Esclave de naissance, la jeune race Humaine n'avait que peu d'espoir, contrainte de servir ses maîtres Alfes jusqu'à la mort. De cet esclavagisme naquirent les différents ethnies qui peuplent aujourd'hui les terres de Teos. Senaïs, Voltaïs et Eijis furent ainsi les créations des Alfes Sombres tandis que les Altrois étaient la création des Hauts Alfes.

Après 1000 ans d’esclavage, l’Humanité se vit enfin accordée une chance de gagner sa liberté. En Svaltheim, chez les Hauts Alfes, cette chance prit la forme d’une révolte, dynamisée par la large supériorité numérique des Humains sur leurs maîtres. Chez les Alfes Sombres, cette chance prit la forme des Dragons rouges, marins et célestes qui intervinrent pour leur venir en aide.

Les Altrois, créations des Hauts Alfes, fuirent les Monts de Varda pour les plaines d’Acadie. Là, ils fondèrent une première ville : Serrès. Puis, ne voyant venir aucune poursuite ou revanche, ils commencèrent à peupler les terres de ce nouveau continent qui leur ouvrait les bras et semblait vierge de population.

Pour les autres ethnies humaines, la route était cependant encore longue.
Les Eijis eurent la chance d'être sauvés puis guidés par la dracène ancestrale nommé Shalassa ainsi que le dragon du vent Kaar, qui les conduisit vers l'ouest. Les Voltaïs furent sauvés par un jeune dragon, nommé Traxec, qui les guida vers le sud ouest et les terres dont ils étaient originaires, Pao. Enfin, les Senaïs virent leur salut en un dragon ancestral nommé Vagha, qui les conduisit vers les terres brûlantes de Kadath.

Pendant ce temps, les Vanes du Nord voyaient leur grand navire s’échouer sur la côte de Naossau, à l’ouest de l’Océan de Plomb, où ils fondèrent un sanctuaire : Urd. Les Vanes voyageant vers le sud trouvèrent les Terres d’Acadie, puis d’Elwher et parvinrent aux rivages de l’Océan Ombreux. Ils fondèrent tout d’abord un premier sanctuaire, en Elwher, puis un second sur l’île de Myrrh, nommé Féroé, mais n’eurent aucun contact direct avec les Humains à leur arrivée en Acadie.

Serrès, en pleine expansion, mua du royaume originellement bâti en un puissant empire couvrant la région d’Acadie, à force de croissance et de colonisation. Aidée par l’absence de civilisation locale, Serrès pu établir de nombreux domaines et construire de nombreuses villes, nommant même des gouverneurs pour diriger au nom de l’Empereur les régions les plus éloignées de la capitale.

Une centaine d’années après la proclamation de l’impérialisme de Serrès, les tensions internes firent naître la première guerre Altroise. En effet, la taille de l’Empire, la différence entre les régions, les cultures et les ambitions des différents seigneurs furent le terreau pour un conflit qui morcela Acadie durablement.

Les prémices prirent racines dans la région d’Aehland, dont la population était plus attachée que la capitale au culte des Nordeyns, et dont la proximité avec les Vanes d’Elwher poussait à un développement plus spirituel et moins matérialiste. Les tensions, d’abord sous-jacentes, explosèrent lorsque Serrès décida de réprimer les cultes Angyalis par la force.

Le seigneur Arthur d’Aelhaearn, gouverneur local élu par l’Empereur, tenta tout d’abord de ramener le calme au sein du peuple, qui soutenait la prêtrise Angyalis. Rapidement mis en cause cependant, accusé par le patriarche d’aider les rebelles, il se retrouva prit entre deux feux : l’insatisfaction de son peuple et les lourdes charges que l’on portait à son encontre.

Proche de son peuple, et n’ayant que des rapports vagues avec le pouvoir central depuis plus de quinze ans, le seigneur d’Aelhaearn privilégia son peuple et décida de rejeter l’autorité centrale de Serrès en se proclamant roi et en instaurant l’église Nordey comme officielle au sein de son domaine.

Tout d’abord seule dans sa lutte, la province en rébellion connue pendant la première année de la révolte de très nombreuses défaites face à l’armée régulière de Serrès. Le Roi chercha alors à obtenir des soutiens afin de consolider sa force militaire, et se tourna vers le gouverneur de la province de Valstad, ainsi que vers les Vanes d’Elwher.

Le gouverneur de la province de Valstad, Ifan de Couve-Tempête, accepta de prêter ses propres forces aux rebelles d’Aehland. Bien que Valstad ne fut pas directement menacée, elle était, tout comme sa voisine, le lieu de résidence d’une forte population de fidèles Angyalis, et redoutait de subir les mêmes persécutions, à terme, qu’Aehland.

Ayant parfaitement conscience que le soutien apporté à la province rebelle ne serait pas bien vue, Ifan de Couve-Tempête suivit le chemin précédemment tracé par Arthur d’Aelhaearn et avec le soutien des autres seigneurs de Valstad, se proclama roi, faisant sécession. Ensemble, les deux souverains rebellent parvinrent à stopper l’avancée de l’armée de Serrès dans les plaines de Camlann, au nord du fleuve Serra.

Durant plus de deux ans, la guerre s’enlisa sur cette ligne de front, tandis que les rebels, coupés de l’accès à la mer Akhavienne, usaient de leur proximité avec les Vanes pour se réapprovisionner où atteindre les eaux de la mer intérieure via l’océan ombreux. Néanmoins, Serrès maintenait une pression douloureuse, disposant d’une plus grande stabilité et d’une armée mieux organisée et mieux armée.

Conscients qu’une guerre d’usure serait à leur désavantage et que Serrès rongeait leurs terres progressivement, les souverains d’Aehland et de Valstad firent tout ce qui était en leur pouvoir pour gagner des alliés au sein des seigneurs de Serrès, mais également pour renforcer leurs royaumes respectifs. Cette détermination ainsi que la droiture et la fidélité du roi d’Aelhaearn à la foi Nordey, qu’il avait embrassé, attirèrent l’attention du primordial du devoir, qui fit d’Arthur son champion. Dans le même temps, Ifan de Couve-Tempête adhéra à la fois de Saol An’Morha, et au druidisme.

Soutenus par les pouvoirs des Nordeyns, ainsi que par les troupes Vanes d’Elwher, les deux royaumes rebelles parvinrent à infliger plusieurs défaites à Serrès, amenant l’empire à la table des négociations. Par traités, les royaumes d’Aehland et de Valstad furent reconnus et Serrès accepta d’abandonner toute forme d’impérialisme à leur égard.

La ville-capitale d’Aehland, Avalon, fut alors construite suite à ce traité, alors que le souverain de Valstad choisissait la ville d’Altra comme capitale après avoir perdu Couve-Tempête durant la guerre.




Une période de paix précaire suivit la reconnaissance des royaumes d’Aehland et Valstad par Serrès. Complètement coupés de l’Empire, les couronnes naissantes eurent à se consolider et à former leurs propres modèles culturels, plus adaptés à leurs situations respectives. Cependant, cette période trouble et pleine de changement était aussi le moment idéal pour l’apparition d’ambitions plus personnelles et moins bienveillantes.

Au sein des érudits de Valstad, un homme, plus que tous les autres, désiraient dépasser les frontières atteintes par l’humanité jusque là. Il chercha d’abord des réponses auprès des druides, et des prêtres Angyalis, mais fut rapidement frustré de leur réserve et de leur retenue, en particulier en ce qui concernait la vie éternelle des dieux. L’homme décida donc de voyager, hors des frontières d’Acadie, afin de trouver d’autres sources de savoirs.

Originellement en quête des Hauts Alfes, il découvrit à la place les Alfes Sombres. Auprès d’eux, il découvrit une toute autre façon de percevoir le monde, et la puissance. Un point de vue qui lui seyait davantage. Conscient des sombres secrets que les Nocturnes détenaient, l’homme travailla des années durant à trouver une faille qui lui permettrait de recueillir ces connaissances pour ses propres fins.

