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Le monde semble sombre quand on a les yeux fermés - Partie 2 - Arkyn / Triniel

Arkyn Sar'EdhaChampion de la Création
Arkyn Sar'Edha

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3Janvier de l'an 6 - Suite de ce sujet

Il n’eut pas le temps de poser la moindre question que le sort puisant dans l’énergie tellurique des montagnes, entourant son être et le plongeant dans le flot tumultueux, à une vitesse que même les ailes divines n’auraient pu atteindre. En un battement de coeur, il filait, en un second, son corps reprenait sa consistance sur l’ancre d’arrêt que la Vail avait créé. Et bien que familier de l’art de la téléportation, Arkyn n’en fut pas moins une victime affolée lorsque le monde s’ouvrit de nouveau sous lui, le plongeant directement dans un univers iodé et humide auquel il ne s’attendait pas le moins du monde.

Une douleur fulgurante traversa sa main droite, suivie par une pulsation inconfortable. L’alfe toussa, effectua quelques mouvements désordonnés qui eurent pour effet d’aggraver la douleur de sa dextre et lui faire boire la tasse, puis une force invisible mais omniprésente le poussa jusqu’au rivage, pour le faire s’échouer sur le sable blanc. Toussant et crachant, sa lourde chevelure collant à son visage comme les bras d’une pieuvre, les vêtements imbibés d’eau de mer, sans aucun doute ruinés pour la plupart, Arkyn cligna des yeux, puis observa les alentours avec autant d’effarement que d’incompréhension. Mais où étaient-ils ?!

Yanlei avait-elle dit avant qu’il ne disparaisse ? Qu’est-ce que c’était que cela ? Pourquoi y avait-il autant d’eau d’un seul coup ? Grimaçant, il s’assit péniblement à-même le sable, recrachant un peu d’eau salée, et chassant par gestes tremblants les longues mèches immaculées de son visage, autant pour améliorer sa vision que parce qu’il détestait la sensation des boucles collées sur sa peau humide, lui donnant envie de se gratter. Immédiatement, son manteau se teinta d’un sang au rouge moiré d’argent et il eut un instant de pure panique.Une panique dont la voix de Triniel le tira promptement, et il lui adressa un regard affolé.

Triniel …

Sa voix était tremblante mais il se reprit suffisamment pour se relever en pataugeant, glissant dangereusement et menaçant de retourner piquer une tête dans l’eau tiède de la mer de corail, qu’il voyait, et goûtait, pour la première fois. Laissant de côté sa blessure à la main sur l’instant, il essaya de remettre ses pensées en ordre. Il ne comprenait pas ce qui s’était passé et s’il avait conscience d’être un nouveau-né face au monde il était tout de même un expert en usage magique, et ne pas comprendre quelque chose le vexait. Il voulait absolument chasser cette sensation d’être totalement perdu, et commencer par le plus simple pour lui était aussi stratégique qu’innocent.

Pourquoi ici ? Pourquoi … Vous n'étiez pas avec moi pendant la téléportation. Comment êtes-vous arrivée ici ?  Et avant moi ?

Il eut un mouvement de la main qui lui rappela sa douleur, observa la blessure, puis le bouquet de corail souillé de son sang, coupable.

Qu’est-ce que c’est que cette chose ?

Le ton, devenu accusateur, fut accompagné d’un geste vers le bouquet de corail. C’était la première fois qu’il voyait une chose pareil et elle lui semblait particulièrement étrange. Il n’était pas certain d’apprécier, surtout si cela pouvait le blesser.
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Peut-être y était elle aller trop fort songea la Primordiale en observant Arkyn s'extirper de l'eau puis, tel un naufragé, s'asseoir à même le sable, toussant et crachant l'eau salé qu'il avait avalé bien malgré lui. Avec un pincement au cœur, Triniel coinça sa canne entre deux petites pierres puis descendit de son rocher. Pieds nus, elle s'approcha du Haut-Alfes qui se relevait tant bien que mal. Elle avisa aussitôt sa blessure, puis le bouquet de corail qui l'avait causé.

― Donne moi ta main, fut la première réponse de Triniel et sans doute pas celle qu'Arkyn voulait entendre. Elle précisa donc sa pensée en croisant son regard. Je vais soigner cela.

Sa propre main droite s'illumina doucement, un halo doré l'entourant peu à peu tandis que, par effet de transparence, on pouvait voir les vaisseaux sanguins au bout de ses doigts. Une douce chaleur se répandit dans la main meurtrie et se retira presque aussitôt, ne laissant qu'un épiderme parfaitement guérit et indolore.

― Je suis vraiment navrée, dit la Primordiale avec sincérité, relevant les yeux vers Arkyn.

Triniel fit ensuite quelques pas, jusqu'au bord de l'eau, et s'arrêta lorsque les vagues vinrent lécher ses pieds nus. Elle joignit ses mains dans son dos, observant l'horizon.

― L'archipel de Yanlei est un immense nœud tellurique, le plus lointain où j'étais en mesure de te transporter. Nous sommes à l'ouest de Cor'Dei, à la limite du territoire que nous connaissons. Je peux te le montrer sur une carte, si tu le souhaites.

Elle se tourna d'un quart vers lui, consciente qu'il avait besoin d'une réponse à sa principale question.

― Je suis ici, mais je suis également toujours à Tyr. Je suis aussi à Avalon et à cent autres endroits à la fois. Être le Primordiale de la Création m'accorde le don d'ubiquité. C'est de cette façon que je suis en mesure d'accomplir mon devoir le plus sacré. Elle fit une courte pause, reprenant son souffle. Celui d'accompagner les âmes des défunts aux portes de l'au-delà. Un millier d'âmes trépassent à chaque instant et un millier d'âmes naissent à chaque instant. Sans cette capacité, je serais bien incapable de remplir mon rôle.

Consciente que c'était une grosse information à digérer, mais aussi consciente que son Champion allait sans doute avoir plus de questions, Triniel s'employa à le débarrasser de l'eau qui alourdissait ses vêtements et ses cheveux. Elle ne contrôlait pas l'élément aqueux, mais elle pouvait invoquer devant elle l'eau qui se trouvait prisonnière des vêtements du Haut-Alfe. Triniel se concentra donc sur lui, sur ses habits trempés et ses malheureux cheveux collés à son visage. Puis, elle leva la main, se concentra sur ce qu'elle voulait faire et claqua des doigts. Instantanément, l'eau quitta le corps de son Champion pour venir humidifier le sable aux pieds de la Primordiale. Le sable s'assombrit et se solidifia à cet endroit.

Satisfaite, Triniel se déplaça jusqu'au bouquet de corail, qu'elle prit délicatement entre ses mains en prenant garde à ne pas toucher le sang de l'Alfe. Elle se rapprocha ensuite de ce dernier.

― Ceci est du corail. Des centaines et des centaines de petits animaux qui ont créé cette formation qui ressemble à de la roche, mais qui n'en est pas. Si tu te concentres suffisamment, tu peux en sentir toute la vie.

Pour Triniel, dont le regard était posé sur le morceau de corail, c'était comme si elle tenait un cœur battant entre ses doigts. Elle laissa quelques instants à Arkyn pour observer cette nouvelle découverte, puis la Primordiale s'approcha de nouveau de l'eau. Utilisant sa magie, elle transporta ce cœur vivant loin au-dessus de la surface de la mer, puis l'y laissa tomber.

― Le fond de la mer qui se trouve devant nous en est rempli et porte donc très justement le nom de "mer de corail". Lorsqu'on ne tombe pas dedans, il s'agit de quelque chose de très joli à observer.
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Lui donner la main ?! Décochant un regard alarmé vers la Vail, il pressa instinctivement sa dextre contre son corps comme une pieuvre rentrant dans sa noix de coco, échaudé à l’idée de lui confier la moindre partie de son corps après la violente téléportation et l'atterrissage aqueux dont il avait été l’infortunée victime. Voyant qu’il ne semblait pas être question de lui refaire voir du pays dans l’immédiat, il étendit la dextre lentement, farouche et prêt à la rétracter s’il ne s’agissait plus de le soigner.

Triniel prouva cependant une fois encore qu’elle tenait parole et il se sentit profondément soulagé lorsque la profonde coupure à sa main se referma, et que l’horrible élancement se résorba pour ne laisser qu’un léger picotement. Soufflant un remerciement sincère et spontané, il baissa les yeux sur ses vêtements ruinés et soupira. Bien que sans opulence outrancière, la fabrique était d’une facture exceptionnelle, preuve de son rang au sein de son peuple et du confort naturel de vie de la population exaltée.

A l’ouest de Varda ?

Il ne connaissait que son continent natal, et encore, c’était là beaucoup en dire.

Vous avez une carte ?

Où est-ce qu’elle rangeait cela ? Il s’approcha, son regard parcourant les alentours. Le soleil était moins direct, moins violent qu’au sain des monts Kehldarels, mais l’atmosphère était plus lourde et chaude, presque moite. L’air s’emplissait du parfum de la mer, mais également de ce qu’il identifiait comme étant un parfum végétal, peut-être des fleurs, l’eau était très claire, si pure qu’elle en était transparente, ou en tout cas le semblait, laissant son coeur visible à tous. D’autres formations de coraux formaient des colonies chatoyantes sur les récifs.

Parfois, un poisson filait sous la surface scintillante avant de disparaître de leur vue. Parfois, un oiseau marin plongeait dans un bruit bref. Sous ses bottes, le sable était meuble, d’un jaune très pâle. De sa vie, Arkyn n’avait jamais rien vu de semblable, et s’en trouvait à la fois répugné et curieux. En plissant les yeux, il discernait d’autres formes de vie, sous l’eau, en usant de sa capacité à voir l’énergie tellurique. L’une de ces créatures attira un instant son attention, une chose de forme ronde, mais allongée, hélas, Triniel attira de nouveau son attention…

Comment fonctionne-elle ?

L'avidité de la requête restait innocente. Il aimait entendre parler de magie.

Est-ce un rituel ? J’ai cru voir que vous usiez d’ancres par geste pour vos sorts, en nécessitez-vous également une pour cela ?

Plus important encore, avait-elle réellement la capacité à user de ses arcanes quel que soit le lieu sans restriction ou bien était-elle limitée ? C’était un fascinant sujet d’étude qui s’ouvrait à lui, et cela pourrait bien réparer la série d’affronts que la Vail lui faisait subir depuis près d’une vingtaine de minutes. Il voulait absolument pouvoir en discuter davantage, lui faire faire quelques expériences pour pouvoir documenter cette découverte et en comprendre toutes les implications. Un bref instant, il se perdit dans l’idée, oublieux du lieu.





Est-ce que l’usage des arcanes devient plus difficile, en fonction du nombre de vos ‘doubles ? Eh ?

Qu’est-ce qu’elle faisait, exactement ? Cillant, il se redressa, reculant le cou, et contempla la divinité prenant à pleine main la chose qui l’avait blessé. D’une humeur bien plus tempérée dès qu’il s’agissait de la chose qui avait attenté à son intégrité, il ne s’approcha pas, préférant garder une certaine distance, surtout quand Triniel annonça qu’il s’agissait d’une entité vivante. De nouveau, il se fit plus attentif aux flux telluriques et en effet, pu observer leurs filaments délicats reliés au nexus de la région.

Corail ?

Quel nom. En inspectant la chose avec grande attention, il était aisé de distinguer l’ensemble de l’unité vivante mais chaque filament était délicat et infime. Il devait y en avoir énormément.

Cela ressemble quelque peu à la ruche verdante, n’est-il pas ?

Les alfes sauvages étaient des créatures reliées à une forte unité, bien qu’individuellement reliés au flot de la vie. Ils agissaient de concert, malgré un esprit divisé, exactement comme ces centaines de petites créatures soudées en une seule colonie. Cependant, il ne notait rien de plus intéressant chez ces êtres vivants, aussi ne retint-il pas Triniel lorsqu’elle relocalisa la colonie. De nouveau, cependant, son attention fut attirée par quelque chose qui se trouvait dans l’eau, plus proche d’eux, cette fois, comme si la créature dérivait.

