauchaient de leur cité taillée dans la roche comme de la dentelle.

Il apparu dans les cieux pâles telle un ruban de cristal aux reflets boréals. Il ondoya jusqu'aux plus hautes terrasses de Tyr et lorsque la première de ses pattes toucha le dallage blanc, toute sa silhouette s'évapora dans un tintement à la pureté incomparable. L'envolée d'écailles chatoyantes fut avalée par les bourrasques glacées, emportée loin au dessus des monts dans un dernier chatoiement mirifique. Seul resta sur la terrasse la haute silhouette d'un Haut Alfe, entièrement vêtu de blanc que ce soit dans le manteau au col de fourrure que dans le pantalon serrant les jambes musclées ou les longues bottes aux semelles souples de façon à préserver le silence même dans les pas hâtifs qu'il engagea aussitôt.

Il passa les grandes salles où les prêtres s'adonnaient aux derniers sacrements de l'esprit du saint des saints, l'accompagnant en toute quiétude et révérence jusqu'aux portes de l'élysée. Il laissa ses sens le guider dans ce dédale interminable de splendeurs givrées, aux courbes et angles minutieusement calculés de sorte à ne représenter que la perfection pour les esprits les plus élevés et chastes qu'il lui était donné de rencontrer. Bientôt ses pas le portèrent jusqu'à la salle du trône dont l'élégance, mais surtout la frêle silhouette de cristal bloqua un instant sa marche. Immobile dans l'immensité absurde des lieux, le dragon contempla l'assise vide et sentit une profonde peine le saisir.

La mort. Une notion qui lui avait été si étrangère jusqu'à récemment, le poignardait une fois de plus telle une amante volage et traitresse. Yue, Se'narnril et bien d'autres encore, puis à présent Amran ? La solitude le serra, elle manqua de le noyer alors qu'il réalisait qu'un autre de ses amis venait de le quitter après plus de mille cinq cents ans à se côtoyer. Seule la voix d'Arkyn le tira de cette abîme et il tourna un regard d'or en fusion, fendu de pupille d'encre, vers la silhouette digne et isolée de l'exalté. Il ne parvint à cacher sa désorientation, sa peine même, qu'au prix d'un gros effort de volonté. Il fut satisfait d'entendre que sa voix ne trahissait rien de son émois quand il répondit.

"- Salutations, Arkyn."

Il approcha de quelques pas, hésita, puis ne voyant là aucune raison de garder davantage ses distances vu l'exceptionnel de la situation, il s’avança jusqu'à se tenir à moins d'un mètre du haut alfe. Croisant les mains dans son dos en une poste de détente empreinte de noblesse et d'attention, il contempla un bref instant le profil racé de son cadet, puis reporta son attention sur la couronne dont la splendeur à elle seule pourrait voiler les étoiles les plus vives. Il sentit le regard d'Arkyn peser sur lui, le soupeser et il n'y prêta guère attention.

"- En partie seulement. Sa fin était proche, nous le savions très bien tout deux toutefois sans pouvoir calculer lorsque j'aurais l'opportunité de repasser, Amran et moi nous nous étions tout dis lors de ma dernière visite... Au cas où je ne reviendrai pas à temps."

Il serra doucement les dents et fit bouger sa mâchoire, refoulant sa frustration. Quand bien même ils avaient pris leur précaution, s'embarrassant d'adieux précoces plutôt que de risquer tout départ avec des non dits et des regrets, la perte d'Amran lui laissait un goût désagréable sur la langue. A quoi bon vivre si longtemps si c'était, au final, pour mourir comme tous les autres ? Cela n'ajouter à la relation qu'une agonie supplémentaire. Il baissa les yeux sur le carrelage, s'arrachant à la contemplation de la couronne dont l'éclat lui brûlait la rétine, feu blanc igné dans l'or de ses iris.

"- Je suis principalement venu pour vous, dans l'espoir d'être capable de vous épauler. Si vous vous en sentez le besoin. Que ce soit pour écouter, discuter de votre père ou simplement pour vous changer les idées à l'aide de mes souvenirs."

Il se tourna de moitié vers lui et l'observa franchement cette fois. Il dédaigna clairement la couronne, malgré son attrait et garda les mires accrochées sur l'alfe immaculé. Là, était le véritable trésor de Tyr. L'unique chance pour se peuple de sortir de sa stagnation et de son déclin. Mais il n'en dirait rien. Pas encore du moins, car la créature qui lui faisait face n'était pas encore mûre. Il comptait toutefois servir de tuteur, la laisser s'épanouir et trouver sa place dans cette nouvelle ère, jusqu'au jour où il l'orienterait vers la couronne dans l'espoir qu'il la saisisse.

"- Comment vous sentez-vous, Arkyn ?"

Il pencha légèrement la tête sur le côté, affichant une expression grave.
Arkyn Sar'EdhaChampion de la Création
Arkyn Sar'Edha

En bref

Messages : 70
Date d'inscription : 13/07/2020
La soudaine proximité du dragon fut source de surprise, Arkyn cillant plusieurs fois en l’observant sans rien cacher de sa soudaine confusion. Qu’était-ce donc ? Ne recevant aucune réponse à sa coite interrogation, l’Alfe ne pu que l’accepter comme l’une des nombreuses étrangetés du dragon. Il hocha la tête à l’explication donnée par la créature, sans discuter. Le Grand Ordonnateur avait affaire à bien des individus.

Je vois

Voilà que son comportement était de nouveau étrange. Qu’avait-il donc ? Est-ce qu’il était malade ? Impatient ? Mais savoir qu’il était venu spécifiquement pour lui le flatta. Posa le dos de sa main droite à l’emplacement de son coeur, paume vers l’extérieur, s’inclinant légèrement, le dos encore droit, avant de se redresser. Il avait conscience que l’Aspect devait être certainement fort occupé, et que son temps était précieux.

