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Le monde semble sombre quand on a les yeux fermés - PV : Arkyn

Triniel Vit CreaturaePrimodial de la Création
Triniel Vit Creaturae

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Date d'inscription : 03/07/2020
Age : 28
    3 janvier de l'an 6

    Le vent frappait fort et la neige fouettait chaque centimètre de peau comme autant de griffes acérées. Le froid était mordant, plus meurtrier que n'importe quelle créature vivant dans ces montagnes. Cet endroit inhospitalier, pourtant, regorgeait de vie et de beauté. À l'abri du souffle glacial, il était possible d'admirer le reflet du soleil sur le blanc tapis ou sur les roches humides des montagnes. C'était un spectacle éblouissant dans cet océan de silence immaculé. L'on ne pouvait que se sentir humble face aux géantes montagnes de Kheldarels.

    Tout ceci était un spectacle que la Primordiale de la Création ne se lassait pas d'admirer. Virevoltant dans le vent entre les pics, imperturbable face à la neige qui se collait à sa chevelure et ses vêtements, Triniel observait et ressentait, ne se souciant guère du froid qui régnait pourtant en maître dans ces contrées. Ses longues ailes sombres étaient une tâche dans ce paysage lumineux, intruse qu'elle était. Mais cela lui importait peu.

    Elle sourit en faisant détaller un lapin de sa cachette, son pelage se confondant avec la neige. D'un battement d'aile, elle esquiva un pic puis plongea dans une vallée, les bras écartés comme pour attirer le monde dont elle avait la charge dans une étreinte chaleureuse. Voler ainsi, loin de chez elle, dans cette région reculée, était un plaisir. Mais elle n'était pas là sans but, bien au contraire. Bien qu'elle prît le temps de virevolter sous la neige, la Primordiale avait une destination bien précise en tête.

    Ce but se dessina au loin, perché à flanc de montagne. Ses tours cylindriques, immaculées, se confondaient avec la neige qui s'accrochait à la montagne. Pointant vers le ciel, tentant de caresser les étoiles du bout des doigts, Tyr se dressait avec magnificence dans ce paysage glacé. Triniel accéléra, reprenant son sérieux, et fila en ligne droite vers la cité des Exaltés. Elle passa sous un pont, puis ses grandes ailes noires la firent s'élever au-dessus des tours, plus haut qu'aucun Alfes pouvait aller. Elle prit le temps de fermer les yeux et ressentir, cherchant dans la masse Alfique une personne en particulier.

    Son regard vairon se tourna vers un cylindre en particulier et, sans prêter davantage attention aux Alfes qui ne manquaient pas de l'observer en contrebas, la Primordiale Vail fila vers son but. Elle en fit le tour, rapidement, et trouva une fenêtre qu'elle ouvrit par magie, d'un geste désinvolte de la main. Le léger cliquetis annonça sa venue tandis qu'elle se posait tranquillement sur le bord de la fenêtre, assise, les ailes dans le vide.

    ― Salve, salua-t-elle en angyalis. Elle croisa les jambes tandis que la neige présente sur sa chevelure et la fourrure de sa cape commençait à fondre. J'espère que tu es prêt, lui dit-elle tandis que son regard parcourait curieusement la pièce.
Arkyn Sar'EdhaChampion de la Création
Arkyn Sar'Edha

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Date d'inscription : 13/07/2020
La voix, inattendue, lui arracha un brusque sursaut. Pivotant sur lui-même, il darda un regard céruléen sur la fenêtre, et l'intruse qui s'y tenait, toute de curiosité et d'effronterie. Promptement, sa mire se fit consternée, lavande, puis d'un cobalt courroucé. Avait-on idée de s'introduire dans la pièce d'hygiène des braves gens tandis qu'ils pratiquaient leurs ablutions ! Se rengorgeant, le Sphinx ramassa les morceaux de sa dignité outragée, se drapa d'un opaque tissu au gris poudré, cachant un torse alors piqueté par le froid extérieur, et fit face à cette impromptue visiteuse.

« Salve » fit-il, l'accent lourd des notes familières à son peuple, sans doute lacé d'un brin de dépit.