Cela semble très désordonné. Leur système de lien communautaire organique est une ébauche, et il semble exécuté de façon très aléatoire. Ces organismes ont-ils le moindre sens d’une stratégie sociétale ou est-ce purement un accident naturel ? Quoi qu’il en soit…

Il s’interrompit, observa fixement les ‘coraux’ avant de laisser filer un lourd soupire. Non décidément il ne comprenait pas, et pourquoi cette couleur aussi ? Ces couleurs à vrai dire. Etait-ce un piège pour une proie au moins ? Cela ne semblait, en tout cas, pas être une réaction issue de l’énergie tellurique, ou un quelconque phénomène surnaturel. Et puis il s’agissait d’organismes vivants, mais ils ne bougeaient pas ? Ils n’interagissaient pas ? Curieuses créatures, tellement … illogiques et brouillonnes.

Et évidemment, Triniel les aimait. Il lui coula un regard en coin. Oui, pas très étonnant en vérité, qu’elle apprécia. Il eut un instant d’hésitation, puis se tourna vers elle, et manqua se fouler la cheville en marchant sur … une chose. Basculant dans l’eau, dans une envolée aqueuse et un hoquet indigné, il bu la tasse, se brûla les muqueuses nasales à l’eau de mer, et ressortit en agitant les bras, toussant et crachant et manquant de couler en regagnant la rive sablonneuse péniblement. Outré, il attrapa le coupable de sa déconfiture, un concombre de mer bleu et vert, et l’agita, à deux genoux et une main devant la déesse de la création.

Et ça qu’est-ce que c’est ? Hein ? Je suis sur que c’est vous qui l’avait créé celui-là ! C’est une imitation de Syllxaeren c’est ça ? Une espèce de saucisse spongieuse bariolée ?
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― Au sud-ouest de Varda. Nous sommes a mi-chemin entre Sanctum, au nord, et Pandemonium, au sud.

Sanctum était un lieu que Arkyn devait être en mesure de placer sur une carte. De cette façon, peut-être, visualiserai t-il l'endroit où ils se trouvaient.

― Je peux en conjurer une, répondit distraitement la Primordiale.

Elle ne se promenait pas avec beaucoup d'équipement. À quoi cela lui servirait-il ? Elle pouvait le créer de toute pièce ou l'invoquer selon ses besoins. Triniel était une personne qui aimait voyager léger. Même son épée ne prenait pas de place grâce au Alium Commutationem qu'elle portait à la ceinture.

― Oui et non. Tu connais sans doute la Mortuorum Orationem, la prière des morts ? Le rituel de la préparation du défunt est presque identique entre les Nordey et les Vaïlys, commença à expliquer Triniel tandis qu'elle observait Arkyn explorer, de visu, son nouvel environnement. Cette prière en Angyalis est une incantation qui me sert d'ancre et facilite mes voyages. Mais, lorsque je connais un lieu, je peux également m'y rendre. Comme ici.

Son regard balaya l'horizon.

― Probablement, si j'en abuse, répondit-elle. L'énergie divine est conséquente, mais il n'y a rien d'illimité en ce monde, conclut-elle.

Pas même sa propre existence. Son corps ne pouvait pas mourir, mais son esprit pouvait être irrémédiablement endommagé. Ainsi, même sa vie, telle qu'elle la vivait aujourd'hui, n'était pas infinie.



Après avoir remis à sa place le corail, qui ressemblait bien à une ruche verdante, Triniel se tourna vers son Champion. Sa curiosité était piquée à vif et son esprit en pleine ébullition. Il était amusant et intéressant de le voir fonctionner, se posant mille questions pour tenter de comprendre. Pendant un instant, il semblait même avoir oublié qu'il se trouvait à des milliers de kilomètres de chez lui.

Triniel nota son regard en coin et fit mine de ne pas le voir, préférant observer le reflet du soleil sur l'eau cristalline. Le corail donnait à la mer des teintes fabuleuses qui avaient toujours beaucoup plu à la Primordiale. Celle-ci s'émerveillait souvent de peu et trouvait un grand plaisir dans la simple fabrication d'un bouquet de fleurs, alors le corail…

Toujours du coin de l'œil, Triniel vit le visage d'Arkyn se parer d'hésitation. À quoi pensait-il? Elle haussa un sourcil, prête à lui demander ce qu'il voulait, lorsque le malheureux glissa en arrière. Au ralenti, la déesse vit l'Alfe tomber à la renverse dans l'eau, dans un énorme "splaaash" qui l'éclaboussa elle aussi. Incapable de compatir au sort du malheureux Alfe, Triniel fut prise d'un fou rire lorsqu'elle le vit sortir de l'eau, pareil à un chat mouillé. Sa réaction, alors qu'il agitait sous son nez ce qui ressemblait à un concombre de mer, ne fit qu'accroître l'hilarité de la Primordial, qui se laissa tomber dans le sable, assise, incapable d'arrêter de rire. Des larmes se formaient au coin de ses yeux lorsqu'elle parvint enfin à contrôler sa liesse.

― Saucisse spongieuse bariolée, répéta Triniel en attrapant le concombre des mains de son Champion. Elle se remit à rire tandis que l'animal laissait son mucus sur ses doigts et elle manqua de l'échapper sur le sable tant il était glissant. Je ne manquerais pas d'évoquer cette magnifique comparaison avec l'intéressé lorsque je le croiserais, se moqua gentiment Triniel, il sera ravi !

Ne pouvant réfréner son sourire, Triniel se laissa tomber en arrière sur le sable blanc, se retenant sur ses coudes. Le concombre roula à quelques centimètres de sa main droite.

― Cet étrange animal est un concombre de mer. Mais les locaux les nomment aussi, de façon fort vulgaire mais très imagée, "couilles de dragons". Il parait que c'est un puissant aphrodisiaque. Tu veux le garder, peut-être ?

Encore ce sourire canaille, taquin. Elle riait à ses dépens, mais comment faire autrement ? Et voir piquer un fart était trop plaisante.

― Assis toi et cesse de bouger, mon Champion, je ne veux pas que tu te casses une jambe.

Le malheureux était encore trempé de la tête au pied et il lui faudrait sans doute de nouveaux vêtements cette fois-ci. Triniel fit de son mieux pour retrouver son sérieux, mais son sourire taquin était persistant.

― Si tu souhaites continuer ton exploration du milieu marin, peut-être voudrais tu apprendre à pêcher ? Cela ne demande pas de se mouiller… Même si au point où tu en es...
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Et en plus elle se moquait de lui ? La rougeur remonta le long de son cou pour enflammer sa nuque et ses joues et sa poigne se durcit sur le mollusque. Si jusqu'ici il avait supporté ses mésaventures, elles avaient néanmoins rongé sa patience. Et ce manque de patience ne fit que s'accentuer quand il découvrit le mucus sur ses mains au départ du concombre. Son premier réflexe fut la panique, bien entendu, tandis qu'il agitait la main, répugné, et la plongeait dans l'eau pour frotter sa dextre au sable dans l'espoir de la nettoyer de ces humeurs infâmes. La nausée dansant sur sa langue, l'alfe ne cessa qu'en sentant une douleur diffuse parcourir ses doigts.

Il se redressa, le gant constellé de sable, humide d'eau mais défait de tout mucus, et décocha un regard courroucé en direction de la Vail, pas prêt à oublier son hilarité.

« Absolument pas et c'est d'un mauvais goût terrible ! En plus je suis certain qu'aucun d'eux n'est allé vérifier l'appareil génital d'un dragon avant de se permettre de nommer une pauvre créature repoussante en leur honneur. En plus qu'est-ce que ça veut dire aphrodisiaque ? »

Sec et outré par la barbarie des humains et leurs terribles manières, l'Alfe considéra très sérieusement la possibilité de se téléporter chez lui pour ne plus en sortir.

« Dans une contrée aussi sauvage c'est plus qu'une jambe que je vais finir par me casser. C'est toute mon essence que je vais y perdre »

Le regard qu'il porta sur l'extérieur fut cet fois emprunt de méfiance et il recula pour être dos à la roche, en faisant très attention à ne pas marché de nouveau sur quelque créature étrange et repoussante. Cet archipel semblait jonché de menaces plus étranges les unes que les autres et il commençait à regretter ses montagnes pures et familières. Là-bas, il n'y avait absolument aucune de ces choses terribles qui se cachaient dans les recoins en attendant de trouver une occasion de mettre du mucus partout. La proposition valut à Triniel un coup d’œil noir, et Arkyn pinça les lèvres en croisant les bras.

« Je n'ai jamais voulu venir ici en premier lieu ... »

Et il n'avait aucune intention de s'approcher encore de l'eau. L'idée même était repoussante. Surveillant la surface avec méfiance, l'Alfe pu constater que la chose qu'il avait aperçu précédemment s'était de nouveau rapprochée. Se redressant hors de l'abri de roche, il s'approcha précautionneusement du bord de l'eau pour surveiller d'un peu plus près ce que la chose allait faire. N'avait-il pas affirmé que cet archipel était remplit de créatures affreuses ? Mais celle-ci… celle-ci, c'était vraiment la goutte faisant déborder le vase. Avec un hoquet de dégoût, il recula lentement, dépassa Triniel et alla se percher en glissant sur le rocher qu'elle avait quitté un peu plus tôt.

« Mais qu'est-ce que c'est encore que ça ! »

Tétanisé en haut de la formation rocheuse, le plus loin possible de l'amas gélatineux qui remplissait lentement les eaux alentours, et cette fois, il craqua pour de bon. Il avait été projeté hors de chez lui, il était mouillé, on l'avait mordu, fait glissé et on se moquait de lui, mais il était hors de question qu'il subisse en plus une attaque de choses informes et gélatineuses comme celles qui grouillaient à présent dans l'eau et entourait l'îlot sur lequel ils se trouvaient. Une seconde… elles entouraient l’îlot ?

« Triniel ! Emenez-nous loin d'ici, pitié, j'ai compris vous voulez me faire apprendre une leçon, je vous écouterais mais par pitié, ailleurs qu'ici ! »
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― Un aphrodisiaque est une substance naturelle ou alchimique utilisée afin de stimuler le désir sexuel, expliqua Triniel d'un ton très académique.

En revanche, les fossettes aux coins de ses yeux ne trompaient pas, la Primordiale était fort amusée de tout cela. L'absence de second degré, ou ne serait-ce que d'une once d'humour, chez Arkyn était sujet à bien des moqueries de la part de Triniel, qui imaginait déjà tout ce qu'elle pourrait faire subir à son champion. Mais, pas tout en même temps et pas trop vite, il n'était pas question de le faire fuir.

― Je m'assurerais qu'il ne t'arrive rien de grave ou irréversible, mon très cher Champion, répondit l'angyal avec un grand sérieux cette fois-ci.

Elle voulait lui faire explorer le monde, mais à le voir ainsi, dos à la roche, il était clair que tout cela se ferait par petits pas. Si Arkyn n'avait pas connu Triniel, il n'y avait pas de doute : jamais le Haut-Alfe n'aurait quitté sa ville dans les montagnes.

La Primordiale se releva alors qu'Arkyn croisait les bras, l'air boudeur. Elle l'observa alors que lui-même était concentré sur la surface de l'eau. Avait-il vu quelque chose ? Triniel se tourna également et plissa les yeux, quelque peu éblouie par la lumière du soleil qui se reflétait sur la surface de l'eau. Elle mit sa main en visière alors que le Haut-Alfe quittait l'abri précaire de la roche, mais ne vit rien. Aussi fut-elle très surprise lorsque, semblant fuir une vision cauchemardesque, Arkyn grimpa tant bien que mal sur le rocher qu'elle avait quitté un peu plus tôt et ou elle avait abandonné sa canne à pêcher.

― Quoi donc ? Je ne vois rien, répondit Triniel dans le plus grand des calmes alors que son Champion semblait sur le bord de la crise de panique. Fronçant les sourcils, ne comprenant vraiment pas ce qui paniquait autant Arkyn, la Primordiale s'approcha de l'eau. C'est à ce moment, grâce au soleil, qu'elle vit les méduses. Beaucoup de méduses, qui entouraient peu à peu la plage et l'îlot où ils se trouvaient.

Les éclats de voix de l'Alfe, sur son rocher, firent se tourner Triniel. Face à sa panique, elle ne pouvait pas rester de marbre et une vraie pointe d'inquiétude prenait son cœur en étau.

― Je n'ai… Bon, d'accord.