Vous m’honorez

Conscient qu’il était observé, Arkyn ne fit rien pour se dissimuler. Il n’avait rien à occulter, après tout, rien à cacher. La question fut pondérée un bref instant, sans trouver de réponse dans l’esprit bien ordonné de l’Alfe. Secouant la tête, il ne pu qu’admettre manquer de précision et reprit donc la parole sans plus attendre, la voix égale. Il n’était pas bien certain de comprendre ce qui se passait après tout et ne voulait pas gâcher son temps.

Faites vous référence à ma santé ou à mon état psychologique après le départ de mon père ?

Dès qu’il eut la réponse, le coi le reprit, sa mire vagabondant vers la silhouette de la couronne de lumière. Lorsqu’il reprit, ce fut de longues, agonisantes minutes plus tard.

C’est une bonne question. Vous n’êtes pas sans savoir que les liens du sang ne sont pas sacrés chez nous

Lui aussi croisa les bras dans son dos, imitant sensiblement la posture adoptée par Syllxeraen à son arrivée, sans jamais quitter du regard les diamants célestes qui avaient ornés le front de son père.

Je suis dans le cas rare à n’avoir qu’un seul et même père, mon géniteur et mon patriarche. Je n’ai jamais quitté la kyssa de ma naissance. De plus, cela faisait plusieurs années à présent que le saint des saints déclinait

Cela ne répondait pas réellement à son interrogation, bien évidemment mais il n’était pas certain de pouvoir même y répondre. Cette question était d’une intime délicatesse, après tout.

Je prie pour que notre nouvel Ordonnateur sache lui rendre hommage. Néanmoins, en tant que membre de ma famille, je…. je ne suis pas certain

Tournant à nouveau ses prunelles sur le dragons, elles furent vitreuses de perdition.

Je ne sais pas, Syllxeraen
SyllxeraenAspect Stellaire
Syllxeraen

En bref

Messages : 24
Date d'inscription : 11/10/2020
Il l'observa faire et apprécia la beauté symbolique du geste, l'élégance du mouvement, mais surtout sa sincérité. Il resta ainsi une poignée de secondes, immobile et captivé, avant de lui rendre sa révérence avec le même respect, si ce n'est plus. Être reconnu par un sphinx était une chose, l'être par Arkyn lui-même en était une autre. L'alfe était une pièce unique dans la machinerie bien huilée des Hauts Alfes, considérant qu'ils étaient presque clonés les uns aux autres, le dragon portait ainsi de grands espoirs en lui. Aussi, avoir aux yeux d'Arkyn la moindre forme de respect, d'importance, rasséréna l'immortel qui retrouva sa posture de détente racée, noble, tout en observant à nouveau les diamants de la couronne.

"- Les deux, dirais-je."

Sa réponse ne devait pas l'aider, mais il n'en avait malheureusement pas d'autres à lui fournir. L'esprit et le corps s'influençaient mutuellement, aussi il devait savoir aussi difficile soit-il de cerner, d'identifier et d'exprimer ce qu'il ressentait... Ou pas. Syllxeraen hocha doucement du chef au rappel des coutumes des Hauts Alfes et qui étaient bien singulières dans leur façon d'aborder les liens familiaux. Sûrement causé par leur façon de se reproduire et de se construire socialement et s'il avait lu nombre d'ouvrages sur le sujet, il n'avait jamais réellement su appréhender dans sa totalité toute sa subtilité... Sûrement parce qu'il manquait lui-même d'expérience dans ce domaine.

Il attendit donc en silence, lui laissant tout le temps nécessaire pour essayer de faire le tour de ses émotions. Un exercice difficile pour ce peuple, plus encore pour cet homme devenu exalté et si pieux. Le silence de l'immense salle pesait presque de façon palpable sur ses épaules et il chassa ce sentiment lourd d'un roulement souple des muscles dorsaux, presque félin. Il écouta ce que l'exalté avait à lui confier, penchant légèrement la tête sur le côté, les yeux à demi-clos dans une expression d'attention aiguë. La réponse d'Arkyn était polie, parfaite pour convenir à ce que l'on attendait de lui dans une telle situation, mais elle ne venait pas du cœur. Elle ne venait pas des tripes. Il attendit donc encore, patient pour une fois. Et enfin... Enfin l'alfe fit tomber le masque.

Il y eut un moment de flottement durant lequel Syllxeraen pondéra ce qu'il avait à dire, ce qu'il devait faire pour que cette timide ouverture ne se referme pas définitivement. Enfin, il sembla se décider et se tourna pleinement vers Arkyn. Il plongea son regard dans le sien avec une force de volonté profonde, solide comme un roc. Il eut un sourire fugace, à peine l'esquisse d'un ourlé à ses lèvres pleines. Lorsqu'il parla, ce fut d'une voix grave bien qu'empreinte d'une douce amertume.

"- Je n'avais aucun lien de sang avec ceux qui m'ont trouvé dans les étages poussiéreux de la Bibliothèque de Myrrh. Un œuf oublié du monde... Délaissé pour d'obscures raisons par ses géniteurs. Ceux qui m'ont recueilli, qui m'ont donné la force d'éclore, n'étaient même pas de ma race. Pourtant le respect et l'affection que je leur ai porté de leur vivant, le vide lorsqu'ils ont disparu, le sentiment de désorientation au moment des obsèques : tout était réel. L'importance d'un lien ne se définit pas uniquement par sa nature ; par sang, via un vœu d'obédience... Un lien se définit par l'importance que l'on accorde à la personne impliquée."