Un frisson parcourut ses épaules immaculées. L'air algide s'était engouffré dans l'ouverture béante, chassant chaleur et brume aqueuse pour ne laisser que les frimas et quelques tourbillons épars d'une fin poudreuse. Un sifflement persistant venait vibrer à-même ses tympans fragiles, et il ne fallut que quelques instants d'un silence retrouvé pour qu'il ne s'avance en l'invitant à entrer, fermant derrière elle la fenêtre et refusant ainsi au gel toute prise sur ses appartements. Un soulagement vint choir le long de son échine.

« Je ne suis pas prêt »

C'était sans aucun doute une évidence, mais il était courtois de répondre.

« Venez, je tâcherais de ne pas atermoyer »

La contournant, en prenant de grandes précautions pour ne pas la toucher. Chez son peuple, il s'agissait d'un geste d'une extrême intimité, et bien qu Triniel fut sa divinité tutélaire, il conservait, presque malgré lui, une grande pudeur. Qu'elle l'ait contemplé en parfaite nudité était déjà bien assez embarrassant sans qu'il n'en rajoute. La naissance de sa nuque, ainsi qu'une généreuse part de sa clavicule, s'ombraient d'ailleurs du gris de la gêne. Parvenu dans son solarium, il ne pu que s'excuser promptement, échine courbée.

« Je suis navré pour mon apparence. Je reviens au plus vite »

Bien que son aigreur ne soit nullement évaporée, il n'en possédait pas moins une éducation parfait aux yeux de son peuple. Parvenu dans la pièce nocturne, il se vêtit aussi promptement que possible, enfilant une tunique blanche, une paire de braies grises et de hautes chausses immaculées, la taille fermement serrée d'une ceinture en cuir de Hätis, les grands loups des monts Kehldarels. Il se lova dans l'étreinte d'un grand manteau ajusté aussi blanc que sa crinière, la douce fourrure d'hermine caressant ses joues.

Le solarium dans lequel Triniel patientait était une pièce sobrement meublée, entièrement blanche, pourvue d'une baie vitrée de trois mètres de long pour deux mètres cinquante de hauteur, dont le bord supérieur était un vitrail évoquant les préceptes fondateurs de la religion Nordey. Face à cette baie vitrée était installé un long banc nu, bas, mais assez large pour accueillir un alfe allongé. Les murs droit et gauche étaient tous deux creusés de bibliothèques renfermant de nombreux ouvrages parfaitement reliés.

« J'arrive »

A gauche, une porte rectangulaire, constituée d'un vitrail blanc et nacre formant le sceau de la maison Sar'Edha conduisait à la pièce nocturne. A gauche, une porte de même forme, constituée d'un vitrail blanc et jade formant une scène des légendaires guerres Angyals conduisait à une office disposant d'un autel personnel. Celle-ci, entre-ouverte, avouait à demi-mot des travaux encore non achevés, sans doute par incertitudes du maître des lieux, destinés à intégrer les Vails autrement que comme des adversaires de la vraie foi.

« Me voici »

Il ouvrit et referma la porte de nacre et de blanc, eut un coup d'oeil critique pour la porte de blanc et de jade, puis consacra toute son attention à sa protectrice. Il ne savait pas exactement ce qu'elle avait en tête, si ce n'était qu'ils allaient tous deux à l'extérieur. Ce qui signifiait, bien sûr, au-delà des murailles de Tyr. La perspective était angoissante. Même lors de la guerre des morts, il s'était plongé dans le sacré de sa mission, et rien d'autre. Mais là ? Ils n'allaient pas combattre des monstres adversaires de la vie elle-même.

Il ne savait pas ce qu'ils allaient faire. L'inconnu était une perspective angoissante. Déglutissant, la gorge prise dans l'étau de ces affres, Arkyn osa avancer jusqu'à la rejoindre.

« Où … voulez-vous me conduire ? »

N'ayant pas d'ailes, il devrait user d'un golem, ou demander à l'un des Aegyls de le conduire le cas échéant.
Triniel Vit CreaturaePrimodial de la Création
Triniel Vit Creaturae

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Date d'inscription : 03/07/2020
Age : 28
Le sursaut de son champion, fort inattendu, fit se hausser les sourcils de la Primordiale. Elle n'avait pas prévu l'éventualité d'arriver de façon si impromptue dans la salle d'eau de l'Alfe. Ou d'arriver dans sa salle d'eau, tout simplement. Mais, à bien y réfléchir, cela l'amusait beaucoup. Un sourire, narquois, se dessina donc sur les lèvres rosées de la sombre Vail et, nonchalante, elle se pencha légèrement en arrière en prenant appui sur ses mains, ne se souciant que peu de l'air froid qu'elle laissait pénétrer dans la pièce. Elle l'observa, drapé dans sa dignité, s'approcher d'elle et ne manqua pas de noter son immense gêne. Prise de pitié, Triniel s'écarta toutefois de la fenêtre pour qu'il puisse la fermer lui-même, les coupants ainsi de l'air froid de l'extérieur.