Triniel leva la main droite, lançant sa magie vers Arkyn au moment même ou ses grandes ailes sombres apparaissaient dans son dos. Elle les déploya et, d'une impulsion puissante, se propulsa au-dessus de l'Alfe. Emprisonné dans sa magie, il s'envola en même temps qu'elle.

N'aie pas peur, je te tiens*.

Son emprise télékinétique sur Arkyn était solide et, de toute façon, ils n'allaient pas loin. En deux battements d'ailes, Triniel était au sommet de la falaise qui surplombait l'îlot où ils s'étaient tenus et, doucement, la Primordiale déposa son précieux fardeau dans l'herbe bien verte. Un vent rafraîchissant soufflait depuis la mer tandis qu'elle se posait à côté de lui.

― Tu ne crains rien avec moi, lui dit-elle calmement tandis qu'elle levait de nouveau la main droite. Cette fois-ci, elle fit appel à son propre pouvoir pour apaiser l'esprit de son Champion et lui apporter un peu de sérénité. Tu es en sécurité temps que nous sommes ensemble, je ne laisserais rien ni personne te faire du mal.

Ses grandes ailes caressèrent l'herbe alors que Triniel s'agenouillait près de lui, séchant de nouveau ses vêtements grâce à ses pouvoirs.

― Comment te sens tu ? S'enquit-elle avec une douceur qui pouvait l'étonner, un pli inquiet barrant son front.




* télépathie
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Sentir une aspiration vers le haut, puis ses pieds quittant le sol, provoqua chez l'alfe une ascension de panique éperdue pendant quelques instants, faisant tambouriner son coeur et battre le sang à ses tempes. Il battit des bras et des jambes dans le vain espoir instinctif de trouver le moindre appui qui lui permettrait de ne pas tomber. Mais il ne tombait pas, et il lui fallut quelques instants pour le comprendre, puis pour se calmer. Raide comme la justice, tremblant sourdement et les yeux exorbités, Arkyn attendit qu'on le repose. Et une fois que ce fut fait, il vacilla et tomba à genoux dans l'herbe tendre.

La vision du rocher s'éloignant au-dessous de lui, entouré par l'essaim grouillant et flasque, restait gravée dans ses prunelles. Pendant un instant, il avait cru tomber là-dedans et mourir. Même avec la promesse faite par Triniel, la vue de ces choses l'emplissait d'une peur panique. Il n'avait aucune idée de ce dont il s'agissait très exactement et n'avait pas envie, en vérité, de le savoir. La sensation qui lui retournait l'estomac et manquait de le paralyser était bien suffisante pour lui. Il voulait absolument s'éloigner de cet endroit, l'oublier et surtout, surtout, ne plus jamais s'approcher de ces monstres répugnants.

S'affalant à même le sol sans plus prendre garde à l'état de sa mise, Arkyn resta de longs instants silencieux, tentant de se remettre de sa peur panique. Lentement, la sensation du sol ferme, de l'herbe fraîche et l'obscurité bienfaitrice lui permirent de se détendre et de cesser de trembler. Le malaise passa, et il se redressa lentement, ouvrant les yeux sur un vert végétal neutre et accueillant. Prenant appuis sur ses mains gantées, l'alfe se souleva et s'assit, la tête lourde et les yeux agressés par le sel marin et le sable. Chassant de nouveaux ses boucles blanches, il observa les environs, et les découvrir vides de toute présence gélatineuse acheva de le réconforter.

Il sentit à cet instant quelque chose caresser son esprit comme une onde douce qui fit cesser les élancements et combla sa psyché fragilisée par ses récentes épreuves. Pas dupe mais pas irrité d'être ainsi la cible de la magie de la Vail, il leva un regard d'un bleu paon terne sur elle.

« Merci...  »

L'intervention de Triniel lui rendait complètement sa sérénité, mais avec le calme, l'énergie provenant de l'adrénaline et de la peur le quittait, le laissant terrassé par la fatigue. Il ne l'était pas cependant assez pour se rendre compte de sa soudaine douceur, et se demanda si elle aussi avait eut peur.

« Ces choses étaient répugnantes  »

Soupirant, il se remit péniblement debout, chassa un pli de sa manche droite mais n'alla pas plus loin, se tenant fermement éloigné du bord de la falaise. Grâce à la Vail, il était de nouveau sec, lui épargnant la désagréable sensation de tissu humide plaqué à sa peau délicate.

« Je suis fatigué  »

Il lui jeta un regard incertain, un peu méfiant.

« Vous ne vous moquez pas de moi cette fois ?  »

Pas de rire, pas de taquinerie ou de blague. Son regard n'était pas joyeux ou pétillant. Non, de toute évidence elle ne se moquait pas de lui, cette fois. Devant cette constatation, il se trouva quelque pu déconcerté, ne sachant pas bien comment réagir. Pour le moment, il n'avait pas la moindre envie de refaire face à quoi que ce soit qui se trouverait en bas, sachant qu'au vu de ses efforts, une nouvelle rencontre avec ces choses gélatineuses le ferait rentrer séance tenante au sein de Tyr pour ne plus jamais en ressortir. Or il faisait confiance à Triniel, et il avait lui-même été d'accord pour venir, en premier lieu.

« Triniel ? Est-ce qu'il y a une quelconque forme de civilisation ici ? Je suppose qu'il n'y aura pas de ces immondices gélatineux là-bas et … un lieu où je pourrais m reposer tout en apprenant le monde extérieur. Qu'est-ce que vous en pensez ? Vous connaissez un lieu comme cela ?  »

De toute façon, rentrer lui demanderait de subir une nouvelle téléportation et la distance en faisait une entreprise hasardeuse qu'il ne se sentait pas de s'infliger, ou d'infliger à sa tutélaire d'ailleurs. Baissant les yeux sur ses manches, il considéra la fabrique, pinça les lèvres comme s'il venait d'avaler un met particulièrement amer, puis déglutit avant de reprendre en tentant de ne pas marmonner. Ce n'était pas réellement qu'il s'attristait de la perte de ses atours, mais bien davantage de présenter si mal et surtout de perdre une des seules choses qui le reliait à sa demeure au cours de ce voyage.

« Un lieu où je pourrais trouver une nouvelle mise également … je crois que celle-ci n'a que trop souffert de cette aventure  »

A nouveau, il glissa un regard vers la falaise, et réprima un frisson.

« Peut-être que cela sera finalement une bonne chose et que je serais moins apparent  »

Tout, tant qu'il pouvait s'éloigner de ces choses, il voulait bien faire un effort supplémentaire.

« Je suis navré. Je ne sais pas ce qui m'a prit… Ces choses… elles me révulsent autant qu'un Alfe Sombre  »
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― De rien, répondit-elle naturellement en lui souriant doucement. Sa voix était douce, portée par un vent chaud et réconfortant. De part et d'autre, ses ailes offraient toutefois une ombre agréable. Ces choses se nomment "méduses". Je ne les trouve pas très belles, moi aussi.

En revanche, elles étaient des créatures fascinantes. Mais cela était pour une prochaine fois. Triniel se redressa en parfaite synchronisation de l'Alfe, une main à demi-levée, prête à le soutenir s'il en avait besoin.

― Non, je ne me moque pas de toi, répondit de nouveau Triniel avec ce même ton délicat, en contraste total avec son apparence humaine.

Triniel joignit ses mains dans son dos, droite, en attente. Elle préférait lui laisser le temps de rassembler ses pensées après tant d'émotion. Elle-même en profita, alors que le vent jouait avec les plumes de ses ailes, pour se remémorer la direction à prendre afin de rejoindre le plus proche village. La Primordiale n'était, en effet, pas venue ici par hasard et connaissait assez bien les lieux.

― Approches, lui dit-elle en levant la main droite, balayant de celle-ci ses excuses. Elle ne lui en voulait pas.

La seconde suivante, elle levait l'autre et une carte apparaissait entre ses doigts. Le parchemin était en bon état et, tracé à l'encre noire, les contours de Teos s'offraient aux curieux. Triniel se mit dos au vent, s'agenouilla dans l'herbe et ouvrit légèrement ses ailes - faisant paravent - afin de rendre la lecture de la carte plus évidente.

― Nous sommes ici, dans l'archipel de Yanlei, sur l'île sud.

Son index se posa à l'ouest de la carte

― Et Tyr se trouve ici.

Une nouvelle fois, son index se posa sur la carte mais beaucoup plus au centre cette fois-ci.

― La distance que tu a parcouru est d'environs 2500 kilomètres. Notre destination, Pandemonium, se trouve là.

Son doigt revint vers le sud-ouest et indiqua les montagnes noires de Shaiya.

― Je pourrais t'y transporter séance tenante mais je crois que ce serait trop pour toi, pour aujourd'hui, dit-elle en relevant le visage vers son Champion. Alors, pour répondre à ta question, oui, il y a de la civilisation par ici. Là-bas, nous pourrons sustenter, nous reposer et tu trouveras, bien évidemment, de nouveau atours. En disant cela, Triniel se redressa et tendit le parchemin à Arkyn. Tu peux la garder, je te l'offre.

N'attendant plus, Triniel se mit à marcher. Ce n'était pas, et de loin, son moyen de transport favori, mais elle se voyait mal s'envoler et laisser le pauvre Arkyn tout seul. Elle ne tenait pas non plus à le faire léviter, alors le choix de la marche à pied s'imposait de lui-même. Un petit chemin de terre ne tarda pas à venir border l'herbe verte sur laquelle ils marchaient, Triniel toujours nu-pied. Elle avait toujours appréciée vagabonder ainsi dans l'herbe verte, savourant la fraîcheur et la douceur de celle-ci sous sa voûte plantaire. Ses cheveux sombres tout comme ses grandes ailes - si grandes qu'elles traînaient légèrement derrière elle - voletaient dans le vent, délivrant au nez d'Arkyn un parfum délicat de vanille.

Le silence s'étira quelque peu entre la Primordiale et son Champion, mais Triniel ne jugea pas nécessaire de le briser. Elle savait l'apprécier.

Lorsque, au loin, la silhouette du village se dessina après un quart d'heure de marche, la Vail coula un regard vers l'Alfe.

― L'Histoire raconte que, alors que les Humains étaient les esclaves des Alfes Sombre, la dragonne sombre nommée Shalassa leur vint en aide. Celle-ci, outragée que les Alfes aient osé rechercher les secrets des ombres, rompit son pacte avec l'Impératrice Nocturne et menaça de détruire la ville de Myrthin si les esclaves humains ne lui étaient pas remis. Cela fut fait. Désireuse de les guider vers la lumière, Shalassa s'associa avec un autre dragon, nommé Kaar, et emporta les anciens esclaves jusqu'ici, l'archipel de Yanlei. Ils veillèrent ensuite sur les humains, devenus le peuple Eiji. Ils furent, d'ailleurs, aidés par un dragon que nous semblons tous deux connaître : Syllxeraen.

Le village se rapprochait. De là où ils se trouvaient, Arkyn et Triniel pouvaient distinguer les toits aux courbes et couleurs typiques de l'archipel, ainsi que les nombreux arbres qui embellissaient le paysage. Un peu à droite, des silhouettes courbées travaillaient la terre, probablement une culture de riz.

― Avec le temps, les Eiji se tournèrent vers le culte Angyalis et plus particulièrement Nordey, comme toi. Mais depuis la guerre contre les nécromanciens, la foi envers Shalassa et Kaar trouve de nombreux adeptes.

Ils arrivaient aux portes de la ville, enfin. Le chemin de terre laissa sa place à quelques pavés, bien que mal scellés par endroit. De nombreux regards, curieux pour la plupart, se posèrent sur Arkyn tandis que Triniel avait fait, depuis un moment déjà, disparaître ses ailes.

― Les Eiji sont souvent admiratifs des Hauts-Alfes, tout devrait donc bien se passer, n'est-ce pas ?

Elle lui coula un regard en coin, croisant mentalement les doigts pour qu'il se montre charmant.
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Il approcha, sans se presser, le regard interrogateur, d’un bleu pervenche. Un parchemin ? Il se matérialisait lentement, la matière naissant du vide et de la pensée, conçue par l’énergie tellurique. Il voyait le flot, tumultueux même pour une oeuvre aussi réduite. L’art de l’invocation était l’un des plus demandeurs en énergie, de par les prouesses qu’il pouvait accomplir. Les filaments invisibles pour les races inférieures s’étiraient sous ses yeux pour disparaître au contact de l’objet en formation, jusqu’à ce que celui-ci apparaisse, un et entier, au sein du monde physique.