Il pencha légèrement la tête sur le côté, le contemplant avec plus d'intensité encore. S'ouvrir à son tour était le meilleur moyen de conserver un pied d'égalité avec la fragilité d'Arkyn. Ses origines le hantaient toujours par leur absence de réponses, l'inconnu de ses parents, les raisons de sa présence dans la Bibliothèque. Lui aussi se sentait perdu à chaque fois qu'il s'abîmait dans ce sujet. Il s'ébroua mentalement pour reprendre avec douceur :

"- Nous respections Amran pour qui il était, pour ce qu'il avait su accomplir et ce qu'il désirait pour son peuple. Sa perte est tragique et le vide qu'il laisse derrière lui en nos coeurs est légitime. Vous pouvez être triste, c'est ce que l'on est généralement dans ce genre de situation. Vous pouvez être mélancolique, nostalgique aussi... Ces sentiments, ces émotions ? Vous allez devoir apprendre à les connaître et à les identifier. Ce ne sont pas des choses dont on doit avoir peur, Arkyn. Ni en avoir honte. Elles font parties de vous et même s'il faut savoir parfois les ravaler et les étouffer selon les situations..."

Syllxeraen se tourna à demi vers le trône vide et la couronne scintillante.

"- Aujourd'hui, nous avons le droit de les exprimer librement. Nous avons perdu un grand Ordonnateur. Un ami. Un père. Un géniteur."

Il serra les dents, faisant jouer sa mâchoire. Sa gorge se noua un moment et il préféra rester encore une fois silencieux, le temps de juguler un minimum son émoi. Sa propre détresse. Lorsqu'il expira, il se tourna à nouveau vers Arkyn.

"- C'est pour tout cela que je suis venu vous voir. Vous épauler, vous guider aussi. Je resterai aussi longtemps que vous l'estimerez nécessaire."

Et même s'il ne pensait pas l'estimer nécessaire d'ailleurs. Il veillerait sur l'alfe contre son gré si besoin était. Ses propres affaires pourraient bien attendre.
Arkyn Sar'EdhaChampion de la Création
Arkyn Sar'Edha

En bref

Messages : 70
Date d'inscription : 13/07/2020
Arkyn ne s’attendait pas à recevoir la quelconque confession d’un deuil passé vécu par le dragon stellaire. Aussi fut-il quelque peu confus, au récit ainsi transmis, incertain de son but premier. Non qu’il ne fut point intriguant, si l’on considérait qu’il ne connaissait rien, ou si peu de choses, du passé de Syllxeraen. Coi, l’Alfe se garda de le couper, sans toutefois masquer le sentiment qui l’étreignait. Loin d’imaginer le message détourné que souhaitait lui transmettre l’Aspect, Arkyn tentait de se figurer ce qu’il ébauchait de ses mots, une vie avec les membres d’une autre race, d’une autre temporalité.

Toutefois, à mesure que le dragon l’entretenait, sa confusion ne fit que grandir, occultant temporairement, bien que de façon fort éphémère, cette tentative d’empathie. D’abord muet, l’Alfe contempla la pièce, puis la créature déguisée, avant de froncer sensiblement des sourcils sous l’effort que semblait lui demander ses pensées, un capharnaüm consommé de barrières solides, d’ignorance et d’une sensibilité à la fois prégnante et émoussée, en la plus parfaite des contradictions. Il n’était pas suffisamment renfermé, zélote diraient certains, pour que la diatribe soit réellement absconse, mais ce n’était pas pour autant que cela éclairait les recoins obscures de ses hésitations.

Vous êtes venus me voir” Il marqua un bref silence troublé avant de poursuivre “pour me regarder des émotions suscitées par la mort de mon père. C’est cela ?

Il s’était attendu à tout sauf à cela, aussi essayait-il de rationaliser. Ou du moins de faire rentrer tout cela dans un moule convenant à ce qu’il connaissait de l’existence jusque là.

Est-ce… Est-ce une nouvelle étude dont je n’aurais pas connaissance ?

Il y eut un silence, loin de la révérence des veilleurs de son père. Quelque chose clochait. Il effleurait du doigt ses propres limites, prenant conscience que cette réponse n’était pas ce que Syllxeraen devait attendre de lui, mais encore incapable de lui donner satisfaction. La spontanéité lui manquait, sur l’instant. Une émotion en rapport avec la mort de son père ? En dehors de cette confusion profonde au flou sociétal que leur relation représentait, il n’aurait su, réellement, exprimer une émotion marquée, franche et naturelle. Syllxeraen lui avait évoqué la tristesse et la nostalgie, mais devait-il être triste de tout cela ?

Je ne sais pas si la tristesse est une réponse adéquate, Syllxeraen. Je suis confus

Non qu’il fût désolé, il était réellement confus, perdu.

Il est naturel pour une créature vivante de mourir, et je savais mon père âgé. Les derniers sacrements sont effectués, afin de lui permettre un repos mérité, sa mémoire me sera toujours accessible. Peut-être que j’éprouverais un manque lorsque je voudrais lui parler, mais que je ne pourrais pas ? Tout comme j’éprouve parfois un manque de la présence de Valakar. Mais la situation ne me semble pas la même….

Son compagnon n’avait pas été au crépuscule de sa vie, et il lui avait été arraché de façon violente et parfaitement injuste. Il était, de plus, son compagnon, et son affection pour lui était profonde et aussi tenace que les siècles passés à ses côtés à apprendre lentement à le connaître. Mais Amran avait été une figure plus distante et plus grandiose, moins proche de son coeur, très certainement, et son respect pour le cycle naturel ne s’entachait qu’à l’ombre des promesses Nordeys. Non, il ne pensait pas éprouver de tristesse envers son père, mais bien entendu, il était bien dommage qu’ils ne puissent plus converser.

Oui, je pense que c’est cela. Je pense que son absence sera un dommage. Peut-être en serais-je aussi frustré…

Considérant le dragon, il parla sans réfléchir, laissant ses pensées se précipiter.