Il y parvint, et prit la fuite avant que les Alfes Sombres ne comprennent le larcin. Retournant en Altra, où il pensait être en sécurité, l’homme travailla à exploiter les secrets qu’il avait dérobés. Le fruit de ses recherches fut l'élixir de sang, une substance qui donnait la vie éternelle … en corrompant le corps humain et en le transformant.

De cet élixir naquit le premier vampire, l’homme lui-même. Il comprit rapidement qu’il n’était plus totalement vivant, et que cet état lui ôtait la capacité de concevoir comme un humain. Pour créer des enfants, il devait partager le don de l’élixir, et il le fit. Consolidant sa nouvelle force, il gagna petit à petit de nombreux enfants au travers de la noblesse de Valstad avant que les siens ne soient découverts.

Maximilien Valerius, ainsi que sa femme et leurs enfants, permirent de démasquer la conspiration du vampire, empêchant ainsi que le royaume de Valstad ne tombe sous la coupe des enfants de la nuit. Leur découverte permit également à Aehland et Serrès d’être mis au courant et de se prémunir, chacun à leur manière, contre les Vampires.

Néanmoins, l’apparition de ces créatures, leur origine magique et leur ambition, vint à profondément secouer le peuple de Valstad. Des paysans, premières victimes des vampires naissants, jusqu’aux nobles dont le pouvoir avait presque été usurpé, aucun humain ne parvenait à faire de nouveau pleinement confiance aux mages. Les vampires étaient l’image même d’un mage étant allé trop loin, d’une limite qui ne devait pas être franchie.

L’usage de la magie tomba progressivement en disgrâce, d’abord mal vue, puis interdite, la couronne poussa même son zèle jusqu’à la faire punir de mort, rompant dans le même temps avec sa tradition druidique. Seules les pratiques Angyalis, encadrées et épurées, étaient alors autorisées. Une véritable paranoïa latente s’insinua progressivement dans la société, au fil des années, jusqu’à éclater en l’an 6500 avec la Purge.

Dans tous les royaumes, l’armée arrêta tous les individus anciennement mages ou simplement soupçonnés de magie, et les exécuta. Cette mesure, radicale et autoritaire, fut accueillie avec soulagement par la population, mais très mal par le royaume allié d’Aehland, profondément ancré dans les traditions magiques de leurs ancêtres et de leurs alliés.




Devant l’attitude de Valstad, le souverain d’Aehland, Tristan d’Aelhaearn, décida de renforcer les défenses de ses frontières et essaya de faire entendre raison à son homologue, sans succès. Pire encore, ses tentatives accommodantes furent perçues comme une corruption vampirique par les seigneurs de Valstad qui le dénoncèrent ouvertement, et l’accusèrent d’avoir offert l’asile aux mages qui s’étaient échappés de Valstad.

Refusant de livrer qui que ce soit aux inquisiteurs de Valstad, Tristan d’Aelhaearn se retrouva bien vite, ainsi que ses interlocuteurs, dans une impasse délicate. Il ne souhaitait pas trahir ses convictions, mais répugnait à perdre son alliance également. Convaincu par ses conseillers après de très nombreuses semaines d’efforts diplomatiques, le souverain d’Aehland décida de conquérir Valstad, plutôt que de laisser la situation sur ces terres se détériorer vers une chasse aux mages généralisée qui risquerait de toucher également les angyalis.

Jouissant du statut de demi-dieu, de par l’élection du Primordial du Devoir que son ancêtre Arthur lui avait transmis, Tristan fit valoir sa prérogative auprès du Pontif Angyalis de Valstad, qui l’accepta, le rendant éligible à la couronne. Ayant obtenu cette bénédiction et avec l’aval de son protecteur, Tristan déclara la guerre et mena son armée contre Valstad. Altra, capitale du royaume de l’Est, tombait un an après, en 6552.

Cependant, tout comme Serrès avant elle, Aehland n’avait pas les moyens de gérer un territoir aussi vaste sans tension et fut repoussée hors d’Altra à peine deux ans plus tard, après un travail de sappe mené par des rebelles loyalistes à l’ancienne couronne de Valstad. Pendant près de 50 ans, Aehland et Valstad s’enlisèrent dans des conflits épars, frontaliers et des escarmouches sans jamais parvenir à l’emporter ou à asseoir la paix.

Epuisés par les conflits et focalisés l’un sur l’autre, les deux royaumes furent des proies faciles pour un assaut habile de Serrès qui désirait rétablir son ancien empire.



Serrès, frappant après que ses rivaux se soient épuisés, n’eut aucun mal à conquérir Aehland, dont la capitale tomba après seulement quelques mois, puis Valstad, vers la fin de l’année 6550. Rétablissant l’empire, elle fit exécuter l’intégralité de la famille royale survivante de Valstad, et nomma deux nouveaux gouverneurs pour ses provinces. La religion Angyalis, tout comme le druidisme, furent interdites. Tristan d’Aelhaearn ainsi que son fils aîné et plusieurs cousins, parvinrent à s’échapper et trouvèrent refuge en Elwher, comme réfugiés politiques.

Serrès conserva le contrôle des deux royaumes pendant deux décades instaurant progressivement sa loi, avant qu’un nouvel adversaire ne vienne contrarier sa croissance.



Avec la fin des guerres altroises et la mainmise de Serrès sur Acadie, l’Empire eut la possibilité d’étendre la portée de ses expéditions maritimes, découvrant de nouvelles terres, et de nouveaux peuples. Parmis ceux-ci, les Alfes Sombres, dont le vaste empire n’avait pas eu de réel rival jusque là et qui n’avait pas l’intention dans accepter un. Serrès représentant un rival en devenir, les Alfes Sombres lui déclarèrent la guerre.

Le conflit, inégal, repoussa la flotte humaine vers les côtes d’Acadie, puis sur terre. Les Alfes Sombres effectuèrent une percée jusqu’à Avalon, qui fut mise à sac. Chaque empire campa ainsi sur ses positions pendant plusieurs années, les Alfes usant de leur base en Acadie pour effectuer des raids mais ne cherchant pas à prendre totalement le contrôle des terres altroises, préférant laisser les humains se fatiguer progressivement.

Deux événements, toutefois, vinrent à progressivement effriter le maintien des Alfes Sombres en Acadie. Après de nombreuses tractations avec les Vanes, Serrès accepta de restaurer la maison d’Aelhaearn au trône d’Aehland et de rendre son indépendance au royaume, sous protectorat, en échange du soutien des Vanes dans la guerre contre les Alfes Sombres dont la puissance magique et l’appui draconique devenaient difficiles à stopper.

Cette alliance, en plus d’offrir des ressources et des troupes fraîches à l’empire humain, lui permit également de pouvoir de nouveau naviguer, via les routes maritimes du sud. Ce fut lors d’une de ces explorations que les Altrois découvrir l’existence des Eijis, auprès desquels ils découvrir l’usage de la poudre noire. Cette découverte permis d’élargir l’éventail des armes lourdes à la disposition des altrois et ainsi de mieux répondre aux assauts des Nocturnes.

Après trente ans de guerre, les Alfes Sombres perdirent le contrôle d’Avalon, et furent repoussés vers la mer.



Après la fin de l’occupation d’Avalon par les Alfes Sombres, le royaume d’Aehland fut restauré, et sa couronne remise aux mains d’Elric d’Aelhaearn, qui décida de changer de patronyme, devenant Elric Eluned, ayant été baptisé sous ce nom par la prêtrise d’Elwher. Contrairement à ses ancêtres, il était un adepte du druidisme Sari, et donc sous la protection du primordial de la création.

Sous son influence, la religion Angyalis pratiquée en Aehland ne se développa plus uniquement comme Nordey, mais également comme Vailÿs. Serrès, de son côté, conserva encore le contrôle de Valstad pendant plus de 60 ans, avant qu’une nouvelle rébellion ne vienne lui ôter son autorité sur la région, et qu’une nouvelle couronne ne soit instaurée en la personne de Sîan de Vairon.