― Je constate, répondit-elle, ses iris bicolores braqués sur le Haut-Alfe.

De toute évidence, la déesse de la création n'avait pas la même pudeur que son champion. Celle-ci ne se cacha pas pour détailler le grain de sa peau ivoirine, à peine dissimulée par ce tissu perle, et n'était guère choquée ou même désolée de l'avoir vu nu comme au premier jour quelques instants plus tôt. Lui, au contraire, semblait avoir commis la pire des aberrations. Alors qu'il avait l'échine basse, s'excusant déjà, Triniel balaya ces mots d'un geste de la main droite, le prenant en pitié.

― Prend ton temps, il serait fâcheux d'être mal préparé, préféra-t-elle l'avertir.

Le laissant s'éclipser dans sa chambre, Triniel se tourna vers l'immense baie vitrée du solarium. Se postant devant, les mains jointes dans son dos, elle laissa son regard se promener sur les hauts cylindres de la ville fouettée par le vent et la neige. Elle sut également apprécier la chaleur du soleil sur sa peau, fermant finalement les yeux quelques instants pour se gorger de sa force. Quelques secondes s'écoulèrent, puis la Primordiale quitta son poste d'observation pour faire le tour de la pièce, sobrement meublée. Ses longues ailes, repliées dans son dos, voyaient les plus longues plumes des extrémités trainer derrière elle tandis que, du bout de son index droit, elle caressait la tranche d'un livre. Ses notions de Hauts-Alfes ne lui permettaient pas d'en déchiffrer le titre.

Elle délaissa la bibliothèque pour une porte laissée entrouverte. Plus que le contenu de la pièce, ce fut la scène représentée sur la dite porte qui interpella l'Angyal. Triniel en observa les détails d'un air critique, levant les yeux aux ciels sur l'inexactitude de ce qui était dépeint. Mais cela ne devait pas la surprise, elle se trouvait, après tout, chez un fervent croyant Nordey.

Elle se tourna finalement vers lui, la fourrure de sa cape retenant de nombreuses goutte d'eau, et l'observa d'un œil critique des pieds à la tête, le jugeant finalement suffisamment vêtue.

― Je ne peux que te déconseiller le blanc, lui offrit-elle, tu ne manqueras pas de souiller tes vêtements là où nous nous rendons.

Elle-même, autant par goût que pour des questions pratiques, préférait largement les teintes sombres.

― J'ose espérer que tu n'as rien oublier de crucial, précisa-t-elle. Nous allons quittons le continent de Varda, annonça-t-elle sans détour.

Elle le suivit hors de ses appartements, puis hors de la tour. Marcher au milieu des Hauts-Alfes était une expérience étrange. Bien que Triniel les ait côtoyés pendant la guerre, elle se trouvait ici chez-eux et ne manquait pas d'attirer tous les regards. Elle était comme une tache d'encre sur un parchemin vierge, sombre présence dans un océan immaculé.

― J'ai fait de toi mon champion et je crois en tes capacités à devenir un bon dirigeant, commença-t-elle tandis qu'elle marchait à ses côtés, se laissant toutefois les guider vers le moyen de transport qu'il choisirait pour quitter la montagne. Mais pour devenir un bon dirigeant, je crois fermement qu'il est nécessaire de connaître le monde dans lequel tu évolues. Et pas en l'observant depuis ta tour d'ivoire, précisa-t-elle en lui lançant un regard en coin.

Elle devinait son angoisse à l'idée de s'éloigner ainsi de chez lui. Et, le pauvre, n'était pas au bout de ses peines.

― Je souhaite te faire découvrir Cor'Dei comme je l'ai fait moi-même, autrefois.

Ce n'était pas il y a si longtemps en vérité, mais pour la Primordiale, cela semblait être une éternité. Elle avait tant changé après avoir quitté Pandemonium, et tant apprit, découvert. Sans évoquer le fait qu'elle était devenue le Primordiale de la Création - ce qui avait définitivement changé sa vision du monde - son long voyage lui avait ouvert l'esprit.