Vous avez souffert de la disparition des personnes qui vous ont élevés, c’est cela ? Vous avez été triste ? Quand était-ce ? Pourquoi pensez-vous que vos géniteurs vous ont délaissé ?
SyllxeraenAspect Stellaire
Syllxeraen

En bref

Messages : 24
Date d'inscription : 11/10/2020
Il l'observa avec une surprise non feinte, les yeux légèrement arrondis et les pupilles aussi acérées que des aiguilles d'encre sur leur fond d'or patiné. Ses épaules se crispèrent légèrement alors qu'un malaise l'envahissait au choix des mots qu'usait Arkyn et il lui fallu tout son sang froid pour ne simplement pas se récrier de la vulgarité imputée à ses actions. Une étude ?! Le croyait-il aussi cruel pour transformer un deuil en une expérience sociale !? Était-ce là l'image que l'on se faisait de lui à Tyr ? Les exaltés se croyaient-ils être des hamsters dans une bulle, observés par une créature aux intentions nébuleuses et ancrées dans une autre réalité ?! Le dragon sentit son cœur se serrer et si Arkyn n'avait pas semblé aussi surpris, voire troublé que lui, sûrement aurait-il tourné les talons sans un regard en arrière. A la place de quoi, il se mordit l'intérieur d'une joue avant d'expirer doucement et, dans l'ombre d'un sourire patient après avoir retrouvé une certaine contenance, il répondit finalement :

"- Il ne s'agit pas d'une nouvelle étude, Arkyn. Je suis venu vous voir au cas où vous auriez besoin de quelqu'un pour vous aider à traverser le trouble que des émotions nouvelles -ou peu connues- pourrait, éventuellement, vous causer."

Il écarta les bras, paumes ouvertes, en un signe d'ouverture et d'innocence sincère. Il voulait combler le fossé qui les séparait, pas le creuser davantage !

"- S'il vous plaît, croyez en mes bonnes intentions. Il me navrerait que vous réduisiez notre relation à celle d'un professeur et de son sujet d'étude."

Le dragon renoua les mains dans son dos, songeur aux aveux que lui fournissait l'exalté après que leur quiproquos fut mis de côté. Il l'encouragea à poursuivre sa réflexion d'un signe de tête, attentif pour sa part au cheminement de pensée qu'empruntait le haut alfe. Il n'avait que peu connu le dénommé Valakar, mais il pouvait comprendre l'importance qu'il avait occupé dans la vie d'Arkyn. Lui-même ne s'était encore jamais préoccupé de trouver une compagne, ayant toujours quelque chose de nouveau à découvrir, mais il saisissait l'importance de ce genre de liens, plus encore avec la singulière façon des exaltés à aborder l'intimité et le partage au sein d'un couple.

"- Confusion. Frustration. Je vois. Il semblerait que..."

Il n'eut pas le temps de finir ou peut-être n'aurait-il même pas dû commencer sa phrase, car Arkyn ne semblait pas s'arrêter lui-même de parler. Glissant d'un sujet à l'autre, revenant sur un point sensible pour le dragon qui fronça légèrement les sourcils, il joua une fois de plus de la mâchoire et regretta d'être sous sa transformation. Il aurait aimé pouvoir mâchouiller le bout de sa queue de cristal en une telle situation.

"- Lorsque mes proches ont fini par rendre leur dernier souffle, j'ai été désorienté. Il s'agissait d'Angyals et d'Alfes, certains pouvaient se régénérer, d'autres avaient une longévité naturelle incroyable. La mort ne m'a frappé que tardivement et même si j'en avais déjà lu de nombreux traités dans la Bibliothèque, je ne la concevais pas de façon réelle. Ce n'était qu'une approche philosophique ou alors purement scientifique. Bref, ce n'était que de la théorie et comme beaucoup de théories ; seule la pratique compte."

Il marqua une légère pause, le regard perdu dans le vague, au delà du trône de cristal.

"- Pendant un long moment je me suis plongé dans un déni farouche. Je pensais pouvoir changer le court du temps, l'ordre naturel... J'ai aussi ressenti un manque à ne plus pouvoir converser avec eux. Plusieurs fois je me suis retrouvé à chercher quelqu'un pour avoir une réponse avant de me rappeler qu'ils étaient... partis. Parfois une odeur ou bien un son particuliers, me serraient le cœur au point où je pensais être soudainement malade. J'ai ressenti la frustration ensuite, mais aussi de la colère à être abandonné puis je me suis apaisé et résigné à ce que toute chose en ce monde finisse tôt ou tard par cesser d'exister et qu'il est important de consacrer notre temps justement à savourer et comprendre ceux et celles qui nous entourent avant qu'il ne soit trop tard."

Syllxeraen pencha la tête sur le côté, un vague sourire sans joie aux lèvres, peignant ses traits nobles et masculins d'une indicible mélancolie douce-amère.

"- Et pourquoi en suis-je arrivé à la conclusion que mes parents m'ont abandonnés ? Parce que cela fait huit mille ans que je foule ce monde et jamais personne n'a su me dire d'où je viens. J'ai été retrouvé littéralement calé entre deux livres dans les étagères de la Bibliothèque de Myrrh, elle-même abandonnée depuis fort longtemps dû à l'effondrement. Dans le froid et l'obscurité, j'ai attendu longtemps dans une semi-conscience... Seul. Isolé et oublié."

Il expira un soupir et força l'un de ses sourires aimables, convenables à toutes les situations dans sa politesse perfectionnée.

"- Je ne leur en tiens pas rancune. Peut-être ne me voulaient-ils pas. Peut-être ont-ils été forcé de m'abandonner là. Peut-être m'ont-ils caché pour ma sécurité et seront mort lors de l'Effondrement. Peut-être n'ont-ils pas pu me retrouver pour x ou y raisons... Je n'en sais rien et je doute de trouver des réponses d'ici la fin de mon existence."