De nombreuses escarmouches continuaient de se produire, en mer ou sur les côtes, avec les Alfes Sombres. Cependant, en Acadie même, la paix revint progressivement et les premières routes commerciales s’ouvrirent avec l’archipel de Yanlei, où se trouvaient une autre ethnie humaine, les Eijis.

Avec l’apaisement des conflits armés, les trois couronnes humaines purent se consacrer au développement d’autres domaines, comme l’art, la philosophie, la médecine et la diplomatie. Aehland et Valstad signèrent un nouveau traité, en l’année 6800,scellé par le mariage de la fille du roi d’Aehland et du fils du roi de Valstad.

De nombreuses missions diplomatiques furent échangées entre Altrois et Eijis, amenant inévitablement les Altrois à renouer un contact frileux avec les créateurs de leur ethnie : les Hauts Alfes. De confession Angyalis, le royaume d’Aehland obtint les meilleures entrées diplomatiques avec les Eijis autant qu’avec les Hauts Alfes, alors que Serrès nouait une forte relation de confiance avec les nomades Senaïs du désert de Kadath.

Valstad, de son côté, resta quelque peu en retrait, n’ayant pas totalement abandonné ses anciennes pratiques anti-mages et sa profonde répugnance pour les Vampires et les créatures magiques de plus large façon.

Libérés en 6100, les Eijis furent conduit sur l’archipel de Yanlei par la dracène Shalassa et le dragon Kaar, qui devinrent leurs protecteurs. Shalassa, ayant fait du peuple Eiji son trésor, désirait plus que tout les guider vers la sagesse et la tranquillité, aussi décida-t-elle de rester activement auprès d’eux, prenant une forme humaine et devenant la première impératrice.

Sous sa coupe, le peuple Eiji bâti un royaume uni, protégé au sein de l’archipel. Grâce aux enseignements qu’elle prodiguait, les humains ne souillèrent pas les îles elles-mêmes, préférant vivre sur de grands et longs navires. Les seuls bâtiments construits sur la terre ferme étaient des temples ou des maisons de soin.

Dans une bulle loin de tout, les Eijis restèrent longtemps très proches de la nature et des éléments, ne prenant que ce dont ils avaient besoin pour vivre, dont un cycle qui n’était pas sans rappeler celui des Alfes Verdants. Ils découvrirent les centaines d’îles ponctuant les mers de corail et de nénuphars, et eurent même un très rapide aperçu de Pandaemonium et Sanctum, loin au-dessus d’eux.

Cependant, en l’an 6390, un mal inconnu vint à harasser Shalassa et Kaar. Le dragon de vent quitta l’archipel afin de retourner sur l’île de sa race, afin d’espérer y guérir, mais Shalassa, trop éprise de ses mortels, s’entêta à rester. Durant dix ans, elle lutta avec l’aide des mages mortels contre le mal qui la rongeait, avant d’abandonner, à bout de force. Reprenant une ultime fois sa forme draconique, Shalassa se lova dans la crique d’une île isolée et y tomba profondément endormie.




Après la disparition de Shalassa, le peuple Eiji abandonna progressivement ses navires-habitats pour gagner la terre ferme des nombreuses îles de l’archipel. Durant les vingt premières années, la population ne fit qu’utiliser et agrandir les nombreux temples et maisons de guérison précédemment bâtis sous le règne de la dracène. Trois de celles-ci, construites sur de plus larges îles, concentrèrent le gros des Eijis migrateurs : Paru, Suî, et Suva.

C’est à ce tournant de l’histoire Eiji que les premiers fidèles Nordey apparaissent, les Dieux ayant profités de la disparition de Shalassa afin d’introduire leur culte auprès des humains de l’archipel. La période, relativement calme, est principalement constituée d’explorations, de découvertes technologiques et de constructions, physiques comme sociales. De plus, un clivage se forme au sein de la société des Eijis, faisant apparaître les premières strates sociales.

Au sein de la noblesse, constituée des individus ayant fédérés le reste de la population et dynamisé leur évolution après les incertitudes liées à la perte de leur impératrice, une famille se distingue plus que les autres : les Shen. En l’année 6450, le patriarche de la famille Shen se déclare empereur des Eijis unifiés, à la place de Shalassa. Il règne alors depuis le temple de Paru sur l’intégralité de l’archipel.




Progressivement, au cours de l’établissement sur terre, un clivage apparu entre les Eijis restés en mer et ceux installés sur terre. Les Eijis continuant d’user des anciens navires-habitats ne souhaitait pas reconnaître le pouvoir de l’empereur, pensant que s’arroger le trône de Shalassa était une hérésie, comme l’était l’acceptation de la religion Nordey. Le mécontentement de cette partie de la population ne fit que croître, jusqu’à ce que le dirigeant spirituel de la foi Shalassienne décide de couper complètement avec l’Empire. Grâce à leur expertise en navigation, ils purent esquiver toutes les tentatives des soldats Eijis de les appréhender. Se nommant eux-même les Sangs de Jade, ils rejoignirent la mer de corail et les eaux plus chaudes de l’extrémité sud de l’archipel.

Les troubles causés par la harangue conservatrice des Sangs de Jade fragilisa le pouvoir encore relativement jeune de l’empereur, fracturant la confiance commençant à s’installer. Plusieurs autres maisons nobles, mais également des individus appartenant à la classe guerrière, s’élevèrent pour tenter de gagner en puissance. Un général de l’armée de l’empereur, Goro Ishii, renversa son souverain, afin de s’approprier le pouvoir pour sa propre famille. Le fils de l’Empereur Shen parvint à s’enfuir, et se réfugia au sud. Arrivé à Suî, il se trouva menacé par les Sangs de Jade, présent dans la région, et prit de nouveau la fuite, arrivant cette fois sur une terre encore inconnue, Shaiya, où il rencontra les Hordes Voltaïs.

Au sein de l’Archipel, une guerre civile divisa l’ancien empire en deux. Le nord, gouverné par Goro Ishii, et le sud, gouverné par Raja Telhmat, Haut prêtre de Shalassa.




Le sud de l’archipel, réunifié par les Sangs de Jade, opposa une ferme résistance aux soldats du seigneur du nord, qui désirait reconquérir toutes les terres Eijis. Pendant ce temps, le fils de l’ancien empereur Shen parvint à se faire accepter au sein d’une des Hordes Voltaïs sur Shaiya et cherchait à obtenir le soutien des Khans afin de reprendre son empire. La fin de la guerre de la perle vint lorsque les Sangs de Jade parvinrent à invoquer un avatar de leur divinité-dragon afin de vaincre l’armée du nord, laissée brisée sur les plages de l’archipel. Goro Ishii fut vaincu, et le haut prêtre de Shalassa instaura deux nouvelles familles dynastiques. Au nord, la dynastie Ueno, au sud la dynastie Xuen. Vainqueurs de la guerre, les Sangs de Jade profitèrent de leur ascendant sur les nouvelles dynasties pour interdir le culte Nordey.




Suite aux conflits de pouvoir au sein de l’archipel, les Eijis entrèrent dans une phase de paix et de reconstruction. La main-mise de la prêtrise Shalassienne sur la vie religieuse ne s’allégea pas, bien que certains cultes mineurs Nordey continuent d’exister de façon clandestine. Ce n’est qu’en l’an 6570 que le Dynaste du royaume du Sud parvint, à force de travail, à faire accepter de nouveau les cultes Nordey au sein de son domaine, mettant fin à plus d’un siècle d’hégémonie religieuse. Cependant, cette ouverture religieuse ne toucha pas les privilèges de la prêtrise Shalassienne, qui resta très dominante et avait encore la possibilité de maintenir sa propre armée et de posséder des sanctuaires fermés au sein des îles du sud.

