Lors de la fondation de Serrès, il semblait que la question religieuse allait entrer au centre de l’organisation de la vie de la ville comme du vaste Empire dont rêvait déjà ses dirigeants.

L’élite de la nation était face à un problème complexe : si certains cultes s’étaient transmis chez les humains par leurs anciens tortionnaires, ils n’étaient pour la plupart guère adaptés à la condition de la vie humaine, à sa courte durée de vie, et surtout n'offrait aucune assise au pouvoir gouvernant la ville.

Pour répondre à ce besoin spirituel, des étudiants en théologie commencèrent à remettre en doute les cultes existants, considérant qu’ils présentaient tous des failles évidentes pour être réellement considérés comme légitimes.

Pour eux, Dieu ne pouvait être qu’unique, omnipotent et absolu.

Ainsi, l’Ordre Saint naquit d’une riche réflexion théologique, de la nécessité de légitimer le pouvoir de l’Empereur sur un territoire s’étendant alors de plus en plus, et enfin d’harmoniser la pratique religieuse en imposant un culte d'État.




Le culte du Dieu Unique se répandit rapidement, de gré ou de force, porté par la couronne et ses Tagmata au travers tout l’Empire. Les efforts de Serrès pour imposer l’Ordre Saint en firent l’un des cultes les plus influents de l’espèce humaine, grâce au poids numérique des Altrois.

En contrepartie, cela fragilisa finalement l’intégrité de l’Empire dans ses régions les plus reculées, et la question religieuse représenta l’un des motifs les plus importants de sécession contre la couronne impériale.




La religion de l’Ordre Saint est articulée autour de la Pentarchie, dont chaque membre est associé à l’un des lieux saint les plus importants de la religion. Si Avalon et Altra sont actuellement hors de portée des pèlerins, ils ont toujours un Patriarche nommé et permettant à l'Empire de toujours revendiquer la souveraineté sur leurs terres.

La résistance de Serrès à un ennemi numériquement bien supérieur durant le conflit contre les morts-vivants a d’ailleurs renforcé le prestige de l’église et conforté les fidèles. Cette religion basée sur la souffrance et le martyr, s’est appuyée sur les ravages de la guerre pour prouver sa légitimité.

En effet, là où les hérétiques d’Avalon ont été balayés, provoquant la destruction d’un Lieu Saint et donc un désastre, Serrès, bastion de la foi, a enduré la souffrance et vaincu l’adversité grâce à sa dévotion envers l’Unique.




Bien que l’Ordre Saint vénère une divinité unique et absolue, il considère que ce dernier confère des pouvoirs particuliers à certains individus qui sont alors nommés des “Esprit Saint”.

Et bien que l’Ordre fut construit pour être une religion humaine, il n’est pas nécessaire d’être humain pour devenir un Esprit Saint. Tout individu œuvrant pour la préservation de l’Empire et de ses dogmes est un candidat éligible pour une canonisation après son trépas.

Dans la pratique, seuls les Dragons sont, en dehors des humains, choisis pour devenir des esprits saints, puisqu’ils sont souvent les seuls à prêter main-forte à l'Empire sans exiger une forme de contrepartie.

La plupart des Basileus ainsi que des Patriarches, à l'exception notable de quelques déchus à cause d’une faute lourde lors de l’exercice de leurs fonctions, deviennent des Esprits Saints après leurs morts. Toutefois, certaines Basilissa particulièrement pieuses peuvent également devenir des Saintes après leurs trépas.

L’on trouve ensuite des héros de Serrès, militaires de carrière ayant offert leur vie au service de l’Empire, et des grands artistes ayant contribué au rayonnement de la culture de Serrès, comme les architectes ayant supervisé la construction des monumentales Basiliques de l’Ordre.

Les derniers, peut-être les plus nombreux, sont des gens ordinaires ayant endurés le martyr lors d'événements catastrophiques, comme des guerres particulièrement difficiles, en se retranchant dans la foi ou en se dressant face à l'ennemi. Souvent morts dans d'atroces souffrances, ils incarnent le chemin du martyr et de la souffrance nécessaire chère à l'Ordre qui les érige en Saints et modèles d’une existence pieuse.
Dans tous les cas, la canonisation d’un Saint est proposé par des Prêtres et débattu par les Patriarches, qui votent afin de canoniser ou non le candidat proposé.




Si les plus petits temples sont placés sous la protection d’un seul Saint, les grandes basilique de l’Ordre Saint disposent souvent de représentation de nombreux saints réalisées par les artistes les plus talentueux de Serrès.

Les Saintes Icônes respectent des canons stricts établis par l’Ordre, chaque Saint étant représenté sous la forme où il incarne le mieux la fraction de puissance divine accordée par l’Unique. A chaque fois qu’un nouveau Saint est canonisé, un code de représentation est introduit afin qu’il s’insère parfaitement dans la tradition de l’Ordre.

La question de la représentation des Saints en Icônes est toutefois une source d’interprétation théologique faisant toujours débat dans l’Ordre.

Le mouvement Iconoclaste suggère qu’il s’agit d’une pratique païenne héritée des religions hérétiques qu’il convient de condamner, soupçonnant le peuple de vénérer davantage les Saints, surtout les draconiques, plutôt que l’Unique.

Pour les iconodules au contraire, ce ne sont pas les images sacrés qui sont vénérés, mais l’incarnation de l’Unique qu’il représente, de ce fait, les Saintes icônes ne sont pas hérétiques. Le mouvement iconoclaste connaît toutefois plusieurs montées en puissance et rien n’indique qu’il ne pourrait pas un jour renaître de ses cendres.