Il regarda Arkyn.

"- Ce qui est bon avec les émotions, c'est qu'une fois qu'on les accepte, elles finissent pas s'émousser et s'estomper. Elles deviennent de la nostalgie ou de la mélancolie selon les circonstances qui les auront vu naître. Le temps efface beaucoup de choses après tout et si l'on ne veut pas finir enseveli sous son sable, il faut savoir avancer et persévérer."

Son attention glissa de nouveau sur le trône.

"- Mais il n'y a aucune honte à s'appuyer sur quelqu'un afin d'y parvenir. Du moins, c'est ce que j'aime à penser et c'est pour cela que je suis venu aujourd'hui, Arkyn. Laissez-moi reformuler : si vous êtes d'une quelconque façon confus sur ce qu'il vous reste à faire à partir d'aujourd'hui, n'hésitez pas à me compter parmi vos alliés si vous avez besoin d'aide pour mettre quoi que ce soit au clair... tout comme vous aider à atteindre vos objectifs."

Il n'osait en dire trop, ne sachant pas où en étaient l'exalté dans ses positions quant au nouveau Grand Ordonnateur. Finissant par céder à la curiosité, il fit apparaître dans ses mains un fusain ainsi qu'un carnet et s'approcha de la couronne pour entamer un croquis détailler de cette dernière, sachant que d'ici peu toute action à son égard serait considéré comme sacrilège.
Arkyn Sar'EdhaChampion de la Création
Arkyn Sar'Edha

En bref

Messages : 70
Date d'inscription : 13/07/2020
Ce n'était pas une nouvelle étude ? Ah bon. Alors il ne comprenait pas. Troublé par le dragon, Arkyn fronça les sourcils et l'observa avec tiédeur. Il n'aimait pas l'impression de ne pas être comprit mais pire était-ce d'être comprit de travers. La sensation était désagréable au possible. Un état d'esprit qui, sans nul doute, se reflétait dans le ton de sa voix lorsqu'il lui répondit.

« Je n'ai pas remis en doute votre intégrité »

En vérité, il ne comprenait pas pourquoi Syllxeraen prenait cela de façon si négative. N'était-il pas l'Aspect stellaire, gardien du savoir ? Il était bien normal qu'il désire poursuivre davantage d'études. Cela ne remettait pas sa probité en question. Pourquoi est-ce qu'il voyait cela comme une mauvaise chose ? Pourquoi est-ce que cela réduisait leur relation ? Sur l'instant, il n'osa pas demander, n voulant pas aggraver les choses.

Essayer de faire sens de ce qu'il avait entre les mains s'avérait être un défi d'une singulière difficulté. Silencieux au cours du récit du dragon, l'Alfe eut du mal à visualiser ce qu'il lui narrait, ne parvenant pas à se projeter dans ce que Syllxeraen avait vécu. C'était une sensation étrange que d'être confronté à cette impuissance. Il comprenait la frustration de ne pouvoir parler avec ces personnes, mais pas le reste.

« Peut-être que c'était votre propre immortalité, alors, la donnée compromettante ? Vous ne pouvez allonger une existence ou ramener un mort, mais contrôlez votre propre longévité »

C'était là une affirmation difficile car lui-même aspirait naturellement à compléter son héritage divin, et donc à devenir intemporel. Mais tout le monde n'avait pas un objectif similaire. Cependant, en y pensant, s'il était effectivement attaché à des Alfes… Il pouvait peut-être aider son peuple à finalement découvrir ce qui lui manquait. Un allié aussi prestigieux et puissant ne serait pas une mauvaise chose.

« Cependant, si vous aidez les Alfes à compléter leur héritage, ils ne seront plus mortels, et vous n'aurez plus à perdre personne »

Réfléchir à de tels sujets était bien plus simple que d'essayer de comprendre les motivations de Syllxeraen à être présent.

« Peut-être est-ce que ce fut fait contre leur volonté ? »

Il n'imaginait pas un œuf de dragon tenant deux rangées de livres. C'était des choses précieuses non ? Il ne fallait pas les abandonner n'importe où ainsi. Et puis un enfant n'était-il pas toujours voulu ? Un petit être de grande importance à qui on léguait un grand héritage, un perfectionnement de deux parents ? Qui ne voudrait pas d'un enfant ? Surtout qu'il s'agissait également d'un grand don pour le monde.

« Peut-être un Alfe Sombre a-t-il volé votre œuf à vos parents ? »

Cela ressemblerait bien à ces viles créatures, mauvaises, ambitieuses et décadentes. Il avait un jour consulté la mémoire d'un ancien Sphinx ayant participé à la grande guerre antique, et cette mémoire contenait des témoignages de la corruption que les forces des Nocturnes pouvaient provoqués sur la faune et la flore d'une région. Des monstres conçus par l'usage des arcanes pour tuer …

« Syllxeraen ? »

Y repenser venait de lui donner une idée.

« Voulez-vous que je vous montre le temple de Memna ? J'ai l'autorisation d'y entrer, de par mes fonctions, afin de consulter la mémoire de nos ancêtres. Lorsqu'un exalté meurt, sa mémoire est transférée dans les réceptacles du temple grâce à nos symbiotes. Peut-être qu'un membre de mon peuple ayant vécu à l'époque de votre ponte aura eut des indices ou un lambeau d'information qui pourra vous aider »

Ce qu'il avait à faire ? Sans doute aider le dragon dans l'immédiat. Cela ne pouvait être une coïncidence s'il venait le voir et peut-être était-ce la raison pour laquelle ils ne se comprenaient pas ! Syllxeraen avait reçu une inspiration divine ! On n pouvait expliquer une inspiration divine ! Mais désormais il savait qu'il devait aider le dragon, car c'était sans doute également ce qu'Amran aurait voulu. Il ne pouvait pas refuser cette mission des cieux !