Avec le retour de la paix, les premières explorations hors de l’archipel purent enfin avoir lieu. Ainsi, à l’an 6585, le premier navire Eiji aborda les côtes de Tir-Na-Beo, au nord, et son équipage rencontra les Alfes Verdants. Plusieurs navires d’exploration furent perdus, quant à eux, après des rencontres avec les forces des Alfes Sombres, mais ceux-ci avaient le regard tourné vers Acadie et les Altrois. Ceux-ci eurent également des contacts avec les Eijis, de qui ils obtinrent la formule de la poudre noire, qui fut un élément décisif dans la guerre entre les Altrois et les Alfes Sombres. Des navires atteignirent également Shaiya, permettant de nouer des contacts frileux avec les locaux, notamment les Voltaïs.




Ayant travaillé depuis des années au sein des hordes Voltaïs, le fils de l’ancien empereur, Shao, avait réussi à obtenir une très bonne place auprès du Khan de la horde principale de Djagathaï. Lorsque les ambassadeurs Eijis arrivèrent, bien des années après, ils furent très mal accueillit par les Voltaïs. Non seulement ils furent peu à survivre et repartir, mais les hordes Voltaïs se préparaient à mener une invasion de l’archipel. Des escarmouches eurent lieu, durant près d’un siècle, avant que le conflit ne culmine en 6699 par la construction d’une flotte imposante par le Khan des Khans. Alarmés, les Eijis s’en remirent à la prêtrise Shalassienne, qui parvint à reproduire le miracle de la guerre de la perle et provoqua une tempête violente qui vint à engloutir la presque totalité des forces Voltaïs, scellant de façon définitive les velléités de ce peuple à leur égard et achevant enfin l’histoire de l’ancienne famille impériale.

La longue marche (6400)

Après la mort de leur protecteur, le dragon Vagha, les Senaïs furent livrés à eux-mêmes en Kadath, avec pour seul jalon une prophétie laissée par leur sauveur. Cette prophétie indiquaient qu’ils trouveraient l’essence de leur existence au coeur des sables. Portés par l’espoir d’un futur libéré des Alfes Sombres, les Senaïs commencèrent leur long exode loin des côtes et vers l’intérieur du grand désert. Cette marche, la longue marche, fut aussi mortelle que leurs anciens maîtres, et le soleil comme les sables prirent de très nombreuses vies.

Encore enfants face au monde extérieur, ils apprenaient en tâtonnant et en survivant à leurs erreurs. Les premières années furent donc lourdes en pertes humaines, jusqu’à ce que le peuple Senaïs parvienne à trouver l’ébauche d’un équilibre. Forts de leur apprentissage des plus sévères, ils commencèrent à parcourir le coeur même du désert, découvrant les oasis et les pièges mortels des sables. En l’an 6400, ils parvinrent aux monts jumeaux.

Ce fut là que la prophétie de Vagha prit corps, sous la forme d’une série d’oeufs de dragons. Ces oeufs, néanmoins, n’étaient pas abandonnés, et les Senaïs purent alors contempler les dragons de Kadath.

Conquête de la mer de sable (6500)

Isolés et éloignés de tout, les Senaïs passèrent bien des années à développer leur mode de vie, bien assez occupés à combattre le soleil et le sable pour même penser à se combattre les uns les autres. Ayant des liens symbiotiques avec les dragons du continent, les Senaïs évoluaient sur une tout autre chemin que les autres ethnies, bien davantage focalisés sur le bien être de chaque individu et sur une vie en harmonie avec la nature sans merci du désert.

Néanmoins, il existait toujours des exceptions. L’une d’elle, Aya, liée au dragon magmatique Thraa, avait soif d’aventures, dans cet univers uniformément doré et brun. Avec son lié, Aya alla consulter la Promise Solaire de son époque, en lui demandant conseil. La dirigeante du peuple Senaïs en appela à l’esprit de Vagha, qui indiqua à Aya et Thraa d’aller au sud, au-delà de la limite des terres connues : l’oasis de Lev.

Obéissant au conseil de Vagha, la chevaucheuse et son lié volèrent au-dessus de Lev et avancèrent vers le sud. A des lieux innombrables, ils découvrirent la grande mer de sable, le Nan-Gebet, pour la première fois. Thraa, appartenant à une race plus anciennes que sa compagne humaine, ressentait l’appel de ce lieu étrange jusqu’au plus profond de son être. Fascinés, le duo n’hésita pas à se lancer à la conquête de la mer de sable.

Ce fut grâce à eux que les premiers navires solaires furent construits, et que plusieurs clans Senaïs purent s’établirent en ces terres pour embrasser plus encore le culte du disque brûlant.

Les êtres couverts de métal (6700 - 7000)

Peu à peu, les Senaïs retrouvèrent leur courage, et se rapprochèrent des côtes, qu’ils investirent. De petits clans se formèrent, vivant sur les îlots proches du continent, ou dans les creux de falaises. Ce furent ces clans frontaliers qui, les premiers, furent en contact avec les explorateurs venus d’Acadie. La toute première rencontre entre les marins de Serrès et les Senaïs fut très loin d’être plaisante. Ne connaissant pas du tout cette ethnie, elle fut naturellement associées aux Alfes Sombres, et le premier navire fut promptement immolé par plusieurs dragons.

Il fallut la présence d’esprit d’un capitaine ayant déjà été en contact avec les Eijis pour que la situation ne dérape pas en un conflit ouvert. Grâce au seigneur Aurelius Valens, l’équipage de son navire, la Fierté de l’Est, put se présenter auprès des locaux et établir de fragiles relations diplomatiques. Leur terrain d’entente majoritaire vint de leur haine commune des Alfes Sombres et le seigneur Valens décida très rapidement de conseiller une approche diplomatique pacifiste, en raison de la présence de très nombreux dragons alliés aux Senaïs.

Au fil des années et des échanges, les nomades Kadiens et Serrès établirent des relations de plus en plus positives, jusqu’à ce que le peuple du désert accepte l’aide de Serrès pour construire la ville portuaire d’Eïlat, qui devait servir aux échanges commerciaux des deux ethnies mais également permettre aux Altrois de Serrès d’effectuer des explorations dans le désert. Certains Senaïs acceptèrent également de se rendre en Acadie, comme invités, et ambassadeurs.

Mené par le dragon Traxec, les Voltaïs parvinrent sur les rives de Shaiya après de nombreuses années de fuite. Guidés par le dragon du vent, le peuple en fuite s’enfonça bravement dans les marais de Pao à la recherche d’un lieu qui serait idéal pour s’installer. Hélas, ils entrèrent ainsi en conflit avec les Orcs, déjà installés sur ces terres.

Si les Voltaïs étaient en grande infériorité numérique et clairement désavantagés sur le plan de la force et des prouesses guerrières, ils possédaient néanmoins l’appui d’un dragon âgé et au fait de sa puissance. Protégés par Traxec, ils repoussèrent les Orcs jusqu’au fleuve Vizek, et le dragon aurait poursuivi la bataille si les dieux Vails n’étaient pas intervenus.

Descendant de Pandaemonium, ils s’opposèrent à Traxec et parvinrent à le convaincre de parlementer. Afin de faire cesser les combats, les Vails offrirent aux Voltaïs les terres de l’ouest de Shaiya, de vastes plaines où les Orcs ne s’aventuraient que rarement. Parfaitement satisfaits de cette offre, ils acceptèrent.




Ayant reçu les terres de l’ouest des Vails, les Voltaïs commencèrent à cheminer vers leur objectif. Ils furent cependant rapidement stoppés, rattrapés par les Alfes Sombres lancés à leur poursuite. Contraints de se battre, ils firent face sans se dérober. Devant les affrontements, et le piège refermé sur les Voltaïs, les Orcs décidèrent de leur prêter main forte, jugeant la menace des Nocturnes bien plus sérieuse que celle des humains.

Les Chamans Orcs permirent aux Voltaïs de traverser le rempart de Vor, et pendant une centaine d’année, le peuple humain vécu aux côtés de leurs alliés au sein d’Harakh, la capitale de la nation Orc. Ne souhaitant pas combattre de front malgré l’appui du grand dragon, les Voltaïs et les Orcs engageaient les troupes Alfes dans des rixes rapides et sanglantes avant de se retirer. Néanmoins, les plaines de l’ouest étaient trop exposées pour être un lieu sûr, aussi devaient-ils rester dans les marais.