Une carte, semblait-il, tandis que la Vail déroulait le parchemin d’un geste fluide, dévoilant à l’Alfe des tracés inconnus. C’était Cor Dei, cela ? S’agenouillant avec elle, il déposa son index près du sien, pour ancrer ses mots. Sur la carte, la région était calligraphiée de dizaines d’îles, de tailles inégales, entourées des nénuphares et de ce qui ressemblaient aux coraux. Des ébauches stylisées de constructions bipèdes étaient parfois présentes, délicates. Tout à l’ouest, le symbole de l’empire de sang noircissait une poignée d’îles.

A… n ?

C’était ce que la carte indiquait, dans la zone sous la dextre de la déesse. Deux autres écrits indiquaient respectivement ‘Yume’ et ‘Suva’ sur l’île la plus imposante du nord de l’archipel, et sur un groupement d’îles à l’ouest sous le blason Nocturne. Celui-ci, pour la seconde fois, fit froncer les sourcils de l’exalté. Qu’est-ce que cela faisait là ? Il n’avait jamais entendu parler d’une forteresse sombre hors des terres de Varda, surtout avec l’incessante guerre qui opposait le grand bouclier à leurs cousins hérétiques.

Triniel ? Qu’est-ce ?

Il glissa l’index sur la marque sombre.

Pourquoi est-ce là ? Qu’est-ce que cela indique ?

Suva. Il ne connaissait rien de ce nom, pourtant il connaissait les Nocturnes. Se pouvait-il que ces créatures corrompues assaillent également l’archipel ? Si c’était le cas, peut-être devrait-il prévenir le haut conseil de son peuple afin que des mesures soient prises. Il était criminel de laisser la souillure de l’empire sanglant se répandre au sein de Cor Dei. Telle une maladie, elle devait être traitée, excisée si le besoin s’avérait. Il ne s’était pas attendu à trouver des Nocturnes ici, mais si c’était le cas, alors leur venue était sans doute le fruit de la providence divine.

Voyant la Vail se relever, il l’imita et serra les mains sur le parchemin.

Merci

Il plia proprement le vélin et le glissa dans l’intérieur de son manteau en attendant de trouver une meilleure cachette. Lissant de nouveau sa mise, il vit Triniel s’éloigner, sursauta et pressa le pas, trottinant presque pour la rejoindre. Même s’il était plus grand, sa marche était beaucoup moins énergique, et il bataillait pour rester à sa hauteur sans glisser ou trébucher. Même si marcher n’était pas dans ses habitudes, il y trouvait pour l’instant un certain réconfort car cela signifiait ne pas risquer de tomber encore à l’eau, ou de flotter au-dessus de méduses.

Sa bonne volonté, cependant, s’effrita avec les minutes qui s’égrenaient. Par pur instinct, son esprit se détourna de la marche pour vagabonder. Le temps fila, tandis qu’il réfléchissait et lorsque Triniel rompit le silence, il fallut quelques instants à l’Alfe pour s’en sevrer. Cillant, Arkyn s’arrêta, lui décochant un regard interrogateur, puis tourna sa mire dans la direction qu’elle-même observait. Au loin se dessinaient les premiers bâtiments locaux, trapus, aux toits curieusement pointus. Plus loin encore, plus haut également, veillant une grande structure peinte.

Vous parlez au passé. Pourquoi ?

Les dragons n’étaient-ils plus ? Pourtant il avait croisé le boréal la semaine passée ! Ou bien était-ce celle d’avant ? Voilà que sa perception du temps lui jouait des tours. La suite de l’histoire coula des lèvres de la déesse, sans toutefois répondre à sa question. Lui-même était troublé. Pourquoi considérer des dragons comme des dieux ? Les races inférieures étaient-elles si ignorantes ? Un dragon n’avait rien d’un dieu après tout, ce n’était qu’une créature intelligente possédant un fort lien avec une essence arcanique.

Admiratifs des Hauts Alfes ? Comment pourraient-ils être …

Sa voix s’étiola alors que son regard accrochait les silhouettes des locaux, de petites créatures qui s’arrêtaient pour observer leur arrivée. Mirant promptement Triniel, il pu constater qu’elle avait dissimulé ses ailes, le plongeant dans une nouvelle confusion. Si ce n’était pas elle qu’ils regardaient ainsi, c’était lui , Mais pourquoi ? Soudainement très conscient de sa personne, et des nombreux défauts causés par sa mésaventure dans l’eau, il attrapa une mèche de cheveux immaculée pour tenter de la lisser.

Et bien … Je suppose que je ne vais pas me plaindre si certains humains voient encore la lumière de Sanctum … mais tout de même

Il sentait leurs regards avides et en était gêné. Décidé à les ignorer, il observa un instant l’intérieur du village, puis le haut bâtiment sur la falaise, se redressa de toute sa hauteur et marcha droit vers lui. La route montait, lui faisant mal aux pieds, mais motivé par la présence des humains qui se massaient derrière eux, il ne se plaignit ni ne ralentit. Parvenu jusqu’aux portes de bois et de bleus, il cessa enfin, observant le dessin, puis les heurtoirs sculptés à l’effigie d’une tête de dragon des mers, et finalement, en prenant un pour frapper contre le bois.

Après d’interminables minutes, la porte s’ouvrit sur un prêtre en robes blanches et azures, alors qu’Arkyn en venait à une très simple conclusion.

Triniel… Je ne parle pas l’humain
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― Il s'agit de Suva. C'est un… Protectorat des Alfes Sombres. Un endroit isolé, mystérieux. Je n'y suis jamais allé, pour être tout à fait franche, mais l'île fut prise par les Nocturnes voilà longtemps déjà. Leur flotte est la plus puissante, ils vinrent - autrefois - jusqu'à Shaiya également.

La Primordiale hausa les épaules, comme si cette information était banale. Triniel oubliait bien trop tôt que le Haut-Alfe n'avait aucune idée du monde extérieur et que cette carte était sans doute la première vision globale qu'il avait de Cor'Dei.

----

Ils arrivaient au village. C'était une bourgade charmante - à première vue - aux bâtisses typiques, au chemin pavé et recouvert, par endroit, de mousse et d'herbes folles. L'endroit pittoresque plut aussitôt à Triniel, qui huma longuement l'air de la campagne. Accroché aux devantures des maisons, des lampions rouges attendaient la nuit pour être allumés. Dans ce décor, Triniel ne passait évidemment pas inaperçu. Mais, à côté du Haut-Alfe, son visage d'humaine était totalement inintéressant. Cela lui convenait parfaitement, pour l'instant, mais le trouble profond qu'elle décela sur le visage de Arkyn, lorsqu'elle se tourna vers lui, la poussa à ralentir le pas pour l'attendre. Il était vrai que, avec son air débraillé, il devait se sentir mal à l'aise alors que tous les habitants qu'ils croisaient se tournaient vers lui pour le dévisager.

― Nous sommes à la campagne, ils ont encore moins l'habitude des étrangers que les habitants de la capitale, commenta Triniel.

Celle-ci le suivit tandis qu'il menait leur marche. Derrière eux, formant une procession, une poignée de villageois les suivaient. Lorsqu'ils amorcèrent la monté vers ce qui semblait être un temple, une petite foule s'était amassée derrière eux tandis que des enfants, courants ente les jambes des adultes, passaient au-devant de l'improbable duo et les précédaient sur le perron du grand bâtiment.

Une grande porte teintée de bleu les arrêta. Triniel en étudia le heurtoir, puis s'en désintéressa rapidement, lui préférant la foule qui se trouvait là. Des murmures qu'elle captait, tous semblaient intrigués et honorés par la présence de l'Alfe. Des voix dans l'accent étaient fort différent du sien et qui, soudainement, lui fit réaliser qu'ils ne parlaient pas l'angyalis.

― Oh… et bien, c'est facheux, fit Triniel en retrouvant son air canaille.

La porte s'ouvrant devant eux, la Primordiale passa devant l'Alfe. Face à la nature de ses visiteurs, le prête qui leur avait ouvert s'exprima aussitôt en langue commune, ce qui fit soupirer de soulagement la Vail. Celle-ci s'éclaircit la voix.

― Salutations, prêtre.

Un détail sur la tenue du prêtre fit sourire la Primordiale, qui sortit d'une poche un pendentif en argent qu'elle présenta à l'homme.

― Je vois que ce temple est dédié à la guérison. Mon compagnon et moi-même avons fait une longue route depuis le continent du nord, accepteriez-vous que nous nous reposions entre vos murs avant de reprendre notre chemin ?

Si sa compréhension et son parlé ne souffraient que de peu de fautes, son accent angyal s'entendait. Mais, cela, le prêtre ne sembla guère le noter - ou n'en montra rien - et tira le battant pour ouvrir la porte en grand. Satisfaite, la déesse sourit en rangeant le pendentif et tendit le bras devant elle pour laisser Arkyn passer le premier. La porte se referma lorsqu'elle eut pénétré dans l'enceinte du temple juste derrière lui.

Coupée des murmures de la foule, Triniel nota immédiatement la sérénité des lieux. Un jardin s'ouvrait devant eux, bordés d'arbres et de fleurs aux couleurs éclatantes. Des bassins, de part et d'autre du chemin pavé, accueillaient de gros poissons colorés. Triniel se pencha pour les observer alors que le prête continuait d'avancer.

― Le temple possède quelques habitations. L'une d'elles vous conviendra sans doute.

― Ce sera parfait.

Le prêtre qui les avait accueillis les fit traverser le temple. Très curieuse, Triniel se fit violence pour ne pas questionner l'homme plus que de raison, jetant de temps en temps un coup d'œil distrait sur Arkyn qui ne comprenait visiblement rien. Plus tard, se dit-elle, elle prendrait le temps de visiter les lieux.

― C'est ici.

La petite maison ne l'était pas tant que cela et Triniel jugea que le domaine du temple devait avoir une taille plus que respectable. Cela n'avait rien d'étonnant si cet endroit était unique dans les environs. De nombreuses personnes devaient voyager jusqu'ici.

Cette fois-ci, la Primordiale fut la première à l'intérieur.

― Il est souvent bien vu de retirer ses chaussures lorsqu'on rentre dans une maison.

Elle-même toujours pieds-nus, Triniel préféra claquer des doigts pour s'assurer d'avoir les pieds propres avant de s'avancer dans ce nouvel environnement.

― Dans le Royaume de Yume, sur l'autre île principale de l'archipel, il s'agit même d'une obligation.

La Primordiale fit quelques pas dans la salle principale, avisant du coin de l'œil deux chambres séparées. Sur le couchage de l'une d'entre elle, qu'elle pouvait apercevoir de là où elle se trouvait, Triniel vit des vêtements propres. Cela ferait, sans aucun doute, plaisir à l'Alfe.

― Voudrais-tu que je t'enseigne la langue commune ? Si chaque peuple possède son langage, la langue commune a de nombreux locuteurs de par le monde. La connaître te sera utile. Pas immédiatement, bien entendu. Là, tout de suite, je pense que je vais profiter dubain thermal de ce temple...
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Oui, c’était fâcheux en effet ! Ce qui était encore plus fâcheux, c’était qu’elle le laisse se débrouiller ! Elle n’allait pas faire cela, n’est-ce pas ? Il l’observa attentivement, à la recherche de son habituel sourire qui s’achevait pour lui par un plongeon dans une eau infestée de méduses. Ah le voilà, il était là, le sourire redouté. Elle allait le laisser se débrouiller seul. Mais pourquoi ? Il avait accepté de venir et il avait fait des efforts ! Elle ne pouvait pas lui faire ça ! Et la porte qui s’ouvrait, et l’humain chauve qui sortait et… et… elle parlait ?