« Je suis certain qu'en cherchant bien, nous pourrons trouver quelque chose ! Cela semble beaucoup vous toucher, et je comprend au moins cela, car la connaissance de sa généalogie est importante pour tout perfectionnement. Et si il n'y a rien ici, peut-être les dresseurs de Sserthis de Kada pourront vous venir en aide, ou bien les Parles-Sylves de Scail en Tir-Na-Beo ! »
SyllxeraenAspect Stellaire
Syllxeraen

En bref

Messages : 24
Date d'inscription : 11/10/2020
Un léger soupir résigné échappa aux lèvres pâle du dragon. Il avait aisément tendance à oublier combien la mentalité des exaltés différait du reste des populations œuvrant sur Teos. Il aimait cet esprit analytique la plupart du temps, mais en des circonstances comme celle qu'ils confrontaient aujourd'hui, elle l'exaspérait quelque peu. Heureusement, sa patience n'avait d'égal que son flegme et il se para d'un sourire de circonstance, fugace et éthéré. Arkyn faisait de son mieux, comme toujours, ce qui mit du baume sur son coeur et il ne vint pas s'alourdir davantage sur le sujet. Il s'inclina simplement aux paroles du sphinx, acceptant avec gratitude que son intégrité ne soit pas remise en doute et qu'il ne s'agisse, au final, que d'une incompréhension des deux côtés. Il ne s'était pas attendu à ce que le haut alfe comprenne instinctivement les nuances des émotions et il était déjà heureux qu'il reste ouvert à pareille conversation.

Syll' décida de ne pas pousser sa chance plus loin et se plongea dans un silence respectueux, observant donc la couronne avec grande attention tandis que son fusain crissait doucement sur les pages de son carnet. Le reste de la conversation le travailla, notamment sur la nouvelle perspective qui lui était pointée avec simplicité : était-ce donc réellement son immortalité le problème ? Maintenant qu'il y repensait, à cette époque il ne côtoyait aucun dragon -du moins, pas à sa connaissance- et donc personne d'immortel. Ce ne fut que bien plus tard qu'il rencontra les Primordiaux et même eux subissaient le passage du temps... bien que d'une façon biaisée. Un trouble grandi en lui et s'il n'en montra rien tout d'abord, les gestes élégants de sa main s'interrompirent toutefois quand Arkyn aborda avec cette spontanéité naturelle, presque candide, ce qui lui traversait l'esprit suite à son récit sur son passé et -surtout- les nombreuses zones d'ombre qui l'en constituaient.

Le dragon se redressa dans un petit sursaut d'incompréhension lacée de stupeur et observa l'alfe sans comprendre dans un premier temps. Remettre les chariots en place sur la caravane de leur conversation ne lui prit heureusement qu'une poignée de secondes et lorsque ce fut le cas, il eut un léger rire estompé alors qu'il rangeait son matériel et s'assurait distraitement de ne pas avoir de fusain sur les doigts. Apporter l'immortalité tant recherchée par les Alfes serait une bonne chose et en même temps... à voir comment ils avaient réagi lors de la guerre contre les Nécromanciens, le dragon n'était pas certain que ce soit un véritable service à leur rendre. Cela couperait leur dernier lien avec le reste du monde et les plongerait davantage encore dans leur placide contemplation. Deviendraient-ils finalement des status d’albâtre au sommet de cette montagne enneigée ? Seraient-ils ivres de leur ressemblances aux dieux qu'ils vénéraient et prendraient-ils un chemin destructeur sur les races encore mortelles ?

Ses yeux d'or fondus glissèrent de ses mains aux longs doigts immaculés jusqu'à la silhouette de l'alfe et il l'observa dans un silence pondéré. Le sourire aimable, attentif, ne ternissait pas à ses lèvres alors que des pensées continuaient de s'élever, telle des bulles, dans son esprit. L'idée que les alfes sombres soient impliqués dans l'égarement de son œuf dans la grande Bibliothèque ne lui avait pas échappé, mais sans moyen d'obtenir plus d'informations de cette race recluse et hostile... il avait rapidement usé de son temps et de son énergie sur d'autres théories. Mais ça pourrait être le cas, après tout n'était-ce pas à cause de ces idiots orgueilleux que la pangée du monde s'était jadis fractionnée ? Cela recoupait avec les nombreux secrets contenus en Myrrh. L'appel de son prénom le tira de cette sombre aile de son palais mental et il cligna des yeux, penchant la tête de côté pour signifier son attention accrue et son intérêt.

"- Arkyn..."

Il tenta de l'interrompre, élevant légèrement une main, mais déjà l'exalté parlait avec une dévotion inquiétante. Pourquoi aller si loin pour l'aider ? Cherchait-il déjà un allié pour concourir au trône ?! Non... Cela ne ressemblait pas à l'Arkyn qu'il connaissait depuis si longtemps, mais quand même... pourquoi ? Il l'observa plus attentivement, mais fut incapable de déceler la moindre malice dans son regard ou le timbre de sa voix. De plus, il fallait admettre que la proposition était alléchante, surtout pour lui qui représentait littéralement le savoir et la connaissance -sans offense aucune au Primordial rangé au même rayon- hors accéder au temple de Memna était une opportunité qui ne se représenterait certainement pas de si tôt... une part de lui criait d'accepter, mais une autre moins obtuse et égoïste lui souffla d'agir avec grande prudence.

"- Je ne saurais témoigner avec des mots combien votre proposition me touche, ainsi que votre intérêt et votre dévouement quant à l'éclaircissement sur les raisons de l'abandon de mon œuf... toutefois je me dois de vous demander pourquoi ? Pourquoi vous donner tant de mal ?"