Fatiguée de la résistance des défenseurs de Shaiya, l’impératrice Alfe Sombre envoya certains de ses plus puissants mages afin de vaincre définitivement ses adversaires. Peu désireux de prêter le flanc à de nouvelles attaques éclairs de la part des Sheyen, les générales et mages Nocturnes décidèrent de détruire consciencieusement tout ce qui se trouvait sur leur passage, sans laisser de ressources ou de cachettes aux Voltaïs et aux Orcs.

Parvenus devant le rempart de Vor, les Alfes Sombres menaçaient de percer les défenses de l’alliance. Traxec, secondé par les meilleurs guerriers Orcs et Voltaïs, engagea les chefs Nocturnes dans l’espoir de priver l’armée de leurs dirigeants et de les renvoyer une bonne fois pour toute chez eux. Au cours d’une violente bataille, le dragon parvint à ses fins mais non sans y laisser la vie. S’abattant dans les plaines dévastées, il mourut rapidement et son sang vint enrichir et réparer les dommages causés à la nature.

Dans un ultime souffle, Traxec offrit son pouvoir aux Voltaïs, qui usèrent de ce don pour repousser et détruire l’armée Alfe Sombre avec les Orcs.




Libérés de la menace Nocturne, les Voltaïs purent enfin accomplir leur voyage à l’Ouest. Parvenus sur les terres de Djaghataï, ils fondèrent en 6420 un royaume informel, composé de divers clans nomades parcourant les vastes étendues vertes.




Sans guides, sans adversaires extérieurs et avec le seul exemple des Orcs, les clans et hordes Voltaïs ne tardèrent pas à se battre entre elles. Durant une période d’un siècle, le royaume fut le témoin d’affrontements récurrents, parfois même pour des broutilles. Participant de leur construction sociale et seule trace de leur passé, la guerre était comme l’air que les Voltaïs respiraient et ils ne savaient guère faire sans elle. De plus, bien qu’ils furent majoritairement en paix, la présence des Orcs proches de leurs terres créaient des altercations avec cette race et un besoin général d’asseoir la force des hordes.

C’est en cette période de conflits qu'apparut également le culte des esprits animaux. Il fut introduit par un Khan du nom de Khutulun. Bien qu’étant une femme, et ne pouvant donc normalement recevoir le titre de Khan, Khutulun était la plus grande guerrière de sa tribu, et dès son plus jeune âge, elle avait été porteuse d’une bénédiction divine, ou tout du moins était-ce ce que les sages de sa horde affirmaient. En grandissant, elle devint plus forte et adroite qu’aucun autre homme, sans jamais obtenir la reconnaissance qu’elle pensait mériter.

Alors que sa horde traversait le fleuve Meren, au nord, Khutulun fut emportée, avec sa monture et manqua se noyer dans la mer. Alors qu’elle gisait sur la plage de roche, elle fut approchée par un loup bleu, qui lui affirma que sa chute dans le fleuve était une volonté du destin, elle qu’elle devait embrasser la voie qui s’ouvrirait bientôt à elle si elle désirait réellement être reconnue comme elle aurait dû l’être. Sur cette plage, elle rencontra un autre voyageur qui venait d’échapper à la mort, le fils de l’empereur Eiji Shen. Convaincue par l’Eiji de ne pas le tuer, Khutulun le guida dans la mer verte.

Ensemble, ils traversèrent de nombreuses épreuves. Shen triomphant par son astuce, et Khutulun par son courage, son adresse et grâce aux conseils du mystérieux loup bleu. Elle apprit auprès des Orcs que cette entité protectrice était un esprit animal, et qu’il s’agissait de son totem, la bête qui la représentait et détenait l’essence de son âme. Au cours de leur vaste périple, Khutulun fonda sa propre Horde, dont elle devint Khan, et Shen fut son époux et consort. Loin de s’arrêter là, Khutulun devint Khan des Khans. C’est par son influence que le culte des esprits s’ancra. De son union avec Shen naquit également une minorité ethnique au sein des Voltaïs, des métis de sang Eijis appelés Koa’Ai.




Les conflits au sein du royaume Voltaïs vont en diminuant progressivement, et s’achèvent lors du premier rapprochement réel avec les Vails. Jusque là fidèles des dragons et des esprits animaux, les Voltaïs sont d’abord méfiants face aux Vails, avant de très vite les adopter. Ce rapprochement, effectué à partir de 6556, va lentement sceller le pacte de défense de Shaiya.

Néanmoins, l’apparition des dieux vient avec son lot de troubles. Les Vails étant naturellement plus joueurs et approchables que les Nordeyns, il n’est pas rare que leur présence trouble les humains. Grâce aux vails, les Voltaïs découvrent autant certains péchés que l’art, la magie et certaines formes de musiques et de distractions.




La horde du loup bleu, n’ayant pas oublié son serment de création, a amassé les forces de toutes les hordes Voltaïs, et le Khan, après des années d’escarmouches, ayant fait construire une vaste flotte, vogue vers Yanlei avec l’intention de piller ses richesses avant de reprendre le trône de son ancêtre. La flotte est néanmoins détruite, en sa grande majorité, par une tempête draconique avant d’atteindre les rivages des îles de l’archipel. Le Khan des Khans est perdu en mer, son corps perdu définitivement. L’invasion se termine sans succès, en l’an 6699.

Si la dévastation de l’effondrement eut pour effet de tempérer la violence des affrontements entre l’Empire de Sang et l’Alliance des Hauts Alfes et Alfes Verdants, aucune paix réelle ne fut trouvée. Les deux adversaires ancestraux continuaient de se menacer, et de se rencontrer sur de multiples champs de bataille. Cette tension latente, habituelle, fut transcendée dans la période 5900 à 6100, durant laquelle l’Alliance des Hauts Alfes et Alfes Verdants parvint à s’emparer de la ville de Kathal, principal port militaire des Alfes Sombres et à incendier une large portion de la flotte impériale, laissant leurs adversaires affaiblis. Cette guerre de 200 ans représenta le pic le plus violent des combats entre les deux factions. Sans le savoir, les Hauts Alfes et Alfes Verdants permirent ainsi aux ethnies humaines de prendre un peu d’avance sur leurs anciens maîtres.  

Malgré une solide alliance scellée par le mariage, les royaumes d’Aehland et Valstad sont en tensions constantes en raison de leurs politiques radicalement divergentes sur les questions d’ordre religieuse et magique. En effet, la profonde aversion de Valstad pour la magie et les créatures magiques, à peine émoussée par la proximité des Vanes des terres d’Elwher, va à l’encontre de l’ouverture magique à laquelle Aehland accorde énormément d’importance.

Malgré un apaisement de l’inquisition et un frein aux répurgateurs, cette différence fondamentale d’attitude et l’éloignement culturel qui en résulte rend les échanges commerciaux comme diplomatiques de plus en plus complexes et délicats. Néanmoins, l’adversité commune envers Serrès parvient à maintenir les deux royaumes du même bord. La situation se dégrade cependant vers 7250, dégénérant rapidement.



La princesse Mebd Eluned, de la maison royale d’Aehland, est mariée au prince héritier du royaume de Valstad, Ceri de Vairon. Tous deux profondément religieux, Mebd est néanmoins de confession Vailÿs, là où son époux est de confession Nordey. De plus, la princesse d’Aehland est la championne du primordial de la liberté. Haute chevalière de l’Ordre de Rose Voilée, elle est en opposition constante avec les traditions patriarcales strictes de Valstad.

Au cours d’une dispute plus violente que la normale, le prince de Vairon frappe sa femme qui, en retour, se munie de son épée et blesse très sévèrement son agresseur. Jugée par le souverain de Valstad et les juges de la noblesse, Mebd est répudiée et condamnée, à la fois pour l’agression du prince de Vairon mais également, puisqu’elle n’est plus protégée par son statut, pour sorcellerie et hérésie, puisque de confession Vailÿs.