― J'ai conscience de te faire totalement sortir de ta zone de confort, mais tes adversaires ne se priveront pas de le faire, je ne vais donc pas me gêner, lui dit-elle sans douceur. Elle reprit ensuite, sur un ton plus léger. Je souhaite commencer ce voyage par une destination symbolique.

Ils s'arrêtèrent enfin, elle planta son regard dans le sien.

― Pandemonium.
Arkyn Sar'EdhaChampion de la Création
Arkyn Sar'Edha

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Date d'inscription : 13/07/2020
Je n’ai rien d’autre

Sa voix ne tremblait pas, et pourtant il ne se sentait pas le moins du monde fier ou assuré. Si l’être se devait de rester pur, aussi immaculé que possible, de nombreux Hauts-Alfes appréciaient de porter des couleurs, parfois même chatoyantes, considérant la neige de leur derme comme une toile à flatter et mettre en valeur. Mais il ne s’y était jamais réellement intéressé, ayant trop à faire avec ses recherches et entraînements. Aujourd’hui, de toute évidence, cela le desservait.

Je ne pense pas avoir oublié quelque chose …

De nouveau, l’hésitation. Il avait parfaitement conscience de leurs différences, ce qu’elle trouvait crucial, il n’était pas certain de le juger de même. Cependant, savoir qu’il pouvait en résulter des problèmes le poussa à s’exprimer, plutôt que de constater sur le moment ce qu’il lui manquerait peut-être. Bien entendu, il pouvait créer, par magie, bien des choses, bien des outils ou des biens, mais user du grand art était davantage réservé à des questions moins enfantines.

Qu’aviez-vous en tête ?

Il ne voulait pas penser plus que nécessaire à l’annonce qu’elle venait de faire. Quitter Varda ? Et pour où exactement ? Dehors, sur l’un des innombrables ponts suspendus que le vent fouettait sans relâche, l’Alfe s’arrêta, observant le paysage unique, majestueux, des monts Kehldarels dans toute leur royauté enneigée. Au loin, le piège-étoile du pic de la sagesse scintillait. Les vastes cylindres disparaissaient par instants sous les assauts implacables du blizzard.

Peu d’entre eux bravaient l’extérieur par un temps aussi virulent, mais ils croisèrent pourtant plusieurs des siens, leurs yeux de cristaux et de gemmes se colorant sous la surprise, parfois sous la désapprobation. Ces lieux étaient à la fois splendides et mortels pour les êtres inférieurs, la froideur que leurs flèches dégageaient perçait le coeur et l’âme plus que le corps et il y avait la stase intemporelle du gel, la vérité comme une lame. Elle ? Elle était un coeur battant trop vite, un été insoluble pour ceux sauvés par le froid.

Tellurite. L’ivoir ne tiendrait pas, le vent finirait par le ronger malgré le froid

Le vent était permanent, jamais dompté. Il savait que ce n’était pas réellement la réponse qu’elle attendait, il l’a donnait tout de même, Tyr l’aurait voulu, et il n’aimait pas violenter les détails, ils étaient l’apanage de la perfection. Son pas décéléra, sa main gantée se posa sur une rampe à la finesse de la pensée, et il l’observa sans faire cas du vide béant, au-dessous d’eux. Il sentait l’aspiration de la bise autours de lui, c’était plaisant.

Je ne sais pas réellement ce qui fait un bon dirigeant, je ne pourrais pas vraiment vous contredire, quoi qu’il en soit

Découvrir Cor Dei … Oui certes, il comprenait ce qu’elle affirmait, difficilement, il fallait l’avouer, car pour lui, il s’agissait de l’aboutissement d’années entières de réflexions. Il ne pouvait aider personne s’il ne connaissait personne, jusque là, il l’admettait sans mal et c’était précisément pourquoi il se tenait encore là plutôt que de s’enfermer dans le cylindre de sa famille en appelant la garde. Ce n’était pas pour cela qu’il était à l’aise.