Le soulagement lui scia les jambes, et il ne se retint pas de la remercier d’une petite voix, pieux. Devoir essayer de communiquer avec ces individus l’aurait achevé, dans l’immédiat. Se plaçant derrière la Vail, Arkyn attendit qu’elle eut, de toute évidence, arrangé leur séjour avant de repasser devant pour observer l’intérieur du bâtiment. Le sol était lisse et froid, blanc, aux dessins et fresques bleus et or, fleurissant jusqu’à une première porte dans un azure doux, sur une autre dans un orangé chaud. Les murs étaient lambrissés, le bois offrant une riche senteur entêtante.

Le silence était prégnant, au sein du bâtiment, profond, reposant. Sans même le vouloir, les tensions commencèrent à le quitter. Ils dépassèrent un jardin intérieur riche et verdoyant, l’Alfe laissant toujours son regard courir sur les sculptures de bois et de pierres, les peintures étranges et colorées et les gravures du bois et des linteaux de portes. Il ne s’était pas attendu à trouver de l’art chez les hommes, et cela l’intriguait. Ne comprenant pas ce qui se disait, il se contentait de suivre Triniel et d’observer les décorations.

Manquant rater l’entrée de la Vail dans la demeure qu’on leur attribuait, l’Alfe sursauta et s’empressa de la suivre, uniquement pour être stoppé par elle. Relevant les yeux, il pencha la tête sur le côté, interrogateur, puis fronça légèrement les sourcils, confondus. Retirer ses chausses ? Qu’est-ce que c’était encore que cela.

Pourquoi ?

Se détournant pendant l’explication, l’Alfe changea son appui d’un pied sur l’autre, cherchant comment se plier à cette étrange coutume sans se salire encore davantage. Ce fut finalement en manquant de tomber plusieurs fois, vacillant et gauche, il resta debout tout en délaçant ses bottes, l’une après l’autre.

Quelle idée…

Quand il eut enfin réussi à se défaire de ses bottes et qu’il put enfin entrer, ce fut pour découvrir un plancher de bois laqué, lisse et sans défauts. L’entrée était coupée de ce qui ressemblait à la pièce principale par un demi-mur en bois et cadres de ce qui ressemblait à du papier. La pièce était spacieuse, sobrement meublée et respirait la fraîcheur et le propre.

Il s’avança. Le centre de la pièce était creusée, en pyramide, vers un espace tapissé d’un tissage bleu, vert, argent et blanc, sur lequel reposait une table basse. Le degré le plus large de la pyramide était orné de coussins d’un gris poudré, tandis que les degrés les moins larges présentaient divers objets étranges, mais qu’il identifiait comme des décorations culturelles.

Fort bien. Apprenez-moi en ce cas

Après un bref instant, il ajouta une question impromptue :

Le bain thermal ?

Dire qu’il n’était pas au bout de ses peines serait un euphémisme. Mais pour l’heure l’idée d’un bain dans une source médicinale naturelle, chaude et réconfortante, ne le rebutait pas le moins du monde, aussi se montra-t-il d’excellente disposition, qualifiant même l’idée d’agréable. Laissant Triniel partir en premier l’Alfe fut contraint de perdre un peu de temps lorsqu’il vit la couleur sombre des tissus et qu’il dû essayer, contrairement à ce qu’il avait espéré, de se faire comprendre des résidents.

Ayant finalement obtenu une mise qui ne l’insulterait pas, il parvint à trouver les bains, se retrouva à batailler pour comprendre lequel des tissus était destiné au bain, pour d’ôter ses précédents vêtements afin de se draper dans la gaze soyeuse et crème. Il sortit à l’intérieur de la source chaude emplie d’une fine brume chaude, et allait s’avancer vers l’eau quand il repéra, à son grand désarrois, une silhouette familière.

Triniel ?! Mais que faites-vous là ? Où sont vos vêtements ?!

Sans prendre garde à avoir haussé le ton, l’Alfe soudainement écarlate battit en retraite jusqu’à l’antichambre de bois, refusant de revenir.
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― De ce que j'en sais, c'est une question d'hygiène et de bien-être, répondit sérieusement Triniel. Cela évite de faire rentrer à l'intérieur les saletés de l'extérieur… Pour ce qui est du bien-être, il faut savoir que les Eiji pratique la réflexologie plantaire. Pour résumer, le dessous des pieds comporte plusieurs points, tous reliés à une autre partie du corps. En massant un point précis, on peut, par exemple, dénouer les muscles du dos. Donc, marcher pieds-nus stimule ces points et contribue ainsi au bien-être.

Plutôt satisfaite de son résumé, Triniel laissa Arkyn se déchausser.

― Parfait. Cela fait un moment que je n'ai pas enseigné la langue commune, mais je ne pense pas me tromper en disant que tu es ordinairement un élève impliqué.

Elle lui glissa un regard en coin, haussant un sourcil d'un air entendu. C'était là un compliment, bien évidemment. Sa question suivante fit sourire la Primordiale, qui se tourna complètement vers son champion. Elle eut, toutefois, un temps d'arrêt en le voyant pied-nu. Habitué à voir les Hauts-Alfes comme des personnes guindés, la vision d'Arkyn les pieds nus était aussi étrange qu'amusante.

― C'est assez commun chez les Eiji, encore plus dans un temple comme celui-ci, expliqua la Vail. Oh, il est vrai que tu n'as pas compris notre conversation. Ce temple est dédié à la guérison, lui révéla Triniel. Rejoignons-nous sur place, si tu es d'accord.

Laissant l'Alfe seul, Triniel quitta la petite habitation. Suivant son instinct, elle laissa ses pas la guider à travers le temple. Elle parcourt ainsi les jardins - où plusieurs personnes prenaient soin des plantes ou taillaient les arbres - et tomba, finalement, sur les fameux bains. Ils se trouvaient derrière les habitations, excentrés et à l'abri des regards. Lorsque la Primordiale y pénétra, elle fut immédiatement frappée par le silence des lieux, ce qui signifiait qu'elle était seule.

Elle se dévêtit dans l'antichambre, plia soigneusement ses vêtements puis sortit de l'autre côté, les cheveux relevés afin de ne pas les mouiller. L'air était chargé d'une fine brume et l'humidité la prit aussitôt à la gorge, mais c'était une sensation agréable. Au centre trônait le bassin bordait de pierres grises et lisses, dont l'eau était d'un bleu troublé. Il n'y avait personne, comme Triniel l'avait deviné, et celle-ci se glissa dans l'eau chaude sans cacher son plaisir. Peu profond - le niveau de l'eau lui arrivait tout juste à la taille - elle marcha jusqu'au rebord opposé du bassin, où elle s'appuya, les bras croisés. Devant elle s'étendait une vue imprenable sur l'horizon, les bains se situant au bord de la colline sur laquelle le temple était construit.

Le soleil contribuait à son bien-être tandis qu'elle sentait la fatigue alourdir ses paupières, ses rayons gorgeant sa peau d'une énergie bienfaitrice. Rapidement, la Primordiale ferma les yeux et se mit à somnoler. Le silence fut, toutefois, brisé quelques minutes plus tard lorsqu'elle perçut des bruits de pas. Tournant la tête sur le côté, Triniel jeta un coup d'œil vers l'antichambre dont elle vit la porte s'ouvrir et révéler la silhouette d'Arkyn, peu vêtu. Ce dernier l'aperçut également et s'écria avant de se sauver comme un enfant, faisant sursauter la Primordiale qui se retourna complètement.

― Mais enfin…

Ne comprenant pas immédiatement le problème, Triniel baissa les yeux sur son corps, puis comprit. Elle avait oublié d'avertir son Champion sur un point très précis.

― J'ai… oublié de te prévenir, il est vrai, que la nudité est de rigueur dans un bain comme celui-ci, lui dit-elle en osant un peu la voix afin de se faire entendre. Et qu'ils sont mixtes.

Se retournant, Triniel reprit sa position initiale, à savoir les bras repliés sur la pierre lisse et la tête posée dessus.

― Je suis tournée, je te promets de ne pas regarder. Et l'eau dissimule l'essentiel une fois qu'on est dedans.

Du moins, pour les Eiji. Avec sa taille, il y avait fort à parier qu'Arkyn soit obligé de s'accroupir un peu pour cacher la totalité de ses attributs masculins au regard taquin de la Primordiale. Elle-même était grande et, dans sa position, elle sentait l'eau lui arriver aux hanches, laissant la totalité de son dos à l'air libre.

― Si la vision de mon corps de déesse, ainsi dénudé, te trouble à ce point… Sache que cette apparence n'est qu'illusion et que mon vrai visage est bien différent. Le voir n'est en rien sacrilège… ou quoi que ce soit du genre.

Triniel soupira, fermant les yeux. Elle se doutait que Arkyn était pudique et que voir un corps nu était quelque chose de très intime pour les Hauts-Alfes. Ainsi, même si elle n'y croyait pas vraiment, elle espérait que ses mots l'aide à la rejoindre et à se détendre après toutes ces aventures.

― Et j'aimerais aborder avec toi un sujet important…
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Oublié ?!

Comment pouvait-on oublier de dire à qui que ce soit qu’il était censé se défaire de toute mise pour un bain en publique ? Avait-on seulement idée ! Et mixtes en plus ? quelle sorte de barbarisme pratiquait-on ici ? Il s’était laissé tromper par l’extérieur et les balbutiements artistiques de ce peuple et voilà ce qu’il récoltait ! Profondément outré de ce qu’on venait de lui annoncer, arkyn arborait une couleur pivoine du plus bel éclat.

Le problème était qu’il voulait vraiment se nettoyer de toutes les saletés accumulées à cause de ses plongeons répétés dans l’eau. L’inconfort des algues collées à sa peau, du sable sous ses ongles et dans ses jointures, ses cheveux collés à cause du sel … Il ne pouvait pas simplement resté dans un état aussi pitoyable. Souverainement irrité, il parvint à trouver un tissu assez léger et solide pour le nouer serré autours de son corps, se drapa dedans et ressortit dans les fumées du bain.

Tant que vous ne me touchez pas… J’ai trop besoin de me laver pour refuser, mais je trouve ça sordide

Avec précaution, il se pencha pour toucher l’eau du bout des doigts, les retirant rapidement en constatant la chaleur de l’onde. Lèvres pincées, l’Alfe décocha un regard sévère vers la déesse mais se refusa à répondre. Vrai corps ou pas, elle était nue ! On ne se mettait pas nu devant n’importe qui n’importe comment ! C’était quelque chose qui se réservait pour une certaine intimité et dans certaines circonstances précises.

La suite, cependant, lui arracha un hoquet.

En étant complètement nue ? Vous voulez vraiment me parler de quelque chose d’important en étant nue ?

Il cligna des yeux, ahuri puis entra progressivement dans l’eau avec forces grimaces jusqu’à être immergé jusqu’au cou, de l’autre côté du bassin, opposé à l’emplacement d’où Triniel marinait. Avec précaution, il prit ce qui ressemblait à un morceau de corail, avec précaution pour ne pas se blesser, et découvrit que celui-ci était moue et spongieux. Ou alors était-ce lui qui faisait mal les choses ? Pensif, il observa la chose quelques instants avant de la lancer sur Triniel.
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Mais si, elle avait oublié. Cela arrivait ! Même aux meilleurs ! Soupirant longuement, Triniel posa sa joue sur ses mains jointes et ferma de nouveaux les yeux. Elle s'en voulait un peu, pour être honnête. Après toutes les aventures qu'Arkyn venait de vivre, il méritait un peu de repos et de détente. Pendant un instant, la Primordiale songea donc à quitter le bain sur le champ afin de laisser tranquille son champion, mais ce dernier s'était décidé à la rejoindre malgré son inconfort et sa colère.

Tel que promis, Triniel ne bougea pas d'un pouce. Dans sa position, il semblait même qu'elle se soit endormie et un visiteur extérieur ce serait sans doute fait avoir. Mais, au contraire, tous ses sens étaient en alerte. Elle entendit parfaitement l'elfe s'approcher et tremper, probablement son pied, dans l'eau chaude avant de le retirer vivement. C'est qu'elle était presque brûlante, cette eau.

― Eh bien, oui. Je ne vois pas le problème...

Enfin, si, elle le voyait très bien ! Mais il était là, maintenant, et elle avait promis de ne pas le regarder si cela le dérangeait tant.