Si son père essaye de tempérer la sentence et de gérer la crise diplomatique avec délicatesse, Mebd elle-même est outragée. La goutte d’eau faisant déborder le vase est alors la réclamation des terres de la princesse par son époux, comme biens lui appartenant en raison de leur mariage à présent brisé. Folle de colère, Mebd refuse d’accepter ces exigences, et éprouve de l’amertume pour la politique de son père qu’elle juge injuste et poltronne.

Elle le fait destituer de son trône par les Grands Maîtres Electeurs, prend la couronne à peine quelques mois après, fin 7260, et déclare la guerre à Valstad. Néanmoins, ayant retenu les leçons du passé, elle escompte bien réussir là où ses ancêtres ont échoués, et pour cela, elle contracte un mariage avec le Basileus de Serrès, Alexios Isaurius. Assurée d’éviter un assaut immédiat de l’Empire, la reine guerrière marcha sur Valstad.

Avec la force combinée d’Aehland et Serrès, Valstad fut incapable de résister et ne disposait d’aucun allié. Altra tombe alors à peine un an, en 7265. La rapidité du conflit et sa violence choque les deux partis. Mebd, faisant exécuter le roi de Valstad et son précédent époux, instaure son premier fils, qu’elle a eu du prince de Vairon, comme roi légitime de Valstad. Elle nomme alors un des Seigneurs Chevaliers d’Aehland comme Seigneur Protecteur du trône jusqu’à ce que son fils atteigne la majorité.

Cette décision, unilatérale, ne plaît cependant pas à son nouvel époux, Alexios Isaurius. Un conflit éclate alors entre les deux époux et l’alliance entre Serrès et Aehland est rompue. Une nouvelle guerre s’ensuit, discontinue durant les vingt cinq années suivantes. Conflit à la fois politique, militaire et religieux, il est unique en son genre car chacun des deux royaumes était divisé entre les deux époux, alors même que ceux-ci continuaient d’officier à leurs devoirs maritaux tout en ne cessant pas les combats.

Les combats s’interrompent en 7290 lorsque la reine Mebd décède des suites d’une violente maladie, laissant sur les trônes de Valstad et d’Aehland ses deux premiers fils, et laissant comme héritier du trône de Serrès son fils cadet.



La mort de la reine Mebd offre une nouvelle période de paix en Acadie. L’empereur Alexios meurt à son tour dix ans plus tard, laissant le trône à son fils, Nikolas Isarius. Cependant, si le jeune empereur possède le soutien du peuple, il est également remis en cause par ses deux frères :  Yvain Isarius d’Aehland et Glen de Vairon de Valstad. Yvain Isarius, en particulier, réclame le trône de Serrès par droit d’aînesse, le souverain de Vairon n’ayant qu’un droit secondaire car fils adoptif de feu l’empereur Alexios.

La noblesse de Serrès est, quant à elle, partagée : Yvain est en effet le fils aîné, descendant du dernier empereur, et son droit au trône permettrait d’unir définitivement Serrès et Aehland. Il a cependant hérité de la fougue de sa mère, et de sa poigne de fer, qu’il a déjà appliqué sur Aehland en interdisant la religion Vailÿs après les crises provoquées par Mebd. Nikolas, en plus d’avoir été élevé uniquement à Serrès, est plus jeune et plus malléable, et représente donc une immense opportunité.

C’est en étant conscient de cette division et des tensions naissantes que le Seigneur Philipp Zimisces, Seigneur Protecteur de Serrès, décide de demander une alliance entre Serrès et Valstad, au nom du jeune Nikolas. Cette demande est adressée favorablement par Glen de Vairon provoque l’ire du souverain d’Aehland. Celui-ci déclare la guerre à Nikolas et Serrès, tout en cherchant à déstabiliser Valstad. Et pour cela, il a un argument de poids : Glen de Vairon est Vailÿs, comme leur mère commune, ce qui constitue une hérésie dans le royaume de l’est.

Yvain, de confession Nordey, est reconnu par le clergé de Valstad à la place de son frère, fracturant et affaiblissant le royaume qui ne pu venir en aide à Serrès durant la guerre. Le trône de Valstad est néanmoins également disputé par Virgil Nemain, fils bâtard du prince Ceri de Vairon, faisant valoir son droit au trône par primogéniture masculine et en rappelant que la reine Mebd avait été répudiée, rendant ainsi les droits de Glen de Vairon et d’Yvain Isarius nuls.

Durant les vingts années suivantes, les batailles et les conspirations firent rage au travers de toute l’Acadie. Plutôt que d’éclater en batailles de grande ampleur, les affrontements avaient lieu entre différentes familles d’une même région, certains alliés à un roi plutôt qu’à un autre, et profitant du chaos politique pour se faire justice pour des affaires privées. La guerre s’achève en 7335 par la victoire du neveu d’Yvain Isarius, Caerwyn d’Aedd sur Valtrois Nemain de Valstad, fils de Virgil Nemain, puis sur l’alliance de Nikolas Isarius de Serrès avec Caerwyn d’Aedd.

Nikolas Isarius conserva l’emblème de l’aigle, que ses frères avaient partagé avec lui durant la guerre, tandis que Caerwyn d’Aedd adoptait la couronne d’olivier comme symbole de la nouvelle maison royale d’Aehland. Après une courte période d’instabilité en Valstad, le souverain Léandre de Vère est couronné avec l’appui des deux autres puissances humaines.



Une nouvelle période de paix relative permit aux royaumes d’Acadie de renforcer leur unité interne. Nikolas Isarius et ses successeurs travaillèrent notamment à établir l’administration de Serrès telle qu’elle existe encore aujourd’hui et adoucit les lois interdisant la pratique d’une autre religion que celle du Dieu unique, permettant notamment à la foi Nordey de s’installer durablement. L’empereur Télémaque Isarius, en 7480, fut également l’instigateur d’une marine permanente et de nombreuses améliorations visant à rendre la force militaire et commerciale de Serrès plus efficaces. Sous la houlette de son successeur, Iolaos Diogène, Serrès installa plusieurs colonies dans la toundra d’Inhavet, au nord de la capitale et sur le continent de Varda. Cette extension de l’empire entraîne de fortes tensions et des attaques ponctuelles des Vanes du Sanctuaire Nord.

La maison Aedd d’Aehland renforce ses liens avec les Eijis. En 7360, l’héritier de Caerwyn d’Aedd, Deryn d’Aedd, épouse une princesse de Yume, Mie Ayaka, en second mariage, obtenant ainsi le droit d’établir un comptoir commercial sur l’île d’Inokko. Cette noce vexe cependant une partie de la noblesse chevaleresque et notamment la première épouse du souverain, Mair de Llyr, répudiée pour infertilité. Mie s’avère cependant incapable de produire un héritier mâle, aussi, après la naissance de cinq filles, le couple demande la bénédiction du patriarche de la foi Nordey afin d’adopter comme héritier le cousin de Deryn, Niven, comme héritier officiel du trône. En 7450, les Nordeyns offrent au royaume d’Aehland le pont d’or, construction reliant la ville d’Avalon à la terre ferme. En 7500 le souverain Ewen d’Aedd effectue un voyage vers l’océan ombreux afin de bénir les trois colonies construites en collaboration avec les alliés Vanes d’Aehland.

Le royaume de Valstad connu une ouverture vers l’extérieur après des centaines d’années de réclusion culturelle. En 7380, Hélien de Vère fait promulguer une loi annulant la peine de mort pour les praticiens de la magie et en 7400, son successeur, Gloire de Vère réouvre les frontières de son royaume aux religions druidiques provenant d’Elwher et au Dieu unique de Serrès. En 7460, Alaric de Vère lève définitivement l’interdiction officielle sur l’usage de la magie pour les membres de l’armée et du clergé. En 7510, de nombreuses réformes militaires sont acceptées afin de rendre à l’armée son efficacité et sa flexibilité. En 7550 Orion de Vère, fait établir à Eïlat un comptoir commercial afin de développer les échanges avec les Senaïs, pour ne plus dépendre des imports en matières rares de Serrès. En 7600, le dernier souverain de la dynastie Vère, Léandre II, fait ratifier la séparation des pouvoirs exécutifs et religieux, supprimant la pression de l’église sur les successions.