Ce n’est pas …

Sa voix s’étiola en même temps que ses velléités de lui expliquer les finesses de la politique exaltée. Peu importait et il n’était pas certain qu’elle comprenne, ou s’y intéresse. Leurs règles étaient d’or, ici, et leurs voies tracées par la foi et la parole divine depuis leur naissance. Si qui que ce soit le mettait mal à l’aise ici c’était elle ! Lui aussi, cependant. Il était celui qui avait énoncé des avis hérétiques après tout. Il était la personne qui brisait leur confort. Mais c’était avec les meilleures intentions du monde.

Pande… Quoi ? Vous plaisantez ?

Son regard prit une teinte d’un bleu indigo maladif, les prunelles vitreuses et distantes pendant quelques instants, sans qu’il semble s’affoler de la soudaine sécheresse de son ton, lacée d’une panique hargneuse. Pandaemonium ? A quoi est-ce qu’elle jouait exactement ? L’éclat se transforma en une profonde souffrance, une tourmente interne qui effleurait à peine la surface de sa mire comme les doigts crochetés d’un noyé en pleine tempête. Ses lèvres pâles légèrement rosées se pincèrent jusqu’à l’exangue.

A l’agonie d’une poignée d’instants, une minute entière d’une tension vibrante, il recula d’un pas, baissa le regarde, l’esquivant même.

Je ne suis pas un dieu … juste un imparfait. Je n’ai pas le droit de fouler le domaine des divins

L’amertume emplissait sa bouche, alors que le reflux de sa crispation le laissait les membres en coton. Le vent le bouscula. Pas chance, personne n’avait entendu leur conversation.

Ne jouez pas avec moi Triniel … s’il vous plaît
Triniel Vit CreaturaePrimodial de la Création
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Elle ressentait une certaine excitation à l'idée de lui faire découvrir Pandemonium, de lui montrer que les Vails n'étaient pas mauvais et, au contraire, qu'ils étaient bien plus ouvert que ses dieux Nordeyn. Ce que la Primordiale n'avait pas prévu, cependant, était la réaction de son champion. Elle vit son expression changer à toute vitesse et se sentit instantanément mal. Elle ne cherchait pas à le blesser, bien au contraire.

Lorsqu'il recula, profondément blessé, arguant qu'il n'était qu'un imparfait, Triniel déploya ses larges ailes autour d'eux, les coupants du vent et de la neige, mais également des éventuels Hauts-Alfes qui pourraient surprendre leur conversation. Elle voulut lever la main, caresser sa joue d'enfant blessé, mais suspendit son geste et laissa son bras droit retomber le long de son corps.

― Je ne joue pas avec toi, Arkyn.

Son prénom, entre ses lèvres parait de son accent, sonnait délicieusement. Sa voix était douce, sans doute ne l'avait-il d'ailleurs jamais entendu s'exprimer de cette façon, criante de sincérité et sans facétie. Elle ferma ensuite les yeux, brièvement, cherchant les bons mots. Lorsqu'elle les rouvrit, ils brillèrent brièvement d'une profonde lueur dorée, leur véritable couleur.

― Tes dieux sont bien cruels… Commença t-elle avec amertume. Pourquoi s'infliger pareille souffrance ? Pensa t-elle en l'observant tendrement. Je n'ai pas vocation à faire inutilement souffrir ceux qui m'entourent. Tu apprendras à me connaître, mais sache que je préfère généralement me taire plutôt que de ne pas être sincère.

Elle souhaita lui offrir un sourire, timide mais sincère, mais l'Alfe détournait encore les yeux, conservant une distance. Triniel s'en trouva embêtée. Elle décida donc de poser un geste qui ne manquerait certainement pas de troubler son champion, voir même de le choquer. Elle leva la main, rapidement afin de ne pas lui laisser l'occasion de lui échapper, et saisit le menton du Haut-Alfe entre son pouce et son index, ses ongles vernis de noir. Il était plus grand qu'elle, mais elle n'eu aucune difficulté à le forcer à la regarder.

Triniel n'ignorait pas la portée de son geste, pour un Alfe, mais ne s'en montra pas troublée. De plus, à l'abri de ses ailes, ce moment resterait entre eux.

― Tout ce que tu sais sur les Nordeyn ne s'applique pas aux Vails. Comment pourrions-nous guider les mortels si nous vous fermions les portes de notre domaine ?