Laissant Arkyn rentrer dans l'eau, Triniel s'étira et laissa son regard vagabonder à l'extérieur. Le temple grouillait lui-même de vie et, au loin, la déesse apercevait d'autres villages tout aussi peuplé que celui où ils se trouvaient. Dans des nuances de rouge, de jaunes, de vert ou de rose, le monde s'étendait au pied de la montagne, magnifique. En d'autres circonstances, peindre l'horizon aurait été fort agréable, songea la Primordiale.

Un choc très soudain à l'arrière de sa tête surprit alors l'angyal, qui manqua de se relever complètement hors de l'eau. Les yeux écarquillés, elle observa l'éponge que - visiblement - Arkyn venait de lui lancer, rouler à quelques pas d'elle, en dehors du bassin. Un étrange silence, lourd, prit soudainement possession du bain en prévision de la colère divine.

Très lentement, Triniel attrapa l'éponge et la fit tourner entre ses mains, pensive.

― Vois-tu, mon cher Arkyn... Je suis le Primordial de la Création.

Elle se tourna légèrement. Pas assez pour que son champion voit quoi que ce soit, pas assez pour qu'elle-même voit quelque chose qu'elle avait promis de ne pas regarder, mais bien assez pour que l'Alfe aperçoit son œil gauche. Un œil dont l'iris n'était plus émeraude, mais d'un doré lumineux à rendre jaloux le soleil. Elle lui lança un regard noir, empli de fureur, puis murmura dangereusement.

― Et ton geste est un cruel manque de respect.

Lentement, la déesse leva sa main libre et, d'un claquement de doigt, fit apparaître du néant une dizaine d'éponges en tout point semblables. Des éponges que, par télékinésie, elle envoya mitrailler - doucement tout de même -  le malheureux Alfe. Un éclat de rire s'en suivit.

― Ne t'avise plus jamais de me tirer dessus, champion, fit Triniel avec satisfaction.

Fière de son coup, celle-ci quitta le bain sans laisser l'occasion à Arkyn d'apercevoir quoi que ce soit de sa silhouette, ses longues ailes venant cacher sa peau aux regards indiscrets. La déesse fit ensuite quelques pas sur la pierre humide, offrant son corps dénudé à la chaleur du soleil de Yanlei et à l'humidité de la pièce.

― Un champion possède une partie des pouvoirs de son tutélaire, commença doucement Triniel en observant ses mains, comme si elle pouvait voir la magie pulser dans ses veines, j'y ai longuement réfléchi et je sais quels dons je souhaite te confier.

La magie sembla soudainement emplir l'air autour de la Vail, tandis que celle-ci se mettait à marcher le long du bain, sans jamais se tourner vers Arkyn. Elle se dirigea vers l'entrée dont elle verrouilla la porte d'un mouvement négligeant de la main.

― La Création est représentée par une lune et le soleil. Ils symbolisent le cycle du jour et de la nuit, mais également de la vie et de la mort.

Mettant à bas son masque, la Primordiale fit disparaître la magie qui lui donnait cette apparence humaine. Si elle conférait, aujourd'hui, une partie de ses dons à son champion, elle tenait tout particulièrement à ce qu'il la voit telle qu'elle l'était vraiment. Toujours dissimulée par ses ailes, Triniel revint se poster face à l'horizon, offrant son dos au Haut-Alfe alors qu'elle exposait son vrai visage à la lumière du jour. Ce dernier pouvait apercevoir une partie de sa peau sombre constellait d'étoiles dorées ainsi que le tissu élégant de sa robe noire. Elle était pieds-nus, comme précédemment.

― Le premier don que je souhaite t'offrir est mon pouvoir de guérison afin de sauvegarder la vie face à tous les dangers.

Se tournant complètement, Triniel jeta à peine un regard vers son champion, toujours comme promis, et s'approcha du bord de l'eau. Elle s'y assit et releva le tissu de sa robe afin de pouvoir y tremper les pieds. Ainsi placée, elle offrait son profil à l'Alfe. À ses oreilles pointues, en tout point semblables à celle du Sphinx, Triniel portait une boucle dorée. L'une de ses cornes, juste au-dessus, était décorée d'un ruban de la même couleur qui brillaient autant que son regard semblable à de l'or en fusion. Sa robe, au tissu visiblement léger, était retenue par de fines bretelles. En V, le devant du vêtement laissait entrevoir le galbe de ses seins tandis que, derrière, le dos nu permettait aux ailes de se mouvoir avec aisance.

Appuyée sur sa main droite, les jambes croisées, le dos droit et le port altier, Triniel reprit.

― Et afin de te lier à la mort, je souhaite faire de toi mon psychopompe. Le second don que je veux t'accorder est de voir les âmes de morts, d'être en mesure de leur montrer le chemin vers la porte de l'au-delà et, bien sûr, de parler avec les défunts qui se tiendront dans son embrasure.

Spoiler:
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L'éponge frappa la déesse à l'arrière de la tête dans un petit bruit mat avant de retomber sur le sol humide où elle resta, gisante, immobile. Le regard d'Arkyn changea, de curieux, il se fit perplexe, et l'Alfe pencha très légèrement la tête sur le côté droit. Et bien ? Cela ne créait aucune réaction ? Cette chose était non létale, et non violente, de toute évidence, puisque Triniel ne semblait que surprise. Complètement inconscient de la soudaine lourdeur dans l'air, l'Alfe continuait d'observer l'éponge, en essayant de comprendre son usage. Voir la Vail prendre l'objet lui fit élever la mire et il dissipa ses paroles d'un geste vague de la main, permissif.

« Oui, je connais mes écrits »

Qu'avait-elle donc à citer l'évidence ? Il était plus intéressé par l'éponge ! Mais même entre les mains de la Primordiale de Création il semblait que cette pauvre petite chose ne soit rien de plus qu'un grossier ornement. Quel dommage ! Un peu déçu, l'Alfe pinça les lèvres et soupira doucement. Décidément, il ne comprenait pas les humains. Pourquoi placer là une telle chose ? Cela n'avait à ses yeux pas le moindre intérêt. Trop occupé à se lamenter sur ces faits, la transformation de la mire divine lui passa bien au-dessus du bonnet, et ses paroles, si elles furent entendues, ne furent en revanche pas écoutées, encore moins comprises.

Lorsqu'il se retrouva frappé par les éponges, il fut donc, à sa décharge, aussi surpris que courroucé. Absolument imperméable à la menace, il attrapa une éponge, et la lui lança de nouveau, avec en prime le fond de sa pensée. Vexé, il s'en alla plus loin, lui tournant un dos raide d'outrage. Peu communicatif, il se contenta d'un bref son sans articulation lorsqu'elle rompit de nouveau le silence. Arkyn n'était pas un ambitieux, tout du moins ne recherchait-il pas à accumuler la puissance, aussi se voir annoncer qu'il devait disposer de ce qu'il percevait comme des devoirs et des obligations ne l'emplissait pas plus de joie que cela ne le chagrinait.

Car en effet, l'usage des arcanes était pour lui un devoir et une obligation. Un être disposant de cette capacité au grand art était investit de beaucoup d'attentes et d'exigences, se devant d'avoir une immense discipline et un comportement irréprochable. C'était d'ailleurs l'une des raisons qui avaient poussé son zèle lors de la guerre contre les hérétiques nécromanciens. Ils usaient des arcanes comme de vulgaires jouets, en abusant et en les distordant pour des buts étriqués et vains. Une attitude irréfléchie d'enfants gâtés qui n'auraient jamais dû avoir l'immense honneur de manier les énergies telluriques.

« Je sais... »

Il connaissait les écrits, même ceux hérétiques des Vails, au moins pour s'en prémunir. Les symboles joints des lunes et du soleil étaient la marque de la Créatrice, une entité que les Primordiaux de la Création incarnaient et représentaient, et qui était à la fois positive et négative. La Création était une bonne chose mais la Création sans limites, sans ordre, sans but, était un danger car elle était alors l'entropie ultime, une puissance inepte plus destructrice, en vérité, qu'elle n'était bienfaitrice. Et c'était pour cela que son peuple se méfiait des Vails de la Création depuis toujours, bien qu'ils reconnaissaient que le principe nourricier était nécessaire.

Et c'était pour cette entropie que le double symbole était l'unique forme de représentation de la Créatrice accepté selon l'ordination Nordey. Parce qu'il s'agissait d'un cycle complet, bien ordonné. Absorbé, il nota distraitement l'ondoiement des flux telluriques autours d'eux et se tourna légèrement, malgré sa colère, pour voir ce qu'elle pouvait bien faire avec autant de puissance. De nouveau, il pencha la tête. Elle avait changé d'apparence, et il ne lui fallut que quelques instants pour comprendre que son masque humain avait disparu. N'ayant jamais vu son apparence Vail avant cela, il décida de ne pas perdre cette occasion. Il serait toujours en colère contre elle après cela.

Il était clair, à son sens, et du peu qu'il en voyait, que cette forme-ci lui seyait mieux. Et en même temps moins bien, car elle était très obséquieuse, contrairement à son caractère. Une vision très clivante, pour le moins. Moins cependant que son affirmation.

« Je ne connais rien à l'anatomie des créatures mortelles. Vous êtes certaines ? »

Certains y verraient là une étrangeté, puisqu'il connaissait les arcanes du déplacement. Pour autant, cela s'expliquait : il ne savait se déplacer qu'au travers des flots les plus importants de Varda, dans ses environnements uniquement Alfes, de sorte que la difficulté en diminuait d'autant.

L'observant en coin, comme elle semblait elle-même le faire avec lui, Arkyn convint qu'elle était, ainsi, très belle. Il y avait là une esthétique purement divine, très loin de la rudesse des mortels. De nouveau, pourtant, il fut déconcentré par ce qu'elle racontait … à retardement, tant il était absorbé par son observation de sa personne. Quand enfin, il se rendit compte, ou cru se rendre compte de ce qu'elle venait de dire, il secoua légèrement la tête et afficha une expression de pure perdition.

« Qu'est-ce que vous avez dit ? »

Il allait avoir besoin qu'on lui répète ça lentement. De préférence en articulant. Son esprit n'était définitivement pas prêt. Lorsqu'il eut enfin pleinement absorbé la nouvelle, Arkyn lui décocha un regard à la fois confus et quelque peu circonspect. Il n'était pas bien certain de ce qu'il était censé en penser, en dire, ou en faire et se retrouvait prit de court. Son rapport avec la mort n'était pas le plus serein ni le plus évident qui soit, même si Syllxeraen semblait également être en très bonne, ou très mauvaise, position.

« D'accord »

Il y eut un blanc. Est-ce qu'il était censé faire ou dire quelque chose de spécifique ?

« Je suis censé dire ou faire quelque chose ? Là tout de suite ? »

Il n'était pas bien certain de la façon dont il devait prendre la chose. Et comme chaque fois, il ne vit aucune raison de ne pas poser les questions qui lui venait.

« Est-ce que je peux savoir la raison de votre choix ? Est-ce en raison de Valakar ? »
Triniel Vit CreaturaePrimodial de la Création
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Son choix était arrêté, il en serait donc ainsi. Depuis qu'elle avait fait de lui son champion, Triniel avait eu le temps nécessaire pour l'observer, pour peser le pour et le contre et se décider sur les dons qu'elle souhaitait lui accorder. Et c'était chose faite, malgré le doute qui pouvait subsister chez Arkyn suite aux révélations de la déesse. Celle-ci, sur sa roche, sourit. Attendrie, un peu comme une mère pouvait l'être face aux questions naïve d'un enfant, Triniel pencha doucement la tête sur le côté. D'un geste, elle balaya ses questions précédentes. Elle y reviendrait.

― Ne bouge pas, répondit-elle.

Sa magie, tout autour d'elle, ondulait paisiblement et réchauffait encore un peu l'atmosphère de la pièce embuée. Doucement, la déesse leva la main droite. Au creux de celle-ci, sa paume s'illuminait peu à peu d'une douce lueur dorée.

― Moi, Triniel Vit Creaturae, fait aujourd'hui de toi, Arkyn Sar'Edha, mon champion.

Si le lieu ne se prêtait pas à ce genre de chose, le ton solennel et la puissante magie qui pulsait soudainement dans l'air avaient le pouvoir de rendre cet instant très sérieux. La lueur qui dansait dans le creux de sa main et illuminait le visage de Triniel s'étendit peu à peu à son buste puis à ses ailes, qu'elle déploya de part et d'autre de son corps. La vague de magie percuta, avec une étrange délicatesse, le buste du Haut-Alfe. Elle l'entoura, pendant un instant, puis s'insinua sous sa peau et se mélangea à la sienne.