La fièvre indigo fut apportée en Acadie depuis les colonies de l’océan ombreux, et débuta en Aehland avant de s’étendre progressivement via les routes commerciales entre régions. D’abord perçue comme un mal magique, les traitements des guérisseurs et des prêtres furent pourtant sans effets notables, amenant progressivement les trois nations à réfuter cette théorie. Ayant une capacité à se propager très rapide, la fièvre causa la disparition de villages entiers et poussa les gouvernements à mettre en place un système de quarantaine à l’extérieur des villes. En un an, 7602, la fièvre a contaminé l’Acadie entière et en 7603, elle se propage également dans Elwher, Urd et Yanlei. C’est près d’un quart de la population altroise qui trépasse sous cette première vague de pandémie qui se termine en 7604, et plus de 30% de la population Eiji et Vanes qui périssent dans le même temps.  

La seconde vague de la fièvre indigo est mieux gérée, lorsqu’elle débute vers l’an 7615 et bien qu’elle reste en fond pendant plus de 20 ans, elle est beaucoup mieux gérée et endiguée, notamment grâce à des mesures extrêmes d’hygiène, d’extermination des vermines et d’exclusion des malades. Des mouroirs impossibles à quitter, en forme de puits, et régulièrement nettoyés sont même mis en place dans certaines régions d’Aehland, pays le plus touché par la première vague de la pandémie. Bien qu’aucun traitement n’ait encore été trouvé, la décroissance considérable du nombre d’infectés permet de supporter la seconde vague.

La troisième vague de fièvre indigo arrive vers l’an 7660. C’est lors de cette troisième vague que l’érudit et mage d’Aehland Ian Hywel découvre son origine et sa nature. Il s’agit d’une infection fongique contractée par un marin s’étant baigné dans les eaux proches des colonies de l’océan ombreux, et liée aux nombreux débris de l’ancien plateau central en suspension dans l’eau. Le climat d’Acadie avait ensuite accru la virulence du champignon jusqu’à lui donner sa dangerosité connue. Cette connaissance de l’origine de la fièvre permet d’améliorer encore les réglementations liées à l’hygiène afin de combattre le développement du champignon.

Cependant, les tentatives de traitements provoquent l’apparition d’une souche mutée du champignon. Là où la souche originelle est peu à peu éradiquée, la souche modifiée s’instaure durablement et persiste, sur toute la fin de la période et jusqu’à l’ère actuelle. Résorbée en Urd et Yanlei, la maladie continue de toucher un faible pourcentage des populations en Acadhia, où elle est traitée avec sévérité : le malade, s’il ne peut pas être nettoyé dans les quelques jours suivants la découverte de l’infection, est exclu de toute ville ou village et doit obligatoirement vivre le reste de sa vie dans une maison de guérison spécialement dédiée aux victimes de la maladie, isolée dans des lieux peu fréquentés.



Si les Alfes Sombres étaient majoritairement occupés en d’autres lieux qu’Acadie pendant la majorité de la période, ils renouent vers l’an 7800 la guerre contre l’empire de Serrès, après une incursion trop poussée des colons altrois dans la région de Kharna. L’armée nocturne sous les ordres de la princesse de pierre mit à sac toutes les colonies de Serrès ainsi qu’une partie de l’Acadie. Seule une attaque des Hauts Alfes, au nord, fit rappeler les troupes Nocturnes d’invasion et la percée se transforma en guerre d’escarmouches tandis que Serrès tentait de reprendre et sécuriser certaines de ses colonies Vardéennes.

Lentement, le coeur commercial de l’archipel s’orienta vers les capitales Eijis, à l’est, et les navires-trésors se firent de plus en plus rares aux abords de la ville de Suva, à l’ouest, qui avait pourtant focalisé les échanges monétaires pendant un millénaire. En l’an 7360, la construction d’un comptoir commercial par le royaume d’Aehland et l’intensification des échanges commerciaux avec cette nation, et dans une moindre mesure avec les Alfes Verdants et les Hauts Alfes, via la ville d’Îadh, achèvent de vider Suva de son activité motrice et d’un nombre conséquent de sa population.

Abandonnée à elle-même, la ville se détourna progressivement de ses racines Eijis pour s’ouvrir aux influences extérieures. De nombreuses expéditions d’exploration parcouruent les mers, afin de trouver de nouvelles sources de richesse et des opportunités de développement, plutôt que de se cantonner aux traditions de l’archipel. Cette faiblesse politique et économique fit de Suva une proie facile pour les puissances extérieures, parfois même privatives, qui s’installèrent sur l’île. Pendant plus de deux cent ans, la région, ainsi que l’île et la ville elle-même furent mis à contribution dans un lent dépeçage et une perte d’identité drastique.

Cette lente dislocation de la culture originelle de Suva fut à l’origine de beaucoup de détresse pour la population, exploitée et souvent reléguée à la basse ville par les étrangers qui redynamisaient l’économie. Plusieurs rébellions mineures ont lieu, rapidement stoppées par les armées privées des grands marchands. En désespoir de cause, le gouverneur, figure fantoche de la classe marchande, envoie une demande officielle auprès de la cour du Dynaste du nord. L’édit de l’empereur est cependant en faveur des marchands d’Aehland, qui obtiennent le contrôle sous protectorat de la ville.

Le gouverneur destitué fomente alors une nouvelle rébellion, en 7450. Ayant conscience que la population native ne peut se défendre seul, il décide de contracter une alliance avec une puissance encore étrangère en Yanlei : l’Empire de Syl’Kharna. L’impératrice Alfe Sombre vient alors en aide aux Suviens, en l’échange de la loyauté de la ville. Cependant, afin que les Alfes Sombres puissent se rendre jusqu’à Suva sans être détruits par les antiques protections de Shalassa, il leur faut percer une brèche dans la magie qui entoure l’archipel.

C’est le fils du gouverneur, An Yin, qui prend la tête d’un petit groupe déterminé à voler, au coeur du temple de Shalassa sur l’île de son repos, une relique draconique permettant de contrôler les tempêtes : la conque de Kundala. Victorieux, les voleurs s’en retournent à Suva, et avec l’aide des Sans-Visages, tentent de lier l’artefact An Yin afin qu’il puisse l’utiliser. Néanmoins, les sombres rituels endommagent l’artefact, devenu impur bien qu’encore utilisable. Au-dessus de Suva et dans toute la région, la distorsion de la conque de Shalassa se fait sentir, les étoiles prenant une teinte ambrée, et la faune, la flore et l’air changeant.

An Yin usa du reste de pouvoir de l’artefact brisé pour percer la tempête de Shalassa, et l’armada Alfe Sombre prit la ville de Suva en quelques jours à peine. Les deux Dynastes Eijis, ainsi que leurs alliés, tentèrent de la reprendre et de percer le blocus Nocturne, mais An Yin, aidé par les Sans-Visages, usèrent de la conque de Kundala pour créer une nouvelle barrière naturelle, pour protéger Suva. La ville resta isolée pendant de nombreuses années, jusqu’en 7600, où pour la première fois le nom de la ville reparut suite à l’attaque d’un navire Eiji par un bâtiment d’aspect inconnu.

Si le détail de ce qui se passa pendant l’isolement de Suva n’est pas connu des puissances extérieures, en dehors de l’empire de Syl’Kharna, il fut rapidement clair que la ville était inatteignable par ses adversaires et que ses nombreux navires attaquaient les bâtiments commerçants dans tout l’archipel. Cette aube de la piraterie ne fit que croître, lorsque les premiers colons Suviens quittèrent leur antique demeure pour parcourir le monde, d’abord innocemment, sous leurs masques animaux, sans jamais révéler leurs objectifs, puis de façon ouverte lorsqu’avec l’aide des Alfes Sombres, ils investirent Chaalaut, en mer Akhavienne.

Cette nouvelle colonie connue une rapide croissance, attirant des hors-la-loi de tous les horizons qui désiraient un sanctuaire pour leurs méfaits. Cible majeure, la Coalition fut contrainte de faire face à de nombreuses attaques, parfois même sur les fleuves Acadie et Serra. Cette pression supplémentaire, venant s’additionner à celle des Alfes Sombres, poussa notamment Aehland et Serrès à développer des forts côtiers et entretenir des garnisons sur place.

Si le début de la période est marqué par une paix complète, et dynamisé par les nombreux échanges commerciaux avec Serrès puis plus tard avec Valstad vers 7550, la fin de la période, après 7600 est beaucoup plus troublée. Certains grands mages Alfes établirent une corrélation, à posteriori, entre les évènements liés à Suva et à la conque de Kundala, et les pics de chaleur et de sécheresse du désert de Kadath.

En effet, de 7600 à 8000, l’aridité du continent sud s’intensifia au point de chasser même les puissants dragons. Les nomades Senaïs furent contraint de retourner vers les côtes, de se retrancher sous terre ou à Eïlat. Une faible partie du peuple du désert abandonna le continent complètement, s’établissant à Serrès qui leur offrait l’asile politique, ainsi que sur l’île de Myrrh, en océan ombreux et en Shaiya, où ils tissent des liens avec les Orcs et les Voltaïs. L’intérieur du continent est inhabitable et tout y meure, dont certaines espèces animales et d’insectes endémiques de la région, menés à l’extinction.

Cette catastrophe climatique laisse les humains impuissants, et bloque l’obtention de nombreuses matières premières de luxe. Dans le même temps, les côtes sont alors très occupées et fleurissent de nombreux villages sur pilotis. Se développe également les habitats troglodytes, notamment sur la côte déchirée. C’est le début d’une sous-culture Senaïs qui restera active jusqu’à la période actuelle, en particulier les villages sur pilotis, alors qu’un incident non documenté pousse les Senaïs troglodytes à ne pas creuser trop profondément.

En 7900 se forme le noeud tellurique du détroit de Nuweïba, et peu à peu, la situation semble se stabiliser jusqu’à ce que la température commence à décroître en 8000. C’est de ce lieu que les nouvelles espèces Kadiennes semblent provenir. Il semble que les anciennes espèces n’aient rien eu en commun avec les nouvelles. Dans le même temps, cet exil forcé sur les côtes eut simultanément pour effet de rendre les Senaïs vulnérables aux Alfes Sombres et leur permettre de nouvelles opportunités d’échanges, notamment avec le continent voisin de Shaiya jusque là inconnu.

A l’image de Kadath, Shaiya fut paisible jusqu’aux environs de l’an 7600. Touchée par le phénomène magique qui instaura un soleil mortel en Kadath, Shaiya vit apparaître de nouvelles espèces, notamment de nombreux prédateurs, et sa flore se fit plus luxuriante et verte. Les peuples de Shaiya furent également en contact avec les Senaïs et les Altrois pour la première fois. Guidés par les Vails, les Senaïs purent s’établirent sur un morceau de la mer verte avec l’accord des Voltaïs. Les Altrois, en revanche, entrèrent en conflit ouvert avec les Orcs.

Tout d’abord simples réfugiés, les Senaïs de Djagathaï parvinrent progressivement à s’intégrer à la vie des hordes Voltaïs, aidés en cela par leur endurance sans pareille et la présence de leurs alliés divins, les dragons. Ce fut d’ailleurs leur influence qui poussa les Voltaïs à ne plus utiliser uniquement des chevaux mais à diversifier leurs montures, en apprenant à dresser les animaux des plaines et des montagnes. Les descendants métisses de ces exilés et des locaux formèrent une horde à part, aux traditions mêlant les deux influences culturelles.

Cependant, vers 7850, des dissensions au sein du royaume de Djagathaï poussèrent cette horde à réclamer un territoir comprenant les monts verts et la côte sud de la mer d’herbe et y fonder un royaume : la couronne Sokhaï. Ce royaume, nommé le royaume éphémère de par sa brève existence, fut détruit en 7975 par le Khan des Khans Anu Borkë. Les raisons exactes de la destruction du royaume éphémère sont aujourd’hui inconnues, mais on trouve encore dans la région quelques ruines et témoignages de cette période.

Quelques représentants de ce groupe de métisses survécurent, en réintégrant les Hordes soit volontairement, soit de force, comme esclaves. Leur sort, toutefois, fut bien plus doux que celui des Altrois qui combattaient les Orcs en Pao. La volonté expansionniste de Serrès rencontra une farouche résistance, et l’armada envoyée contre les Orcs fut défaite de la même façon que les Alfes Sombres, à ceci près que les survivants parvenant à s’enfuir rencontrèrent justement les Nocturnes sur leur route et furent réduis en esclavage pour être conduits en Lloirat.

Les recherches nécromantiques du premier vampire pavèrent la route à une nouvelle menace, qui prospéra à l’ombre des nombreux conflits humains du premier âge. Ayant gagné en force, peu à peu, les Nécromanciens se montrèrent enfin au grand jour, prenant l’intégralité des royaumes humains par surprise. Cette surprise et le manque de préparations des Humains furent la cause de pertes lourdes dont une large partie du royaume d’Aehland.

S’unissant à Valstad et Serrès, Aehland parvint à ralentir la progression de l’armée Mort-Vivante mais pas à l’arrêter. Les Humains lancèrent un appel à l’aide aux autres races dans une tentative désespérée de trouver d’autres alliés capables de s’opposer aux Nécromanciens. Les Orcs ainsi que les Vails répondirent présents. Avec leur soutien, les Humains purent repousser les Morts-Vivants vers le Sud.

Si Serrès se vit ainsi épargnée, dans un premier temps, ce ne fut pas le cas de la capitale d’Aehland : Avalon. Celle-ci se trouvait en effet directement en contact avec les armées nécromantiques en retraite. Y voyant là une excellente place forte, aisément défendable, les Nécromanciens en firent le siège et parvinrent à s’en rendre maîtres. C’est au cours de cette bataille que les Dragons rejoignirent le combat, suite à la mort de la quasi totalité de la population d’Avalon.

Les Nécromanciens parvinrent à stopper leur retraite sur Avalon et travaillèrent à regagner du terrain, repoussant l’Alliance des vivants jusqu’en Serrès une fois de plus. La capitale impériale ayant été un verrou symbolique entre Acadhia et Varda pendant de nombreux siècles, les Alfes Sombres virent dans sa chute prochaine un signe que la menace Mort-Vivante était à prendre plus au sérieux qu’ils ne l’avaient jusqu’alors pensé. Ils envoyèrent de nombreux mages par la terre et des navires de guerre remontèrent le fleuve Serra vers la capitale.

Il fallut néanmoins l’apparition, au cours du siège de Serrès, des premiers Dragons Zombis, pour que les Hauts-Alfes et Alfes Verdants décident à leur tour que la menace était trop sérieuse pour être ignorée plus longtemps. Derniers arrivés, ce fut leurs nuées de golems, aussi infatigables que les Morts-Vivants, qui scella la défaite des Nécromanciens, brisant le siège de Serrès et repoussant les assaillants. Plusieurs conflits internes apparurent entre les Nécromanciens au cours de leur retraite, aidant également à leur défaite.

Alors que la poigne Nécromancienne sur Serrès se dissolvait, la fin de la guerre vit un événement inédit : une saturation de magie nécromantique qui imprégna jusqu’à la fabrique du monde. L’instant, long d’une vingtaine de minutes, laissa place à un calme inattendu et à la destruction des derniers Morts-Vivants, sans que l’Alliance ne puisse expliquer le phénomène. Sur le champ de bataille, les cadavres des maîtres Nécromanciens furent découvert et brûlés.

Les reliquats des armées de morts furent pourchassés et détruites également, pendant les semaines suivantes.