Sans doute pourrait-elle tenter de le convaincre, mais la meilleure preuve pour étayer ses dires allait être la vision de Pandemonium, lorsqu'ils seraient tous deux à ses portes. Triniel voyait déjà la pierre sombre, les tours, les arches et les ponts… mais aussi la faune et la flores luminescentes ainsi les vitraux aux couleurs chatoyantes.

― Tu es mon champion, dit-elle en le relâchant. Je n'ai aucune raison de vouloir te tromper. Nous allons à Pandemonium et, en toute sincérité, il me tarde déjà de receuillir tes impressions une fois là-bas.
Arkyn Sar'EdhaChampion de la Création
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Date d'inscription : 13/07/2020
L’affirmation ne faisait naître nulle chaleur en son coeur, n’aboutissant qu’à un coup d’oeil bref, farouche. Fils d’une lignée rejetée, son peuple travaillait avec acharnement à rendre leurs parents fiers et heureux, ne voulant qu’une chose : rentrer à la maison. Lui-même, de nombreuses générations le séparant des premiers membres de son peuple, lui-même avait cette langueur ancrée en lui, ce rêve irréalisable depuis son premier jour. Il était né avec la lueur mourante de Sanctum dans les yeux, s’éloignant toujours plus.

Nous avons déçus nos créateurs. Ils nous ont offert la vie et nous n’étions pas dignes de ce présent. Un jour, nous le serons

Il l’espérait de tout coeur. Ce jour là, lorsque les portes de Sanctum s’ouvriraient, ils seraient enfin au bout de leur longue route. Et cette grande épreuve de leur absence était peut-être la dernière ligne droite, l’ultime jugement pour déterminer s’ils avaient enfin transcendé leurs défauts pour s’élever dans la lumière. Ils avaient acceptés de leur laisser une chance, de ne pas leur retirer le don qu’ils avaient fait alors il ne se plaignait pas, ne voulant pas se montrer ingrat. Il n’arrivait pas à comprendre pourquoi elle pensait cela cruel.

C’est une bonne qualité…

Un semblant de détente vint caresser sa posture, atténuant sa roideur. Elle n’était pas responsable de ce qu’il était quand bien même c’était elle qui le confondait par cette invitation déplacée, à son sens en tout cas. De plus, et sans malveillance, elle semblait sincère dans ses regrets. Il la croyait volontier, bien qu’il lui fut difficile de surmonter la profondeur de son émotivité. La caresse fraîche des doigts calleux le surprit, le destabilisa, et il eut un sourd sursaut avant d’ouvrir de grands yeux, une vive rougeur colorant le derme de son visage.

Que .. !

N’osant plus bouger, le regard que l’Alfe dédia à la Vail fut celui d’une bête prise sous le regard d’un dragon. Il voyait ses lèvres bouger mais ne comprenait pas ce qui en sortait, tant son esprit s’était figé d’embarras. Quelques instants furent nécessaires pour qu’il ne parvienne à se reprendre, juste à temps pour entendre la suite. Elle voulait donc réellement le conduire à Pandaemonium. La révélation était difficile à encaissée et lui faisait encore tourner la tête, le paniquant légèrement.

Il inspira plusieurs fois l’air algide, déglutit l’aigreur piquant le fond de sa gorge, avant de faiblement hocher la tête. Pandaemonium. L’Alfe n’avait pas la moindre idée de la façon dont il devait réagir, ce qu’il devait en penser, ou la façon exacte dont il devait se comporter. Même s’il ne s’agissait pas de ses dieux, il s’agissait de dieux. Pourquoi est-ce qu’elle voulait lui montrer ce lieu en particulier ? Parce que c’était sa maison ?

Triniel…” Sa voix mourut, le flot s’interrompant dès son ébauche. Il hésita, soupira, puis reprit, essayant toujours de faire fi de son contact à présent révolu.

Aucun des miens ne me conduira là-bas, je ne peux pas dépenser autant d’énergie pour contrôler un golem de transport sur cette distance, et je ne sais pas monter tout seul …

Les grands oiseaux qui portaient les Aegyls n’étaient pas des montures aisément domptables, leurs cavaliers passant des années entières avec eux avant d’espérer tenir sur leur dos sans être précipités à la mort sans possibilité de partager même leurs souvenirs. Sphinx, il s’était consacré à la magie, certainement pas à la monte, bien qu’il reconnaisse aisément les qualités des guerriers ailés, et de leurs majestueux compagnons.

Je peux essayer de me téléporter jusqu’à Llaelwyn … Les flux telluriques relient l’Arbre-dragon à Tyr, réduisant les risques d’un déplacement rapide. De là… je crois qu’il existe un port, n’est-ce pas ?

Il se remettait difficilement de la perspective de fouler une terre divine, et il avançait à tâton face à ce monument.
Triniel Vit CreaturaePrimodial de la Création
Triniel Vit Creaturae

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Date d'inscription : 03/07/2020
Age : 28
Bien ancré dans sa foi, ce serait un travail de longue haleine que de faire changer Arkyn… si cela était possible. Triniel allait donc devoir prendre sur elle et travailler sur sa patience, car elle tenait à lui montrer qu'une autre voie, une autre foi, était possible. Mais faire changer une race qui croyait en la même chose depuis toujours ? La Primordiale n'était pas suffisamment imbue d'elle-même pour penser en être capable. Mais peut-être pourrait-elle faire changer son Champion, si celui-ci s'ouvrait à elle. Pour les autres, peut-être que ses descendants le verraient un jour.

Elle avait envie de lui dire que les dieux, y compris elle-même, étaient pétris de défauts tout comme les races qu'ils avaient engendrées. Mais, une fois de plus, elle ne le jugea pas prêt à l'entendre.

Son sourire se fana légèrement lorsqu'il lui avoua ne pouvoir contrôler un golem jusque-là bas, ou qu'aucun Alfe ne le conduirait vers Shaiya. Triniel s'y attendait, toutefois, et avait songé à se rendre jusqu'à Caer Iâdh. Mais la perspective de prendre un bateau pour rejoindre le continent de la liberté était fort déplaisante. La Primordiale détestait la mer et tout ce qui s'y rapprochait.

― Le port est à Caer Iâdh, le corrigea t-elle.

Elle se détourna, fit quelques pas, le regard perdu vers l'horizon et leur but.

― La téléportation… Il s'agit davantage de l'apanage du Primordial de la Liberté, mais pourquoi pas.

Elle fit, de nouveau, face à son Champion.

― Mon cher, nous nous retrouvons à Yanlei ! Lui dit-elle en levant la main, rassemblant déjà son énergie pour envoyer l'Alfe vers l'archipel des Eiji. Bon voyage !

Son claquement de doigt sembla résonner sur les parois de la montagne tandis qu'elle libérait sa divine puissance, envoyant le malheureux Haut-Alfe bien loin de chez lui.


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Les oiseaux marins piaillaient joyeusement au-dessus de la plage alors que les vagues venaient doucement choir sur le sable en une mélodie parfaitement rythmée. La mer de corail s'étendait à l'horizon, ni trop chaude, ni trop froide, et l'air était délicieusement doux. Assise sur un rocher léché par la mer, une simple canne à pêche à la main, Triniel observait l'horizon. Elle ne portait plus ses bottes et encore moins sa cape, même ses ailes avaient disparues. La peau de ses bras et de ses mollets était ainsi offerte à l'astre du jour qui la réchauffait de ses délicieux rayons. Ses cheveux étaient également tirés en arrière, dévoilant son cou et une partie de sa nuque, et attachés avec un ruban dont la couleur se confondait avec celle de la mer de corail.

Le petit bouchon qui flottait à la surface de l'eau s'enfonça enfin après ce qui semblait être des heures. Triniel entreprit de remonter sa ligne, mais un énorme "plouf" manqua de lui faire lâcher le bout de bois. Seuls ses réflexes lui permirent de ne pas perdre sa canne, tandis qu'elle se tournait d'un quart vers la droite.

À ses pieds, tel un morceau de bois ramené sur la plage par les vagues, se trouvait Arkyn.

― Mmh, je m'améliore, le voyage n'aura pris que quelques secondes.

À moitié assis dans l'eau, le pauvre voyait ses vêtements blancs se gorger d'eau.

― Navrée pour l'arrivée humide, s'excusa t-elle. Mais, dis-toi qu'il ne te manque pas un bras. Ou que tous tes membres sont au bon endroit.

Elle détourna le regard, surveillant que son bouchon ne coulait pas.

― Tu viens de traverser la moitié de Cor'Dei en un claquement de doigt. Elle sourit et se tourna de nouveau vers lui. Bienvenue dans l'archipel de Yanlei. Nous sommes dans le royaume d'An, sur l'île sud.



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