― Tu devrais ressentir cette sensation de chaleur pendant quelques heures.

Doucement, la magie de Triniel retrouva son calme. La lueur dorée disparue, réintégrant le corps de la déesse.

― Pas immédiatement, répondit-elle à la dernière question de l'Alfe. Tu es mon premier champion, il me semblait adéquat que tu sois dépositaire de ces dons tout deux liés aux deux facettes de la création.

La symbolique tenait une certaine place dans le cœur de la Primordiale.

― Mais je pense que tu pourras tirer enseignements et sagesse de ceux qui étaient là avant toi, si tu le souhaites.

Parce qu'elle s'était promis de l'aider à diriger son peuple. Triniel lui monterait comment accéder aux portes de l'après-vie. Peut-être pourrait-il y rencontrer son père, en effet, ou n'importe quelle autre personne. Son défunt compagnon, pourquoi pas ? Si cela ne lui était pas trop douloureux.

― Pour revenir à ta première question, je pense pouvoir dire sans me tromper que tu auras bien des difficultés à appliquer ce conseil, mais, parfois, il est nécessaire de suivre son instinct et simplement libérer son pouvoir pour que ton entreprise fonctionne.

C'était Lumiel, autrefois, qui le lui avait dit. Les dons de la Primordiale, tout comme les pouvoirs de cette dernière, ne fonctionnaient pas exactement comme toutes les autres magies. C'était un pouvoir puissant et vivant qui répondait aux désirs sincères, à l'instinct.

― Cela se nomme "le lâcher prise".

Consciente, toutefois, que Arkyn aurait besoin de davantage d'explications, Triniel poursuivit. Elle se pencha en avant, les bras croisés sur son genoux.

― La magie des mortelles demande des connaissances techniques poussées pour pouvoir être utilisées sans danger, il est vrai. Mais le pouvoir divin qui est le mien - et dont je t'ai accordé une fraction - ne fonctionne pas exactement de la même façon. C'est une magie vivante, presque conscience. Si tu sais ce que tu veux accomplir, cela s'accomplira, il te suffit d'y croire.

Elle se redressa, les traits pensifs, songeant à Lumiel dont le corps se reposait à Pandemonium. Si elle avait été consciente, aurait-elle était fière du chemin parcouru par sa fille ? Aurait-elle approuvé son choix ?

― Enfin, étant donné notre lien, tu bénéficies d'une espérance de vie plus longue que la normale de ta race. Nous sommes également liés par l'esprit. Je pressens que ce point-ci sera un apprentissage intéressant pour nous deux.
Arkyn Sar'EdhaChampion de la Création
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Il vit les délicats fils telluriques ondoyer, se propager en éventails d'une chaude lueur corail et se déployer pour venir le baigner, lui et portion conséquente des lieux. Fronçant légèrement les sourcils, Arkyn observa le flot éthéré, miroitant, emplir lentement la moindre parcelle atteignable, nonobstant les barrières physiques. Marmonnant à voix basse, l'alfe n'en resta pas moins immobile. On aurait pu donner à cela un peu plus de sobriété et de décorum tout de même ! Il était humide des pieds à la tête et à demi nu, sans parler d'elle.

Malgré tout, il ne chercha pas à se protéger, sachant qu'elle n'essayait pas de lui faire du mal. Ses doutes persistaient mais Triniel semblait décidée. Son corps fourmilla sous le sortilège dont il était la cible, sa peau se couvrant d'un hérissement qui n'avait pas trait à la peur mais à la sensibilité énergétique naturelle de son peuple. Les tentacules de pouvoir vinrent s'insinuer dans ses muscles, puis ses nerfs, et traversèrent la chair pour s'enfoncer dans son existence, cette force encore peu connue qui contenait l'essence de l'être.

Par curiosité, et non pas révulsé, Arkyn observa le travail du sortilège qui prenait lentement effet. Ce genre d'arcane n'opérait pas en un claquement de doigts, et il s'agissait d'un excellent sujet d'étude. Des parcelles de son être étaient modifiées, à l'image d'un livre dont on remaniait un extrait afin de lui donner un autre tour. Présentement, le sortilège puisait lourdement dans l'énergie tellurique rémanent à la déesse pour faire naître au sein de son essence la capacité à manier le pouvoir divin, ce qui représentait un changement d'importance.

Hélas, il ne disposait pas des outils pour observer le processus à son niveau le plus intime, le privant d'informations extrêmement précieuses. S'il pouvait en apprendre davantage sur ce processus de modification, il pourrait peut-être en user lui-même à l'avenir pour modifier l'essence d'autres créatures afin de leur donner une propriété ou une autre. A terme, cela pouvait devenir un outil exceptionnel, peut-être même permettre aux siens de regagner Sanctum en ayant effacé leurs défauts.

« Très bien »

A priori, la modification apportée n'était pas définitive, elle pourrait donc à nouveau la modifier si elle changeait d'avis, même s'il n'appréciait pas l'idée que son essence soit transformée si souvent. Ses explications n'étaient pas dénuées de sens. Même s'ils possédaient tous les souvenirs de leurs ancêtres, cela ne signifiait pas le moins du monde qu'ils interprétaient toujours correctement ce qu'il voyait. Ce n'était pas tout à fait la même chose que de parler directement à quelqu'un. Pour une fois, il comprenait.

« Je pense que je le souhaite, oui »

Cela réglait aussi la frustration qu'il avait évoqué auprès de Syllxeraen à ne plus pouvoir discuter librement avec son père. A présent, il en serait capable, du moins une fois qu'il aurait apprit comment effectuer ce contact très délicat. Il imaginait, du moins, qu'il s'agissait d'un contact délicat. Son cœur se serrait à l'idée de pouvoir contacter son défunt compagnon. Contrairement à beaucoup d'autres, en raison des circonstances de sa mort, Arkyn ne possédait même pas les souvenirs de l'amour de sa vie, car le symbiote avait été corrompu par la magie nécromantique.

Et pourtant, il ne savait pas s'il s'agissait d'une bonne idée. Il n'avait réussi à vivre que par, littéralement, une intervention divine après tout. Mettant tout cela en retrait sur l'instant, il se reconcentra sur Triniel. Le conseil le laissa dubitatif, pendant quelques instants, avant qu'il ne s décide à parler, avec prudence.

« N'est-ce pas fort dangereux ? »

Fort étonnement, à ses yeux à lui, Triniel vint d'elle-même lui donner un complément d'informations. Ainsi, le pouvoir des dieux ne répondait pas aux même exigences que celui des mortels ? Il n'était donc pas limité par ses connaissances académiques lorsqu'il usait des dons transmis par la Vail, cela était intéressant et inquiétant à la fois. Par une fois, déjà son peuple avait provoqué un terrible cataclysme en se servant aveuglément d'arcanes pourtant déjà limitées, alors un pouvoir qui ne l'était pas ?

Il resta un moment silencieux, pensif, avant de hocher la tête, pour indiquer qu'il avait suivit.

« J'espère que je ne décevrais pas vos attentes. Je dois avouer être circonspect, devant l'usage d'un pouvoir qui ne possède aucune barrière. Étant imparfait, je ne sais pas si je pourrais en faire un bon usage. Je ne peux que l'espérer »

Troublé, il se glissa un peu plus dans l'eau, et prit un peigne fin et composé d'une matière lisse et d'un gris blanc aux reflets colorés, pour se démêler les cheveux et les enduire ensuite d'une lotion huileuse semblant destinée à la nourrir après les attaques du sel marin. En tout cas, c'était ce qu'il imaginait de l'usage de la chose. Mèche après mèche, il retirait les débris, les nœuds et le sable de sa lourde chevelure blanche pour lui rendre son éclat, avant de la nouer en une tresse stricte, le temps que l'huile fasse effet.

« Vous entretnez-vous souvent avec les morts ? Est-ce un pouvoir infaillible ? »

Observant les outils hygiéniques à disposition, il découvrit ce qui ressemblait à un carré rugueux semblant parfait pour l'exfoliation.

« Malgré les nombreuses recherches de mon peuple, nous nous attardons peu sur le cycle naturel en lui-même. Il est possible de changer un organe défectueux, ou un morceau de corps infecté, mais cela n'impacte jamais notre espérance de vie, et notre seul lien avec la mort se fait au travers de sa majesté Memna. Il n'est pas considéré acceptable de chercher à modifier l'ordre naturel, contrairement à ce que les humains ou les nocturnes peuvent accomplir. Nous ne craignons pas la mort.. »

Il s'arrêta alors qu'il frottait lentement l'un de ses bras, hésita, puis expira lentement, le regard lointain, avant de secouer doucement la tête et de rectifier.

« Autrefois, en tout cas. Avant la guerre... »
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Être un champion était sans nul doute un grand honneur. Mais il s'agissait également d'une grande responsabilité. Triniel ne doutait pas, pas un seul instant, qu'Arkyn le comprenne de lui-même et fasse preuve de retenu dans l'usage des dons qu'elle venait de lui confier. Et dans le cas contraire, elle était toujours en mesure de reprendre ses cadeaux et faire subir son ire au haut-alfe.

Hochant la tête, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres, Triniel balaya les dires de son champion d'un vague geste de la main.

― Tu feras des erreurs et si tu me déçois, ce sera parce que tu n'en tires pas d'enseignements. Toutefois, cela ne veut pas dire que je te laisse sans guide ou instruction. Je vais t'enseigner ce que je juge nécessaire pour prévenir d'éventuelles catastrophes.

Le ton anormalement léger pour discuter d'un sujet si important - tout comme ce lieu qui ne s'y prêtait pas - se voyait contrebalancé par le regard que la Primordiale posait, à l'instant, sur son champion. Emplis de mises en gardes et d'attentes, Arkyn allait devoir être un élève appliqué et attentif.

L'observant se nouer les cheveux sans réellement le voir, Triniel se perdit dans ses pensées l'espace d'une minute. Changeant de position sur son rocher, alors que ses muscles commençaient à s'ankyloser, elle répondit, clignant des yeux en revenant à elle.

― Oui. Souvent. Avec le temps, ouvrir la porte de l'au-delà est devenu extrêmement aisé, en cela ce pouvoir est infaillible. Quant à être en mesure de conduire toutes les âmes de l'autre côté... Impossible, malheureusement.

Elle soupira, semblant véritablement attristée.

― Jadis, les mortels croyaient uniquement en moi. La prière des morts était récitée à chaque trépas. Aujourd'hui, les cultes se diversifient. Sans cette prière, il m'est plus difficile de trouver les âmes à faire traverser. Parfois, elles trouvent le chemin seules... Et d'autres se perdent définitivement en ce monde qui n'est pas fait pour elles.

Une moue attristée s'insinua sur le visage de l'angyal, qui se perdit dans la contemplation de ses pieds frôlant la surface de l'eau chaude. Écoutant Arkyn sans le regarder, Triniel opina doucement du chef. C'était une bonne chose de ne pas craindre la mort, cela permettait de profiter de la vie sans craindre le lendemain, même si la Primordiale et les siens n'étaient pas immédiatement concernés.

― La guerre nous rappelle à tous à quel point la vie ne tient qu'à un fil et est précieuse.

Sans faucher de vie définitivement, la dernière guerre avait eu raison de la sanité de nombreux Vails.

― Je vais te laisser, dit-elle en se relevant. Voudras-tu explorer tes nouveaux dons toute à l'heure ?
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J’en suis soulagé

C’était la pure vérité. Être laissé sans directions face à de telles responsabilités était effrayant, même pour lui. Surtout pour lui, en vérité, car il savait ce qu’une force non ordonnée pouvait produire. Et il ne nourrissait nul souhait destructeur à l’égard du monde qui l’entourait, aussi plein de concombres de mer et de méduses soit-il. Coi quant au reste, il hocha la tête à l’annonce de son départ et pondéra l’offre qui lui était faite, avant de répondre d’un ton au sérieux prégnant.