Essayait-il de détourner son attention du chagrin et de la frustration causées par la perte de son géniteur ? Voulait-il se trouver un nouvel objectif ? Le dragon se rapprocha de lui et plongea son regard dans le sien. Voulait-il l'aider parce qu'ils étaient "amis" ? Comprenait-il seulement cette notion ? L'aidait-il pour d'autres raisons et si oui, lesquelles ? Les pupilles du dragon se dilatèrent, devenant des disques ovales, curieux et affamés... puis rapidement troublés, inquiétés même alors qu'il poursuivait un ton plus bas :

"- Me laisser accéder à un lieu aussi sacré ne va-t-il pas vous causer des ennuis ? Je ne voudrais pas souiller vos coutumes, après tout cette apparence n'est qu'une illusion, Arkyn. Je n'ai rien d'un exalté..."

La suite toutefois le fit se crisper et son expression vint à s'assombrir. La mention des Ssserthis manqua de lui faire cracher son dégoût et sa colère à l'égard de cette race pernicieuse. L'or de ses iris vira au jaune glacé et ses traits se durcirent alors qu'il détournait légèrement la tête. L'air vint à s'emplir de sa magie et l'on pu voir, comme entre deux réalités, la silhouette écrasante de sa véritable apparence. Rapidement, le dragon retrouva son contrôle et l'impression se délita dans l'air froid et immobile de la grande salle.

"- ... Je préfère ne pas avoir affaire avec les Ssserthis. Et je vous suggère fortement de rester vous-même à distance de cette engeance, Arkyn. Rien de bon ne peut ressortir d'un marché avec cette engeance. "

Il inspira profondément afin de retrouver le contrôle de ses émotions et se para de ce sourire indéchiffrable, comme une muselière sur ce que sont cœur désirait hurler à la face du monde.

"- Mais je serais ravis de visiter en votre compagnie les Parles-Sylves de Scail en Tir-Na-Beo... Enfin, si vous possédez un réceptacle pouvant s'y déplacer en ma compagnie, j'entends."

Jamais il ne lui viendrait à l'idée de sortir Arkyn, surtout son véritable corps en l’occurrence, des murs blancs de Tyr. Il ne voudrait pas lui risquer l'exile pour une affaire aussi triviale que la découverte de son passé. C'était une histoire qui remontait à si longtemps après tout et il en avait fais le deuil... Il soupira et secoua légèrement la tête, puis laissa échapper davantage pour lui-même que l'alfe :

"- Vous ne cessez de me surprendre."
Arkyn Sar'EdhaChampion de la Création
Arkyn Sar'Edha

En bref

Messages : 70
Date d'inscription : 13/07/2020
Un léger sourire flottait sur ses lèvres, aussi exalté que le nom que l’on donnait si souvent à son peuple, une lueur passionnée brillante dans ses mires devenues aussi claires et délicates qu'une eau pure de montagne contre des riches douces. A présent qu’il avait vaincu ses doutes et questionnements, son coeur battait à nouveau vivement et son bonheur zélé exsudait de son corps comme une douce aura de lumière au blanc poudré d’or, tendre et bien plus chaude que les alentours. L’appel de son nom ne fit qu’accentuer sa liesse.

Oui ?

Avec bénévolence, l’Alfe le couva, s’attendant à le voir transporté de joie. Lui-même, enlacé de la grâce de sa foi, ne se démonta pas face à sa circonspection impromptue. Syllxeraen manquait de foi, le pauvre, et marchait donc sur un chemin bien plus ténébreux que le sien. Il ne devait pas le presser mais l’enjoindre et l’accompagner. Il n’était pas dit qu’au sein de la ville lumière un invité aussi honorable se trouve la proie de quelque doute hérétique ou souffre d’une quelconque façon devant un don bénéfique.

Je vous surprend ? Pourquoi ?

Il tenait à peine en place, impatient et frémissant, baigné de sa douce lueur qui venait caresser le dragon, comme une main apaisante. Se souvenant d’une des premières interrogations de l’Aspect Stellaire, il reprit rapidement la parole, sans lui laisser le temps de répondre à cette première demande, formulée candidement. Il parla avec ferveur, du plus profond de son cœur, la voix prégnante de l’amour divin qu’il possédait et de l’innocence d’une lumière jamais ternie face à la malice du monde.

Vous m’avez demandé pourquoi je me donnais tant de mal mais je ne me donne pas de mal. Cela est un honneur, et une satisfaction personnelle, que de pouvoir vous aider, si je le peux. Le Seigneur du Devoir nous enseigne que l’altruisme est une forme de pureté quand elle est distribuée aux créatures qui marchent sous la lueur du soleil. Ces questions semblent créer en vous un grand tumulte, et si je ne le comprends pas, je le vois de mes yeux, c’est mon Devoir que de vous accompagner pour tenter d’apaiser ce tumulte

S’arrêtant un instant, il l’observa, cilla, et son sourire ondoya dans une expression de pure piété, l’Alfe portant sa dévotion comme le plus beau des drapés. En lui, aucun doute ni aucune peur ne se lisait, en l’instant. Il replongea son regard dans celui d’emprunt de la créature,

Vous êtes une créature élevée, fils du divin par d’autres voies Syllxeraen, je suis certain que sa sainteté Memna ne fera qu’appuyer ma décision. Jamais vous ne pourriez souiller son sanctuaire

Son sourire prit une teinte étrangement amusée, alors qu’il poursuivait selon son propre schéma mental personnel, sans s’en troubler ou semblait perturbé de sauter d’un sujet à l’autre aussi rapidement. Il avait simplement réarrangé ses priorités en fonction de ce que le dragon avait pu lui dire.

