Que dire du Duc de Volténois ? Ma foi, il dispose d'une personnalité pour le moins complexe et affiche plusieurs "visages". En effet, dans la sphère publique il est communément admis que ce dernier n'est ni plus ni moins que le "Premier serviteur du royaume et des cieux" comme il aime se décrire. Entendons par cela que l'homme a dédié sa vie à deux entités qu'il n'est pas saugrenue de considérer comme liées, la première étant la foi Angyalis dont il est officiellement l'une des figures de proue en tant que cardial, et la seconde n'est ni plus ni moins que le Saint Royaume lui même dont il est Grand Ministre, mais surtout régent de ce dernier durant cet interrègne qui commence à s'éterniser. Véritable roc de détermination et de dévotion, l'homme n'a pas ménagé ses efforts afin de faire de cette nation un lieu meilleur au cours de ces dernières décennies, son unique objectif dans cette existence est d'assurer l'avenir de celle ci et de ses habitants, et ece partout les moyens nécessaires, parfois même les plus vils.

En effet, en digne pragmatique, la fin semble justifier les moyens et ce bien qu'il convienne de conserver les apparences de temps à autres. Une froide logique et des analyses rigoureuses ainsi qu'une bonne dose de foi sont les maîtres mots et les meilleurs atouts. Pour autant, cet aspect du personnage n'est pas connu de tous, en effet c'est là tout le principe des hautes sphères, ce que les courtisans n'hésitent pas à appeler "Le grand jeu", dissimuler ses intentions et découvrir celles de son prochain. Aussi, si la cour et une partie de la haute noblesse est au fait, et ce même partiellement, du réel caractère de politicien obstiné dans ses décisions, d'adversaire impitoyable sur les pistes de danses et dans les vastes salles du palais et de serviteur dévoué du trône et de la foi, il n'en est pas de même pour le reste du peuple.

C'est là ce que l'homme nomme comme étant l'effet du "masque de chaire", plusieurs visages pour une seule personne. S'il est un fauve en embuscade dans les sphères politiques, le Duc de Volténois s'affiche comme un père ou un bienfaiteur pour le commun des Altrois. Continuation d'une certaine vision du concept de "noblesse" qui commande que ceux en disposant guident le bas peuple, agissent en protecteurs, accomplissent leurs devoirs avec compétence et justesse. Et c'est là un point fondamental de la philosophie du grand ministre, ceux qui disposent du pouvoir se doivent de le mériter ou tout du moins doivent-ils employer le pouvoir et l'influence qu'ils possèdent avec parcimonie et responsabilité. Il n'y a en effet point d'être plus méprisable à ses yeux qu'un parasite soit disant noble et avec un minimum d'influence s'accrochant à son poste comme une tique ferait à la peau d'une bête.

Ce qui nous amnène à ce que le cardinal excècre par desus tout, la corruption, la fainéantise et la traitrise. Malgré sa naissance dans un milieu aisé, notre homme n'a pas connu une enfance facile pour autant, accablé par un corps faible et maladif, il lui a fallu des années et des efforts considérables autant physiques que mentaux afin de dépasser ce stade. Nous pouvons le dire, en ses jeunes années il était un spectateur, ni plus ni moins, observant, écoutant, se cultivant... Et ce qu'il a vu à l'époque est très certainement ce qui a fait naître en lui sa haine véritablement viscérale contre une bonne partie de ses "homologues nobles" qu'il s'est évertué à purger par tous les moyens au cours des deux dernières décennies. Et ce ne serait-ce que pour remettre dans le droit chemin le Saint-Royaume, dévoyé et perverti dans ses valeurs et son essence même par ces "Détestables animaux" comme il les désigne.

Quelque part, l'on peut noter dans cette philosophie là une grande influence religieuse. Les grands principes de la foi Angyalis lui ont notamment été inculqués très tôt, et l'homme s'il adhère à ces derniers n'a pu que constater leur déclin face à l'hypocrisie et l'opportunisme ambiant. Une plaie spirituelle béante éventrant le Saint Royaume, un véritable feu de forêt que l'on ne pouvait éteindre qu'en allumant un autre incendie. Réparer des tords seulement avec des principes est faire preuve d'une grande naïveté après tout, aussi n'hésite-t-il pas à recourir à des méthodes ou des moyens considérés comme "contraire à la foi" afin d'accomplir ce qu'il considère comme une nécessité, l'atteinte d'un intérêt supérieur. Pieux mais point fanatique en soit, avec une grande "largeur et ouverture d'esprit ou à l'inverse d'une intolérance rigoureuse" en fonction des raisons de chacun.

Mais au delà de ça, que pouvons nous dire ? Peut être que malgré son investissement pour le moins indécent dans les affaires du royaume et de la foi, le Sire de Volténois demeure un homme et il lui arrive aussi de déléguer voir de se retirer de temps en temps afin de chercher la quiétude. C'est peut être à ce moment là que les masques tombent, chaque sourire faux, chaque sourcils froncés, chaque regards inquisiteur, tous disparraissent. Point de mine grave en cette situation, seulement une grande fatigue qu'il convient de dissiper, ce par quelques menus plaisir, qu'il s'agisse d'une promenade, parfois même sous quelques frusques et artifices afin de frayer à travers le peuple, ou dans quelques jardins reculés qu'il entretient. Après tout les plantes ne sont jamais décevantes.

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