Seulement si vous êtes habillée à ce moment-là

Seul, il put se détendre enfin et expira profondément, troublé par les derniers rebondissements de leur voyage. Recevoir tant de dons n’était en rien une source de joie, et l’Alfe passa une bonne heure à pondérer les implications exactes, sans parvenir à s’assurer de ses propres sentiments sur le sujet. Il n’avait pas cherché à devenir le champion de Triniel, il n’avait pas cherché à être investi d’une telle puissance et il ne savait pas encore si c'était une bénédiction ou une malédiction.

Son cœur déjà obscurci par les nombreuses questions liées à ses prétentions au trône ne fit que sombrer davantage et malgré la chaleur de l’eau, il frémit et sentit le froid couler le long de son échine. Lorsque sa peau délicate commença à lui rappeler la température réelle des lieux, il cessa sa contemplation désemparée pour achever son ablution, sortir, se sécher et enfiler, enfin les habits offerts par le temple. Après avoir achevé de tresser sa chevelure, il quitta définitivement les bains et parcourut le temple, sans but réel.

Les humains qu’il croisait étaient tous silencieux, et tous l'observaient, s’inclinant devant lui tandis qu’il traversait les salles feutrées. Le silence ne le dérangeait pas. En fin de compte, il trouva un lieu lui agréant plus qu’un autre, un jardin niché à flanc de falaise, face à la mer, ombrée d’un toit orné de gazes douces et miroitantes. De la soie, apprit-il. Comme les couches de la tenue qu’il portait. Le jardin, humide mais frais, était creusé de rigoles et de petits étangs remplis de lotus. L’air s’emplissait d’un puissant parfum.

Au sein de ce jardin se trouvait un suppliant, un petit homme à l’âge indéterminé, mais aux yeux vitreux, à la peau trop pâle pour un membre de cette race, les veines apparentes. Un homme du temple, dans ses robes bleues et blanches, s’occupait de lui, mais le suppliant ne semblait pas soulagé. S’installant près de lui, il décida de lui demander ce qui lui arrivait. La réponse le laissa troublé, mais par sa présence, il semblait que l’homme souffrait moins. Et quand il le laissa, ce fut à regret.

Comme un somnambule, l’Alfe traversa de nouveau le temple, se perdant à plusieurs reprises avant d’être reconduit auprès de Triniel. Soucieux et fermé, il l’observa, et attendit d’être seul avec elle avant de se confier, certain qu’elle serait intéressée.

Il y a un homme dans un jardin sombre sur la falaise. Il souffre beaucoup, les humains d’ici ne semblent pas capables de lui venir en aide. Je suis resté avec lui quelque temps. Je lui ai demandé ce qu’il ressentait. Il a dit qu’il avait soif, et qu’il avait mal. Il dit qu’un dieu l’a maudit pour avoir bafoué une règle sacrée. Mais sa condition ne ressemble pas aux malédictions des écrits d’ætla, nos livres sacrés. Il dit que cela fait longtemps qu’il se trouve ici, mais qu’il n’arrive pas à rejoindre les songes de Shalassa

Fronçant les sourcils, il parvint à sortir une main de sous sa manche interminable, et joua avec la fabrique, pour s’occuper les mains. La sensation du tissu très doux et lisse lui plaisait énormément, ayant trouvé là un point positif de la culture Eiji.

Je ne comprends pas son mal Triniel, et les humains du temple non plus. L’humain du temple qui connait ma langue et m’a aidé à parler avec le suppliant, il disait que ne pas pouvoir rejoindre les songes de Shalassa, ici, était la preuve d’un très grand mal. Accepteriez-vous de l’examiner ? Pour moi, un tel mal ne peut venir que des Sombres, et vous avez dit plus tôt qu’il y en avait ici, dans l’Archipel. Si c’est un mal des Sombres, il faut absolument qu’on le délivre
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Levant les yeux au ciel, un sourire en coin accroché aux lèvres, Triniel s'éloigna du bassin, le bas de sa robe frôlant le dallage humide. Humour ou véritable demande ? La primordiale était incapable de faire la différence avec Arkyn, mais sa remarque l'amusa beaucoup.

― Je te le promet, répondit-elle en s'avançant vers l'extérieur, le soleil caressant sa peau très légèrement luminescente. À toute à l'heure, mon champion.

Elle déploya ses ailes et, d'un battement si puissant qu'il créa de petites vaguelettes à la surface du bassin, s'envola. Elle fut très bientôt un simple point sombre sur la toile bleu clair de cette belle journée. Portée par ses ailes, le petit village et le temple au sein duquel elle avait laissé Arkyn furent bientôt loin derrière elle. La Primordiale frôla les nuages et s'amusa avec les oiseaux pendant un long moment, ses pensées vagabondant, soufflées par le vent qui sifflait à ses oreilles.

Elle venait de se choisir, officiellement, un champion. Si elle semblait le prendre un peu à la légère - en témoignait le lieu où elle avait intronisé Arkyn - ce n'était pourtant pas le cas. Le Haut-Alfe venait de devenir son représentant. En usant de ses dons, en posant des actes, il la représentait. C'était son image, autant que celle de l'Alfe, qui était en jeu. Mais cela ne l'inquiétait pas outre mesure, elle avait seulement hâte de voir agir Arkyn.

En se posant près du temple, elle se jura de l'accompagner correctement pour qu'il utilise ses dons de la bonne façon. Elle-même avait eu besoin d'un petit coup de pouce, d'un mentor. Sans cela, il y avait des choses qu'elle regretterait aujourd'hui.

Sous ses traits humains, Triniel pénétra de nouveau dans le temple, le pendentif de la création autour du cou. C'était ce bijou, en le montrant au prête qui leur avait ouvert, qu'elle avait pu leur trouver un endroit où se reposer. Alors qu'elle préparait du thé, la Primordiale entendit Arkyn arriver. D'office, elle lui servit une tasse avant de s'asseoir en tailleur face à la petite table où elle déposa la théière.

― Qui a t-il ? S'enquit la déesse face au visage fermé de l'Alfe.

D'un geste, elle l'invita à s'asseoir près d'elle tandis qu'elle portait sa tasse à ses lèvres, écoutant ce qu'il avait à dire. Ses sourcils se froncèrent.

― J'accepte, répondit-elle. Mais il y a bien des choses, en ce monde, qui peuvent causer un tel mal. Chaque race qui peuple Cor'Dei est capable du meilleur comme du pire, ne te ferme pas à cette possibilité.

Après avoir terminé son thé, Triniel reprit.

― Nous pouvons y aller dès à présent.

La déesse suivie l'Alfe sans un mot de plus, les sourcils toujours froncés. De quel mal pouvait-il s'agir ? Triniel avait vu bien des choses, serait-elle capable d'aider la malheureux ? Lorsqu'ils arrivèrent auprès du pauvre homme, Triniel s'approcha doucement, sans un bruit. Elle s'agenouilla auprès de lui, le pendentif de la création miroitant sous les rayons du soleil. La peau du malade semblait presque transparente et ses veines étaient clairement visibles. Ses yeux vitreux laissaient croire qu'il ne voyait plus rien, mais lorsque la Primordiale se pencha vers lui, son regard s'écarquilla. D'une main faible, il saisit le pendentif de la déesse. D'un main ferme mais délicate, Triniel saisit le poignet de l'homme.

Une étrange sensation fourmilla dans ses doigts, la prenant par surprise. La déesse se redressa légèrement, le regard perdu dans les vagues alors qu'un long frisson parcourait son dos et lui glaçait le sang.

― P-p-oison... gagouilla t-il en tirant davantage sur la chaîne argentée. M-m-audit... répéta l'homme en relâchant, finalement, le pendentif qui représentait une lune et le soleil.

Surprise par cette réaction, Triniel se tourna vers Arkyn. Ses sourcils encore froncés, elle chercha dans son regard une quelconque réponse à cette étrange réaction, puis se détourna de nouveau. Elle posa sa paume sur le front du malade et se concentra. Sa main devint presque translucide, auréolée d'or, lorsqu'elle tenta de soulager le mal de l'homme. Hélas, elle le sentait, son pouvoir n'était pas suffisant. Il se heurtait à une puissante magie.

Troublée, Triniel se redressa. Le malheureux semblait apaisé, mais sa peau avait toujours le même aspect.

― C'est... Étrange et surprenant. Je sens une puissante magie qui me repousse.

C'était la première fois que Triniel était face à son impuissance. Cela lui fit plus mal qu'elle le laissa paraître. Les mâchoires serrées, elle se tourna de nouveau vers Arkyn.

― Il a dit être victime d'un poison... ou une maleduction ... Mais de là à résister à mon pouvoir... Il faudrait une magie aussi puissante que la mienne, dit-elle en jouant machinalement avec son pendentif.
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Arkyn Sar'Edha

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Vous verrez par vous-même

Il doutait que cela eût pu être fait par n’importe quI. Ou n’importe quoi. Il y avait clairement un effet magique là-dessous, à la complexité dépassant ce dont il avait l’habitude, ce qui n’était pas peu dire. Sphinx de l’Ordre de l’Oeil Céleste et Exalté, il avait déjà été témoin de nombreux tours de force effectués par des spécialistes du grand art. Triniel en viendrait forcément à la même conclusion, à son sens, une fois qu’elle aurait examiné l’humain en question.

Il la conduisit aussitôt qu’elle fut prête, sans atermoyer un seul instant. Restant en retrait, Arkyn laissa la divinité prendre connaissance de l’état du patient, observant l’échange sans un mot. Et l’Alfe resta ainsi réservé jusqu’à ce que Triniel s’adresse à lui, indiquant en même temps qu’elle en avait fini avec l’humain, au moins temporairement. Et la Vail semblait secouée, sa surprise et son trouble clairement visibles, même pour un Exalté comme lui.

Un autre dieu ? Ou un très vieux dragon, peut-être ?

Peu nombreuses étaient les forces de ce monde dépassant les capacités d’un Primordial. Quoi que soit l’entité responsable, elle était une menace à ne pas prendre à la légère. Le regard du Sphinx tomba sur la breloque avec laquelle Triniel jouait nerveusement et il lui fallut un instant pour jauger de l’idée. L’homme essayait-il simplement d’en appeler à la merci de la déesse, en s’en saisissant, était-ce un simple geste instinctif de peur, ou bien autre chose ?

Peut-être faudrait-il consulter les autres Primordiaux ? Avez-vous les moyens de les contacter ? Sinon, puisquevous souhaitiez me conduire à Pandaemonium, il nous faudra enquêter sur place

S’avançant, il revint observer le corps en souffrance, mais ne trouva aucun indice supplémentaire.

Votre prédécesseur a-t-il jamais rencontré un obstacle de ce genre ?
Triniel Vit CreaturaePrimodial de la Création
Triniel Vit Creaturae

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Encore à genoux à côté de l'homme à l'âge indéfinissable, Triniel lorgna son pendentif, pensive. Une ride barrait son front tant elle fronçait les sourcils, se moquant bien d'être transparente à ce moment-là. La déesse avait côtoyé peu de dragons au cours de sa vie, mais il lui semblait que cette magie, cette puissance, n'était pas la leur. Dans cette énergie qu'elle sentait, il y avait quelque chose de familier, mais la Vail était incapable de mettre le doigt dessus.

― Pas un dragon, répondit-elle en secouant la tête, ses cheveux s'éparpillant un peu plus sur ses épaules musclées. Cette force m'est familière sans que je comprenne pourquoi, ou comment.

Le regard vairon se posa sur l'homme une dernière fois, puis la Primordiale se releva. Elle fit quelques pas vers Arkyn et épousseta ses genoux.

― Mes pairs Primordiaux auront peut-être des réponses, oui, concéda Triniel. Sinon, il y a un Vail plus âgé que tous les autres qui pourra peut-être nous aider.

En toute honnêteté, Triniel doutait que les Primordiaux de la Liberté et de la Destruction soient capables de l'aider. Par contre, peut-être que ce vieil Angyal dont elle venait de parler pourrait avoir des réponses. Il était le plus ancien encore sain d'esprit, celui qui avait côtoyé le plus de primordiaux.

― Pas que je le sache, malheureusement, répondit Triniel avec un sourire triste. Puisque nous n'aurons pas de réponse ici... Elle leva le nez vers le soleil, qui déclinait. La soirée commence. Reposons-nous et nous partirons pour Shaiya... demain.
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