Et ne vous inquiétez pas des Sserthis. Mes frères et sœurs de Kada vivent en parfaite symbiose avec eux. Des marchés nous lient à eux depuis de nombreux éons. Aujourd’hui, ils nous aident à réparer le mal que les nécromanciens ont causé. Ceux qui sont trop scarifiés par la guerre viennent leur offrir leur mémoire, afin de s’en purger, obtenant en échange la paix et un nouveau départ, souvent à notre service, au sein de la grande foi

SyllxeraenAspect Stellaire
Syllxeraen

En bref

Messages : 24
Date d'inscription : 11/10/2020
Sur le pourquoi de sa surprise, il ne s'y attarda guère. Les raisons étaient nombreuses et le dragon stellaire ne désirait pas s'y perdre, surtout quand il fut confronté à la dévotion du sphinx depuis la lueur passionnée dans ses yeux jusqu'au bonheur que la silhouette toute entière sembla exsuder en un halo d'or et de blanc. Une telle expressivité plongea Syllxeraen dans une légère stupeur, déstabilisé de voir le habituellement si calme et réservé Arkyn se dévoiler de la sorte. Il eut l'étrange impression de le voir sous un nouveau jour, augmentant par la même son trouble. Devait-il imposer une halte ferme à cette situation ou devait-il au contraire l'encourager ? Il lui était encore impossible de savoir si une telle excitation serait une bonne chose pour l'alfe et plus encore si une telle tournure ne lui retomberait pas dessus plus tard... Toutefois, son hésitation lui donna la réponse, car déjà l'alfe s'expliquait, lui coupant toute occasion de se rétracter.

La piété d'Arkyn était presque contagieuse, surtout portée avec tant d'innocence et de pureté, plus encore dans un cadre tel que celui qui les entourait ; la salle du trône, le silence, la couronne de diamants. N'ayant pas le cœur à briser tout cela, et pondérant la réponse donnée, le dragon ne pu au final qu'approuver. Opinant du chef, il eut même l'ombre d'un sourire amusé. Lui aurait-on dit que sa visite tournerait de la sorte, qu'il ne l'aurait jamais cru. Les éloges qui lui furent portées le touchèrent profondément, car il savait combien les mots exprimés étaient lourds de sens, surtout venant de la bouche d'un être aussi dévot que le sphinx. En remerciements silencieux, il porta une main à son cœur et s'inclina légèrement, fermant ses yeux aux orbes d'or quelques secondes.

Heureusement pour lui toutefois, suivre le cheminement de pensées d'Arkyn était devenu un exercice plutôt aisé une fois les premières rencontres passées. Il ne comptait plus le nombre de fois où il avait dû demander à l'alfe de reprendre leur conversation et de devoir, seul, recoller les morceaux manquants. Ainsi, alors qu'il se redressait pour faire de nouveau face à son hôte, le dragon ne perdit pas le fil de leur conversation. Le retour au sujet des Ssserthis ne fut toutefois pas pour lui plaire et son expression vint s'assombrir pour la seconde fois. Le passif qu'il entretenait avec cette race était houleux, mais force était d'admettre que l'élevage qu'entretenaient les Hauts Alfes avait son utilité et... et du mérite. Syllxeraen poussa un soupir et passa une main las sur son visage.

"- Je vois. Je présume qu'il y a effectivement un intérêt à garder ces créatures après tout. Tant que les marchés restent sous un contrôle stricte et que tous les partis y trouvent leur compte..."

Il lui coûtait visiblement de se montrer aussi objectif sur le sujet, mais il était de son devoir d'Aspect de reconnaître et d'encourager toute progression vers un Équilibre plus grand que sa propre perception et appréciation des choses en ce monde. Les mortels avaient besoin de travailler sur leur propre paix intérieure s'ils voulaient pouvoir œuvrer à celle de Teos. L'esprit humain, notamment, était le plus fragile et celui qu'il fallait surveiller au plus près. La foi que distribuait les alfes était un peu... perchée, mais inoffensive comparée à bien d'autres.

"- Mais je vous en pris, Arkyn."

Le dragon ouvrit le bras en un ample geste d'invitation à ouvrir la voie.

"- Allons au temple de Memna avant que l'on ne nous trouve ici et que nous risquions des réprimandes."

Son regard balaya une dernière fois la grande salle immaculée. Il avait encore l'impression qu'à tout instant Amran pouvait entrer... Il s'ébroua mentalement, avec un léger soupir et se força à se concentrer sur la situation présente, bien plus urgente au demeurant.

"- A moins qu'il n'y ait des préparations spécifiques à notre visite du temple, j'aimerai m'y rentrer dès que possible. Si non pour obtenir des réponses, au moins pour avoir le plaisir de le contempler et le visiter."

Comme si les réponses sur son passé viendraient en un claquement de doigts ! Syllxeraen n'était pas dupe ; fouiller les souvenirs d'anciens Haut Alfes prendrait du temps. Beaucoup, beaucoup de temps. A moins qu'ils ne soient chanceux, mais ça aussi il en doutait, il allait devoir multiplier ses visites ou donner à Arkyn le moyen de le joindre.

"- Au fait ! Comment procédez-vous pour joindre quelqu'un sur de longues distances et de façon rapide ?"

La curiosité revint dans ses orbes d'or poudré. Utilisaient-ils des golems ? Des oiseaux ? Peut-être une forme de magie du vent ou par des artefacts runés ? Il ne s'y était jamais réellement intéressé jusque là, allant et venant selon son bon plaisir entre Myrrh et Tyr, récupérant les messages laissés à son encontre à chacune de ses visites, sans précipitation.

"- Et souhaiteriez-vous que nous échangions à l'avenir de cette façon ?"
Contenu sponsorisé

En bref

Permission de ce forum:

Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum